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10 au 13 septembre 2005 (semaine 37)
 

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2005-09-13 - Inde
ÉVANGÉLISATION ET CANDIDATURE POLITIQUE.

Les élections locales sont proches dans l'Etat du Jharkhand et la question de savoir si les prêtres et les religieuses peuvent être candidats à un poste de responsabilité locale agite la communauté catholique.

Les élections pour l'unité administrative de base, localement appelée "panchayat"  commenceront le 26 septembre et se dérouleront en cinq étapes pour s'achever le 21 octobre 2005. L'État du Jharkhand, bastion des populations aborigènes, en partie chrétiennes, est divisé en 4 544 panchayat. Le gouvernement en a réservé 2 228 pour les aborigènes, ce qui signifie qu'eux seuls peuvent briguer un mandat électif au sein de ces unités.

Pour le laïc John Kujur, président du Catholic Sabha (conseil) de Ranchi, il est souhaitable que l'Eglise catholique autorise ses prêtres et ses religieuses à présenter leur candidature, car pour lui, il ne s'agit pas de politique seulement, mais de responsabilité sociale. "Parce qu'ils aideraient la communauté à se développer  explique-t-il . S'ils gagnaient, assure John Kujur, ils sauraient utiliser les fonds de développement à bon escient. Néanmoins, concède-t-il, c'est l'évêque qui décide s'ils peuvent se présenter ou non".

Le cardinal Toppo, archevêque de Ranchi, reconnaît que l'Église n'avait encore rien décidé sur la question, mais dit n'être pas favorable à cette idée. "Les prêtres et les religieuses se doivent de se consacrer entièrement à leur ministère. Un point, c'est tout  affirme-t-il, précisant que les neuf évêques dont les diocèses couvrent le territoire de l'État ont pris soin de débattre de cette question durant quatre jours à la fin du mois de juillet dernier, à Ranchi, capitale de l'État.

A l'inverse, certains évêques présents à cette rencontre ont cependant affirmé qu'ils pourraient lever les limitations canoniques sur la participation du clergé à l'action politique, une décision motivée par la nécessité de faire face à des situations spéciales liées pour la plupart au degré élevé de corruption et de sous-développement de l'Etat. Selon un de ces évêques, les élections, au niveau local, ne se jouant pas sur des questions d'appartenance politique, le risque de politisation du clergé est donc limité.

Le 27 août dernier, évoquant cette question avec des journalistes, le cardinal Toppo s'est montré plus tranché, déclarant : "Non, [les prêtres et les religieuses] ne se présenteront pas devant les électeurs." Selon lui, la décision a été prise en commun par les évêques dont les diocèses couvrent le territoire de l'État et cette prise de position a été motivée par le souci de ne pas faire apparaître le clergé comme facteur de division au sein de la population ainsi que par la nécessité de ne pas détourner les prêtres et les religieuses de «leur vocation».

L'enregistrement des candidatures a commencé le 26 août et ces élections seront les premières organisées dans l'État qui a été créé en 2000, par scission de celui du Bihar, précisément pour faciliter la promotion humaine et économique des aborigènes. Parmi ceux qui affirment que les prêtres et les religieuses devraient être autorisés à se présenter aux élections, on trouve le P. Sabri Muthu, jésuite et organisateur d'un programme de conscientisation sur l'importance des élections communales. « Prêtres et religieuses sont citoyens indiens et ont le droit d'être candidats. Mais il dépend des responsables ecclésiastiques de l'autoriser ou non  a-t-il déclaré. Pour un certain nombre de laïcs, la candidature de prêtres et de religieuses serait bienvenue, car eux seuls semblent à même de ne pas se laisser perdre dans les sables de la corruption les fonds publics pour le développement.

De l'autre côté, le P. C.R. Prablu, supérieur du séminaire St Albert, soutient que, si des prêtres ou des religieuses se présentaient aux élections et gagnaient, "ils seraient considérés comme en opposition avec l'équipe ou le parti perdant, ce qui ne serait pas bon pour l'exercice de leur action pastorale".

Du côté des Églises protestantes, une des plus importantes communautés protestantes du Jharkhand, l'Église évangélique luthérienne Gossner (GEL), ne s'oppose pas à la candidature de ses pasteurs aux élections. Mgr Hemant Hansda, modérateur de la GEL, a expliqué que son Église voyait le service de la commune pour ses pasteurs "comme un apostolat supplémentaire au service de la population". Les pasteurs ont toutefois besoin d'une autorisation de leur supérieur pour se présenter aux élections locales et parlementaires, a-t-il précisé, ajoutant qu'il estimait que les prêtres et les religieuses catholiques, s'ils avaient la permission de se présenter devant les électeurs, seraient de bons agents de lutte contre la corruption et d'aide au développement des villages. Mgr Hemant Hansda a toutefois précisé que son clergé calquerait son attitude sur celle du clergé catholique. (source : Eglises d'Asie-EDA)

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