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30 septembre au 3 octobre 2005 (semaine 40)
 

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2005-10-03 -
LE DIALOGUE AVEC ROME SERA DIFFICILE.


Pour le cardinal Estevez un dialogue avec la Fraternité Saint-Pie X passe en premier lieu par la résolution des problèmes doctrinaux. Pour Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, le dialogue sera donc difficile.

Dans une interview accordée au quotidien valaisan "Le Nouvelliste", Mgr Fellay pense que tout irait mieux s'il n'y avait que Rome où, de son point de vue, la Fraternité qu'il dirige possède des alliés. "Nous ne demandons pas de déclaration de la part de Rome.  Nous demandons simplement que le climat change, que Rome reprenne les commandes de l’Eglise".

Selon lui, un des principaux problèmes dans l’Église aujourd’hui se situe en effet entre Rome et les conférences épiscopales qui, assure-t-il, "ne veulent pas se laisser faire et qui ont pris goût à l’indépendance au point de ne plus obéir vraiment aux directives émises depuis le Vatican".

"Pour le Concile Vatican II, poursuit le chef de file des intégristes, interrogé dans ce journal, Rome voudrait reprendre le protocole signé en 1988 par Mgr Lefebvre et par le cardinal Ratzinger. Ce protocole dit qu’une seule interprétation du Concile Vatican II est valable.  Celle qui est faite à la lumière de la Tradition."

"Mais même si cela n’a pas été dit très explicitement, nous avons bien compris au cours de notre rencontre avec le pape qu’il nous considérait comme vieux jeu et que le concile c’est aussi un esprit que nous devons acquérir. Je suis d’accord avec la formule du concile interprété à la lumière de la Tradition mais je ne puis pas la signer dans le contexte actuel".

En fait la Tradition pour les tenants de la Fraternité saint Pie X, c'est essentiellement celle codifiée au concile de Trente. Pour Benoît XVI, la Tradition remonte plusieurs siècles auparavant et inclut l'Orient et l'Occident.

Cette rencontre avait de multiples buts, convient ensuite Mgr Fellay. "Tout d’abord, nous voulions signifier notre déférence au souverain pontife Benoît XVI, lui montrer que nous le reconnaissons comme notre pape. Tout comme le pape précédent d’ailleurs. Cette rencontre était pour nous l’expression sensible de notre catholicisme.

"Nous sommes catholiques et nous le montrons en allant rendre nos hommages au chef, à la tête de l’Église. Il était important que la Tradition rappelle qu’elle conservait bien sa catholicité à l’heure où on lui reproche si souvent d’être refermée sur elle-même." Pour l'ecclésiologie de la tradition millénaire, l'Église ne peut se contenter d'hommages puisqu'il s'agit d'une conformité doctrinale qui s'appelle l'acceptation intégrale du concile Vatican II.

Mgr Fellay confirme que l’ambiance a été tout à fait sereine. "On voyait sans aucun doute qu’il y avait de la bienveillance de la part du pape.  D’ailleurs, depuis quelques années, Rome a adopté un nouveau ton à notre égard. La manière dont nous sommes reçus contraste de manière impressionnante avec la façon dont les évêques nous traitent dans leurs diocèses.  Cette première audience n’avait pas pour but de résoudre des problèmes de fond mais de poser des jalons, d’esquisser un chemin. Nous ne sommes pas allés plus loin".

En fait peut-on dissocier les évêques de l'évêque de Rome. Le responsable de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X précise toutefois: "Nous avons survolé les choses en gros et nous n’avons pas approfondi de problème très spécifique.  Ce sont d’ailleurs toujours les mêmes problèmes qui nous occupent et l’on peut les résumer à deux: la nouvelle messe et le Concile Vatican II".

Selon Mgr Fellay, il n’y a pas de calendrier explicite, "mais l’on sent que Rome est assez pressée. De notre côté, nous tenons surtout à approfondir certains problèmes et nous sommes moins pressés. Nous voudrions d’abord que le pape se manifeste de manière à ce que la Tradition soit acceptée au niveau local, par les évêques."..."Le problème que nous sommes censés causer à l’Eglise n’est pas perçu de la même manière par Rome et par nous et c’est pourquoi nos solutions divergent profondément."

"Or, pour arriver à une solution il faut être d’accord sur l’état de la question. Nous sommes allés à Rome pour poser le problème correctement. En clair, nous ne sommes pas le problème. Car même si nous n’existions pas, la crise de l’Eglise serait tout aussi grave. Nous ne faisons en effet que réagir à la crise du monde catholique. Notre manière de voirle Concile Vatican II ne correspond pas à celle de Rome actuellement, c’est vrai...."

..."
Il faut que cet accord soit vrai, profond. Il ne servirait à rien de donner l’impression que tout est rentré dans l’ordre alors que rien n’est réglé. Dans la situation actuelle, un tel accord tromperait tout le monde. J’ai peur que le pape et la curie ne soient bloqués par la ligne progressiste". (source : apic/le nouvelliste)

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