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17 au 19 septembre 2005 (semaine 38)
 

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2005-09-19 - France
"TOILETTER LA LOI DE 1905".

M. Nicolas Sarkozy, ministre français de l’Intérieur chargé des Cultes, a estimé le lundi 19 septembre que le texte de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État "peut supporter un toilettage".

Il intervenait en ouverture du troisième colloque organisé par l’Académie des sciences morales et politiques à l’occasion du centenaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État :"Je ne vais pas lire le discours qui m’a été préparé et qui ne ferait pas avancer la question", annonçant qu'il préfèrait "apporter un peu d’authenticité dans un monde politique qui en a bien besoin" pour "parler librement de ce qui est le cœur de mes convictions, sur un sujet absolument essentiel pour la société".

Même si ce colloque était consacré à la place de la laïcité française dans le monde, le ministre de l’ntérieur, chargé des cultes, en a surtout profité pour exposer sa vision de la loi française et, selon lui, de sa nécessaire adaptation ."Je suis assez fasciné de voir qu’alors qu’on change la Constitution tous les ans, une école de pensée vient nous dire que la loi de 1905 ne devrait être changée en rien." Et là il prenait le contreied de certaines déclarations épiscopales.

Cette loi est "une bonne loi", même s’il ne craint pas de rappeler "qu’elle n’était pas faite à l’origine pour être une bonne loi. En grande partie grâce à la sagesse de nos compatriotes, ce texte de combat est devenu un texte d’apaisement", affirme-t-il.

Aujourd’hui, ce texte doit être adapté "parce que la société a changé. Mais réfléchir aux nécessaires adaptations d’un texte, ce n’est pas remettre en cause son esprit, souligne-t-il. Ou alors il n’est pas aussi fort qu’on le dit !"

"L
a question des religions m’intéresse", confie-t-il estimant, que "la réflexion sur le sens de la vie et de la mort est essentielle". "En quoi le droit à l’espérance serait-il contraire à l’idéal républicain ? ", s’interroge-t-il, avant de considérer que "la question de la vie spirituelle a souvent été sous-estimée dans la vie politique française"... "Ce n’est pourtant pas une petite question. Le droit à l’espérance est peut-être même le droit de l’homme le plus important".

…"La loi de 1905 n’est pas une loi de prohibition, mais une loi de liberté. L’esprit de la laïcité à la française, c’est le droit de croire et de le transmettre à ses enfants, et le droit de ne pas croire. À égalité", affirme-t-il. Et de récuser l’idée d’une possible mainmise des religions sur le pouvoir politique. "C’est mal connaître les religions en France que de croire qu’il y a une menace des religions sur la vie politique française !" s’exclame-t-il, avant de défendre vigoureusement son action de ministre en charge des cultes, notamment avec la mise en place du Conseil français du culte musulman (CFCM).

"Trop autoritaire ? Un peu d’autorité dans notre société ne fait pas de mal ", explique le ministre qui préfère toutefois mettre en avant son «volontarisme». "Une grande éminence de l’Église catholique (le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris, ndlr) m’a même accusé de mettre en place une religion d’État. C’est tout le contraire : à partir du moment où on organise la diversité, il ne peut y avoir de religion d’État".

L
a France a beaucoup changé en un siècle : "La France de 1905 était catholique. La France de 2005 est majoritairement catholique, mais elle est multiple".

Et de faire une allusion claire aux musulmans, alors quasi inexistants en 1905 et qui seraient aujourd’hui près de 5 millions en France : "Doit-on considérer que les derniers arrivés doivent s’adapter à la loi de 1905 et qu’ils n’ont aucune spécificité ? Les fils et les filles de ceux qui ont bâti nos routes et construit nos voitures ont moins de moyens : ils se tournent donc vers l’étranger, ce qui est dangereux". Refusant une "identité humiliée qui est une identité radicalisée", Nicolas Sarkozy plaide pour que le culte musulman soit aidé.

Dans cette optique, il a repris sa distinction toute personnelle entre fondamentalisme et intégrisme : "Un fondamentaliste est quelqu’un qui croit fondamentalement. En quoi l’engagement fondamental d’un catholique qui va à la messe tous les matins met-il en danger la République ?" Du coup, "il ne devient intégriste que quand il veut plaquer sa réalité sur celle de l’autre : c’est là qu’il devient dangereux et doit être combattu."

Dans ses conclusions, il estime que  les religions en France "sont un facteur d’apaisement. C’est une vision assez rarement défendue», a-t-il reconnu devant les académiciens, avant d’appeler les Français à ne pas avoir peur de la diversité. Une diversité que la loi doit donc prendre en compte :"Il ne faut pas la figer, une loi figée est une loi vieillie". (source : Académie des sciences morales et politiques)

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