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FlashPress - Infocatho
du 7 au 9 septembre 2005 (semaine 36)
 

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2005-09-07 - USA
LA MESSE DANS LES RUINES.

A La Nouvelle-Orléans, il aurait fallu que Dieu fasse des miracles pour trouver une église ouverte, dimanche, mais pour le dernier carré de résidents bien résolu à ne pas abandonner leur ville, Dieu peut les écouter.

Devant l'église en ruines, le père Greg Barras a installé dimanche dans la cour jonchée de branchages un autel de fortune sur un fauteuil bancal. La messe aura lieu. "Restons ensemble, restons soudés, avec l'amour de Dieu dans nos coeurs. Ensemble on peut y arriver", dit le père Barras à ses ouailles massées sur les marches de Notre-Mère de la Miséricorde ravagée par les eaux.

Le prêtre avait installé la veille un panneau devant sa vénérable église de bois blanc : "Messe à l'extérieur. Amenez vos fauteuils de jardin". S
ur un fauteuil rescapé, il a disposé son calice en bois d'olivier sur un napperon de dentelle d'un blanc immaculé. Les fidèles se tiennent la main, essuient leurs larmes, plaisantent aussi. "La semaine prochaine, même heure, même endroit!", dit le prêtre, déclenchant l'hilarité. "Je ne veux plus voir une goutte d'eau", dit un fidèle.

"Je suis venue parce que cela me donne de la force, et je suis si contente d'être en vie", explique Betty Spears, 64 ans, qui a perdu sa maison, après avoir vécu la tempête avec sa famille sous les toits. "Dieu était avec nous", dit-elle, une réaction fréquemment exprimée par les sinistrés. "Finalement les biens matériels importent peu".

Partout dans Biloxi, dans ce sud des États-Unis si religieux, anéanti le 29 août par le cyclone Katrina, les paroisses ont sorti les chaises sur les trottoirs. L'une d'elles a même branché un groupe électrogène pour son orchestre - micros et synthétiseurs - qui laisse s'exprimer les plus fervents gospels.

De-ci de-là, de petits groupes de fidèles aujourd'hui sinistrés se retrouvent, l'occasion de se donner des nouvelles, de s'inquiéter du sort des absents, de trouver du réconfort, quelques fois une aide matérielle.

L'église baptiste d'East Howard a perdu ses deux côtés. De l'édifice de briques, ne restent qu'une façade, et à l'intérieur un tapis rouge couvert de boue. Les pompiers passent pour vérifier la solidité de ce qu'il en reste.

Sous un soleil de plomb et dans un silence à l'avenant, seulement interrompu par des reniflements et le passage de voitures des pompiers, le jeune pasteur John Harry délivre quelques paroles "pour vous donner le courage de rentrer à la maison".

"O Père, il y a de grands besoins à satisfaire, bien du réconfort à donner", implore-t-il. "Voici le plus dur qu'il nous ait été donné de vivre, quand vous vous réveillez et que soudain quelque chose que vous aviez vous échappe et disparaît". Dans Biloxi jusqu'à présent laissée sans déploiement humanitaire massif, depuis le sinistre, ce sont les Églises qui depuis le début ont souvent fourni l'assistance.

Beaucoup d'églises de la ville ont été endommagées et toutes sont fermées. Même le paroissien solitaire qui avait pris sur lui de monter la garde à l'église catholique St Jude pour en protéger le calice, a fini par évacuer les lieux.

Darren Watson, un prêcheur baptiste, a lu la Bible devant quelques douzaines de rescapés réfugiés dans une école primaire du centre-ville. Il a prié pour les milliers d'autres qui ont perdu la vie, sa voix en partie couverte par le vrombissement d'un hélicoptère, immobilisé au dessus de la cour de l'école pour évacuer des sinistrés. (source et information : Agence CNS)

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