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24 au 26 septembre 2005 (semaine 39)
 

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2005-09-26 -
LE PAPE BENOÎT XVI RECOIT LE THÉOLOGIEN HANS KÜNG.

Le samedi 24 septembre,  Benoît XVI, a reçu le théologien contestataire suisse Hans Küng, marquant ainsi son désir de combler le fossé qui s'est creusé entre l'Eglise et plusieurs de ses théologiens les plus prestigieux.

Le communiqué publié par le porte-parole du Saint-Siège, le Dr Joaquin Navarro-Vals a souligné que la rencontre s’était déroulée "dans un climat amical".

Le pape, et le théologien, âgé de 77 ans, se connaissent depuis longtemps, même si, après avoir partagé des points de vue communs, ils avaient pris des orientations divergentes. Dès les années 1960, Hans Küng et Joseph Ratzinger, alors également classé comme progressiste, s'étaient en effet côtoyés à l'université allemande de Tübingen et dans les couloirs du concile Vatican II où ils étaient tous les deux conseillers du pape Paul VI.

Pionnier du dialogue théologique avec les religions non-chrétiennes et avec les sciences, partisan d'une plus grande place des femmes dans l'Église, très critique envers le dogme de l'infaillibilité pontificale, Hans Küng avait été sanctionné en 1979 par la Congrégation pour la doctrine de foi sous l'accusation de s'être "écarté de la vérité de la foi catholique". Mais à cette date le cardinal Ratzinger n'avait pas encore été nommé à la tête de la congrégation  pour la doctrine de la foi. Cependant quand il y fut nommé, il ne leva pas cette sanction.       

Selon le Dr Joaquin Navarro-Valls, le pape avait apprécié "l'effort" du professeur Küng de "contribuer à une reconnaissance renouvelée des valeurs morales essentielles de l'humanité", à travers le dialogue des religions et dans la rencontre séculaire des sciences avec la raison.

"L'entretien s'est par conséquent concentré sur deux thématiques qui ont récemment revêtu un intérêt particulier pour le travail de Hans Küng, a poursuivi Navarro-Valls, la question de l'éthique mondiale - ou Weltethos - et le dialogue de la raison des sciences naturelles avec la raison de la foi chrétienne".

"Le professeur Küng a souligné que son projet de "Weltethos" n'est en aucun cas une construction intellectuelle abstraite; y sont plutôt mis en lumière les valeurs morales autour desquelles convergent les grandes religions du monde, malgré toutes les différences, et le fait qu'il peut y avoir des critères valides perceptibles - attendu sa bien-fondée raison d'être - à la raison séculaire",

"En même temps, le pape a réaffirmé son accord concernant la tentative du professeur Küng de raviver le dialogue entre foi et sciences naturelles et de faire valoir, vis-à-vis de la pensée scientifique, la conscience et la nécessité de la "Gottesfrage" (la question autour de Dieu)", a ajouté Joaquin Navarro-Valls.

"De son côté, le professeur Küng a exprimé son approbation concernant les efforts du pape en faveur du dialogue des religions, et aussi autour de la rencontre avec les différents groupes sociaux du
monde moderne", a conclu le porte-parole du Saint-Siège.

Dans un entretien publié le mardi 26 par le quotidien "Süddeutschen Zeitung", Hans Küng déclare percevoir cette rencontre avec le pape Benoît XVI comme un "signe plein d'espoir". Il a indiqué avoir écrit au souverain pontife quelques semaines après son élection "dans l'espoir qu'un dialogue aboutisse en dépit de conceptions différentes". Le pape a "répondu rapidement et très aimablement" pour l'inviter, a-t-il précisé.

Lors de cette rencontre d'environ deux heures qui a eu lieu samedi dans le cadre discret de Castelgandolfo, la résidence d'été du souverain pontife, Benoît XVI a été "un interlocuteur attentif et ouvert" et la discussion "sans aucune polémique", a ajouté Hans Küng précisant qu'ils avaient convenu de ne pas entrer dans le détail des questions doctrinales qui opposent le théologien suisse au magistère de l'Église.

Les discussions ont donc porté "non pas sur des documents mais sur des missions et des problèmes", notamment sur la relation des sciences naturelles avec la religion et de la foi avec la théorie de l'évolution, a souligné le théologien dans son entretien accordé au quotidien bavarois.

A la fin de leur conversation, le pape l'a invité à manger, a-t-il dit. Agé de 77 ans, Hans Küng a réalisé un de ses souhaits les plus intimes en rencontrant Benoît XVI, avec qui il avait été lié d'amitié avant que leurs chemins ne divergent, l'un vers une carrière vaticane, l'autre vers des positions critiques à l'égard de l'institution romaine. (source et information : Service de presse du Vatican-VIS - KNA)

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