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Du 1 au 6 août 2005 (semaine 31)

 

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2005-08-06 - Sri Lanka
LA LIBERTÉ RELIGIEUSE EN DANGER.

L
a Conférence épiscopale du Sri Lanka a entrepris, il y a quelques jours, de diffuser largement dans le pays un document intitulé "Pour que nous continuions à bénéficier de la liberté religieuse."

Ce livret de 16 pages est surmonté des symboles des quatre religions présentes dans l’île (bouddhisme : 70 % ; hindouisme : 15 % ; christianisme : 8 % ; islam : 7 %), et les auteurs y expliquent : "jusqu’ici l’amitié interreligieuse a prévalu dans le pays. Mais cette coexistence et cette collaboration"sont gravement en danger"(…) à travers plusieurs projets de loi soumis au Parlement".

L’initiative d’un tel document et de ce projet de loi est déjà ancienne, puisqu’elle remonte au printemps 2004, lorsque neuf moines bouddhistes, députés membres d’un parti fondamentaliste, ont présenté au Parlement un projet de loi "anti-conversions", clairement destiné à réduire l’influence des Églises chrétiennes accusées de détruire les autres religions et cultures.

Consultée, la Cour suprême du Sri Lanka a déclaré en partie "inconstitutionnelle"la proposition. Mais "pour défendre la liberté religieuse", et après l’avoir à peine modifié, les promoteurs ont repris le projet.

Le document a de quoi inquiéter. Il rend en effet "illégale toute conversion personnelle, et ce en toutes circonstances", et interdit tout prosélytisme.

Or, sont considérées comme prosélytes toutes les activités d’éducation, de charité ou de solidarité menées par des prêtres, des religieux, des fidèles, des institutions catholiques, et même par des organisations non gouvernementales d’inspiration chrétienne.

"Il serait impossible de faire travailler des bouddhistes dans une organisation comme Caritas, précise Denis Viénot, président de Caritas Internationalis. Leur salaire pourrait être interprété comme une tentative de conversion “illégale”." "Si la loi passe, s’inquiète Mgr Harold Anthony Perera, évêque de Galle, diocèse du Sri Lanka, cela en est fini de nos écoles, de nos orphelinats, de nos oeuvres."

La liberté religieuse est en danger, estiment donc les évêques qui ont d’ailleurs adressé un appel aux parlementaires. Dans cette lettre, ils leur rappellent les termes de la Constitution assurant que "toute personne bénéficie de la liberté de pensée, de conscience et de religion", et que ce droit implique "la liberté d’avoir ou d’adopter la religion de son choix, et la liberté de la pratiquer seul ou avec d’autres, en privé et en public". La liberté religieuse, de conscience, de parole, de pensée, d’association, est un tout qui ne se divise pas !

"Jusqu’à présent, rappellent-ils, les bouddhistes, les hindous, les chrétiens et les musulmans vivaient en paix et en toute amitié… Le clergé et les fidèles participent aux fêtes religieuses des autres communautés." Mais, poursuit la déclaration, le projet de loi envisage "de faire du bouddhisme la religion de l’État. Or, quand une religion est reconnue comme religion d’État, ce sont les autres qui souffrent de discrimination."

Avec clarté et simplicité, les évêques présentent les grandes lignes du document soumis aux parlementaires et attirent l’attention sur les conséquences prévisibles, non seulement pour les chrétiens, mais pour l’ensemble
des Sri-Lankais. (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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