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17 au 19 septembre 2005 (semaine 38)
 

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2005-09-19 - RD Congo
LE CRI DE DÉTRESSE D'UN ÉVÊQUE DU KATANGA.

C’est un cri de détresse que lance l’évêque de Kilwa-Kasenga : le Nord de la province du Katanga est en passe d'être oublié, sur le registre des violences continuelles que connaissent les territoires administrés naguère par la rébellion.

Contrairement à l'attention toute particulière que le pouvoir central et les organisations humanitaires accordent à l'Ituri et aux deux Kivu, le Nord-Katanga est la proie de groupes armés multiples et incontrôlées d'une part, et des affrontements entre les forces régulières et les milices maï-maï. Dans la lettre qu'il adresse à toutes les personnes de bonne volonté, Mgr Fulgence Muteba, l'évêque du diocèse de Kilwa-Kasenga élève une protestation, et lance un véritable cri de détresse. Il  invite les pouvoirs publics à se préoccuper du sort des milliers de déplacés délaissés.

"Maints rapports ont été envoyés aux instances gouvernementales et humanitaires pour alerter la communauté nationale et internationale sur le drame qui touche les populations des territoires de Mitwaba, Pweto et Malemba. Ces territoires, en effet, sont le théâtre d'affrontements quasi-permanents entre les FARDC et les éléments maï-maï. Retranchés en brousse, ceux-ci sèment la terreur, la désolation, voire la mort au sein de la population, l'obligeant à se jeter sur le chemin de l'exil.

"Au départ conçu comme un mouvement de résistance face aux envahisseurs étrangers et leurs complices congolais, le phénomène maï-maï tend à se transformer, du moins au Katanga, en une organisation dont les objectifs sont ambigus. Alors qu'on parle de «brassage des troupes», chez-nous, la guerre continue. La population vit dans une insécurité permanente.

"Cette catastrophe humanitaire dure depuis des années. Des villages entiers ont été incendiés. La violation massive des droits humains est flagrante. Les tueries, le viol, le vol et autres exactions font partie du lot de malheurs de nos fidèles. Trois paroisses comptent des milliers de déplacés de guerre, hommes, femmes et enfants vivant dans des conditions infra-humaines et ne bénéficiant que d'une aide ponctuelle de certains organismes internationaux.

"La paroisse de Dubie, par exemple, compte à elle seule près de 15.500 déplacés de guerre vivant dans des sites de fortune. Celle de Mitwaba en compte environ 8.000. La paroisse de Pweto, quant à elle, héberge beaucoup de déplacés de guerre dont les villages sont assiégés ou tout simplement incendiés par les Maï-Maï. Plus loin, au centre et au sud du diocèse, les paroisses de Kilwa et de Kasomeno hébergent quelques milliers de déplacés et de sinistrés qu'on tend à oublier et qui mènent une vie misérable, après avoir été recensés par les services humanitaires qui ne sont plus revenus.

"Comme on peut le constater, les conditions de vie de ces milliers de victimes de l'insécurité sont loin d'être satisfaisantes. Les épidémies refont souvent surface. Les gens ne pouvant plus cultiver, la malnutrition fait de nombreuses victimes. Les enfants ne sont pas du tout scolarisés. La catastrophe humanitaire a atteint les limites du supportable. La circulation de personnes et de biens dans cette partie de la province du Katanga n'est pas libre. L'axe routier Dubie-Mitwaba-Manono, par exemple, n'est pratiquement plus fréquentable.

"Voyager dans cette région, c'est prendre un grand risque. Bien que de temps en temps évoqué dans les médias ou dans le discours officiel, le drame de ces populations est d'une ampleur que l'on peut à peine imaginer. Certes, le Gouvernement a pris des mesures de sécurité en plaçant quelques troupes pour tenter d'éradiquer ce phénomène, mais hélas, cette présence militaire n'apporte pas la solution escomptée. Bien au contraire.

"Le plus affligeant est qu'on tend à oublier, sinon à minimiser ce drame dont l'ampleur est effrayante. Pendant que l'Ituri, le Nord et le Sud-Kivu tiennent la vedette dans les médias, le drame des populations du nord du diocèse de Kilwa-Kasenga tend à être occulté. Des milliers de personnes meurent en silence. Elles souffrent en se résignant, loin des «veilleurs» de la société. (information : Agence Misna)

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