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19 au 21 août 2005 (semaine 33)
 

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2005-08-21 - JMJ
A LA SYNAGOGUE : NOUS CONNAÎTRE ET NOUS AIMER.


La visite "historique" du pape Benoît XVI à la synagogue de Cologne "ouvre des perspectives d'avenir considérables" pour les relations entres Juifs et chrétiens, estime le cardinal Jean-Marie Lustiger.

L'ancien archevêque de Paris, lui-même juif converti au catholicisme, était présent vendredi à la synagogue de Cologne pour la visite de Benoît XVI.

Benoît XVI est le deuxième pape à entrer dans une synagogue en 2000 ans, après la visite historique de Jean Paul II en 1986 à la synagogue de Rome. Le hasard d'un calendrier, dont il n'était pas l'auteur, a voulu que son premier voyage à l'étranger, programmé par son prédécesseur avant son décès en avril, le conduise dans son pays natal où fut décidé et mis en oeuvre le génocide des juifs par la dictature nazie voilà plus de 60 ans.

Au début de cette visite, le rabbin Netanel Teitelbaulm a récité le kaddish --prière des morts-- devant un mémorial aux victimes juives du nazisme, dont 11.000 juifs de Cologne. Le pape s'est recueilli en silence.

Après avoir salué les fidèles juifs en hébreu -"Shalom lêchêm"-, le pape a souhaité un dialogue "sincère et confiant" entre juifs et chrétiens. "Nous devons nous connaître et nous aimer mutuellement beaucoup plus et beaucoup mieux", ajoutant à son texte écrit : "et nous aimer", une formule spontanée qui est allé droit au coeur de la communauté juive.

En raison de la dignité humaine commune à tous, dit-il, l’Église catholique " réprouve comme contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation dont sont victimes des hommes à cause de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion".

... "L’Église est consciente de son devoir de transmettre, dans la catéchèse comme dans tous les aspects de sa vie, cette doctrine aux nouvelles générations qui n’ont pas été témoins des événements terribles survenus avant et durant la seconde guerre mondiale. C’est un devoir d’importance particulière dans la mesure où aujourd’hui, malheureusement, émergent de nouveau des signes d’antisémitisme et où se manifestent diverses formes d’hostilité généralisée envers les étrangers. Comment ne pas voir en cela un motif de préoccupation et de vigilance? L’Église catholique s’engage – je le réaffirme aussi en cette circonstance – en faveur de la tolérance, du respect, de l’amitié et de la paix entre tous les peuples, toutes les cultures et toutes les religions."

Lui-même Allemand qui a grandi sous le nazisme et a été enrôlé dans les jeunesses hitlériennes, il a appelé ainsi juifs et chrétiens à agir ensemble pour "transmettre le flambeau de l'espérance qui a été donnée par Dieu aux juifs comme aux chrétiens pour que +jamais plus+ les forces du mal n'arrivent au pouvoir".

...
"J’encourage donc un dialogue sincère et confiant entre juifs et chrétiens: c’est seulement ainsi qu’il sera possible de parvenir à une interprétation commune des questions historiques encore discutées et, surtout, de faire des pas en avant dans l’évaluation, du point de vue théologique, du rapport entre judaïsme et christianisme. Ce dialogue, s’il veut être sincère, ne doit pas passer sous silence les différences existantes ou les minimiser: précisément dans ce qui nous distingue les uns des autres à cause de notre intime conviction de foi, et en raison même de cela, nous devons nous respecter mutuellement.

"Enfin, notre regard ne devrait pas se tourner seulement en arrière, vers le passé, mais devrait nous pousser aussi en avant, vers les tâches d’aujourd’hui et de demain. Notre riche patrimoine commun et nos relations fraternelles inspirées par une confiance croissante nous incitent à donner ensemble un témoignage encore plus unanime, collaborant sur le plan pratique pour la défense et la promotion des droits de l’homme et du caractère sacré de la vie humaine, pour les valeurs de la famille, pour la justice sociale et pour la paix dans le monde.

Benoît XVI a souhaité "un dialogue sincère et confiant entre juifs et chrétiens" pour parvenir "à une interprétation commune des questions historiques encore discutées". L'un des quatre présidents de la communauté juive de Cologne, Abraham Lehrer, avait en effet souhaité que le Saint-Siège "ouvre pleinement" ses archives sur la Shoah, en "signe supplémentaire" de bonne volonté.

Le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Paul Spiegel, s'est réjoui de la condamnation "sans restriction aucune" des crimes nazis. (Texte officiel intégral : http://www.jmj2005.fr)

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