Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
Du 7 au 13 août 2005 (semaine 32)
 

-
2005-08-13 - Spécial JMJ - Allemagne
LE BESOIN D'UN SECOND SOUFFLE.

A l'heure des JMJ de Cologne, évêques et responsables allemands du BDKJ (Bund der deutschen katholischen Jugend), la puissante Fédération de la jeunesse catholique allemande avouent leurs difficultés à rejoindre les jeunes.

Sans doute à Cologne, les jeunes Allemands seront mieux représentés qu’à Rome, Paris ou Toronto. Mais la sensiblisation ds jeunes Allemands a été lente et bien des réticences sont apparues. En fait, le BDKJ s’est longtemps méfié d’une manifestation qui lui semblait trop «romaine», trop «institutionnelle». On revient de loin, tant cet organisme a cultivé, pendant des années, une distance critique vis-à-vis de l’institution ecclésiale.

Créé en 1945 avec l’idée, après la tragédie du IIIe Reich, d’éduquer la jeunesse à prendre ses responsabilités dans la société, le BDKJ comporte de fait une forte tradition d’engagement politique et social, et une certaine capacité critique. Il fut pendant quarante ans l’un des viviers pour les élites politiques et sociales du pays. En 1980, c’est la présidente du BDKJ qui, accueillant le pape venu en visite pastorale à Munich, livre un discours de critique radicale des positions de Rome sur le plan moral : au côté d’un Jean-Paul II qui écoute, crispé, et décide d’écourter la cérémonie, l’archevêque de Munich, qui se nomme alors Joseph Ratzinger, est gêné…

En 1994, lors du Katholikentag (assemblée catholique qui a lieu tous les deux ans) de Dresde, le BDKJ fait circuler une pétition demandant la possibilité de reconnaître un second mariage et d’autoriser les préservatifs. Colère des évêques du pays.

Cette fois, la coupe est pleine : l’épiscopat rompt avec le BDKJ et crée sa propre structure pastorale destinée à la jeunesse. En même temps, il apporte son soutien discret à la naissance d’un nouveau mouvement, Jugend 2000 (Jeunesse 2000).
Depuis, les deux parties ont chacune fait un pas en direction de l’autre.

Mais cette évolution institutionnelle est-elle sufisante car ce sont aussi les jeunes eux-mêmes qui ont changé. Tous les responsables reconnaissent que le "modèle allemand" donne de sérieux signes d’essoufflement, et évêques comme responsables de mouvements avouent leur difficulté à attirer la jeunesse dans les églises.

Jusqu’ici, le parcours était balisé : baptême, première communion, puis participation à un mouvement, où les plus mordus prenaient des responsabilités. "Aujourd’hui Les jeunes veulent d’abord atteindre leurs objectifs particuliers, regrettent la plus part des animateurs de la BDKJ. Ils ne s’intéressent absolument pas à la foi."

"
S’ils viennent encore dans l’Église, c'est pour des actions ponctuelles, non sur la durée, note Sœur Lucia, une bénédictine engagée dans la préparation des JMJ. Du coup, ils ont une culture religieuse très pauvre, car on ne leur apprend plus la foi dans leur famille."

La pratique religieuse n’est plus une contrainte, comme l’analyse bien Sabine Wissdorf, responsable de la pastorale au BDKJ. C’est un choix assumé librement. D’où une jeunesse qui reste totalement en dehors des filières de recrutement classique des mouvements de jeunesse.

"
Comment les rejoindre ? Nous n’avons pas la réponse", reconnaît-elle honnêtement. Les rejoibdre, c’est aussi l’enjeu de ces JMJ : "J’espère qu’elles vont redonner aux jeunes Allemands le goût du religieux". (d'après une étude du quotidien "La Croix")

Retour aux dépèches