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en marge du Synode (octobre 2005 - semaine 41)
 

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2005-10-10 - Le Synode
UN BILAN SANS COMPLAISANCE.


"Une des fonctions de la collégialité est d'aider à reconnaître nos propres lacunes", avait déclaré Benoît XVI au matin de l'ouverture du Synode. Les évêques réunis à Rome les reconnaissent sans complexe ni complaisance.

Au milieu de la deuxième semaine du Synode, les carrefours et diverses réunions vont collecter l'ensemble des interventions, afin de les synthétiser sous plusieurs thèmes, puis une commission ad hoc élaborera les propositions qui seront celles du message final de conclusion. Sous plusieurs têtes de chapitre, c'est un peu un résumé que nous vous proposons ici afin de mieux percevoir les enjeux de cette synthèse.

Au travers des multiples interventions, il a été dit l'inquiétude des évêques de l'Amérique Latine qui voient leurs fidèles vivre plus à l'aise leur foi dans des Églises pentecôtistes ou même des sectes. Il a été dit l'appel d'une Afrique qui attend de l'Église un soutien pour un avenir de paix. Il a été dit l'emprise hégémonique sur les chrétiens vivant ou travaillant dans les Pays d'Islam. Il a été dit la pauvreté quotidienne vécue dans la plupart des "pays du Sud".

Il a été dit aussi la sécularisation d'un Occident chrétien alors que près de 5 millards d'hommes et de femmes (reconnaît le cardinal Sepe) sont dans l'attente d'une réponse qui leur permettra de découvrir la joie de vivre, grâce à une Église qui dialogue avec eux en leur disant la réalité de Dieu dans notre monde.

Il a été dit l'inadéquation et les distances "psychologiques" entre les "bureaux" romains et les théologiens occidentaux devant le vécu quotidien et dans le dialogue que ces hommes et ces femmes voudraient nouer avec l'Église.

"La théologie de l'Eucharistie est bonne pour Rome, pour Madrid ou pour Berne, mais pas pour ici, a déclaré un évêque du Pérou. Quand je lis de temps en temps 'Ecclésia de Eucharistia', je trouve cela très beau, mais pas adapté à notre situation concrète dans le vicariat". Et sans doute partout en Amazonie ou ailleurs au Pérou. Le fond du problème, en quelque sorte… "Je ne veux pas dire que les théologiens n'écoutent jamais ce que je dis, au contraire. Mais leurs réponses tombent à côté de notre réalité".

Les uns après les autres, les évêques ont dit tout cela avec franchise, sans même utiliser un langage "diplomatique" parfois. Les uns ne voient de remèdes que dans un retour aux habitudes que le Concile Vatican II a bouleversées. Les autres veulent éclairer l'avenir à la lumière de la Parole de Dieu et de l'expérience des traditions millénaires.

Mais ce message du monde transmis par les évêques est un appel lourd de demandes : comment faire face au manque de vocation, au déphasage avec la société moderne, à l’absence de culture religieuse ? Ils ont fait remonter du terrain des préoccupations réelles, autour de trois grands points : la doctrine, la liturgie, les conséquences pastorales.

Comme le constate Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon et secrétaire spécial de ce Synode, "face à l’urgence qui s’exprime, nou ne pourrons pas laisser le synode déboucher sur du vague. Il faudra bien lancer quelques pistes de solution."

Et ces solutions ne veulent pas être simplifiées, mais être fondées sur la réalité même de l'Église, sacrement du Christ. Alors comment expliquer et transmettre l’Eucharistie au XXIe siècle ? Comment l’Eucharistie peut-elle aider à comprendre ce qu’est l’Église et comment elle doit manifester son unité ecclésiale, sa proximité à tout homme et son rapport au monde ?

Dans cette vision, héritée de Vatican II, l’Église n’est plus définie de manière institutionnelle ou juridique mais fondée sur la dynamique de l'Esprit et de l’Eucharistie. Cette conception, a noté le cardinal Kasper, nous rapproche des Églises orientales et pourrait permettre d’avancer sur la voie de l’oecuménisme. Beaucoup de Pères synodaux ont rappelé que l’Eucharistie est aussi le sacrement de la mission vers les autres, les plus pauvres, ceux qui vivent des situations de violence.

Mgr Gabriel Piroird, évêque de Constantine (Algérie), a souligné que "les célébrations eucharistiques rassemblent un peuple encore absent, celui de ceux qui cherchent Dieu "dans la droiture de leur coeur", selon la prière eucharistique, y compris, ces "amis musulmans mystérieusement associés au mystère pascal".

Qu'il s'agisse d'admettre des hommes mariés au sacerdoce, de permettre l'accès à l'Eucharistie pour des divorcés-remariés, d'envisager l'Unité des Églises chrétiennes, nombre de Pères synodaux voudraient pouvoir traiter la situation de manière plus souple. Pour le cardinal Kasper, ces cas délicats "devraient pouvoir se régler non pas sur des principes généraux, mais en tenant compte de l’unicité de chaque personne et de chaque situation de salut. La personne humaine n’est jamais un cas de principe général", fait-il remarquer.

Ces trois semaines synodales
devraient donc être une réponse comme le demandait Benoît XVI dans son message d'ouverture : " Quand une personne est désespérée, elle ne sait plus comment aller de l'avant, elle a besoin d'une personne qui la console, l'entoure, lui redonne courage, prenne le rôle de l'esprit saint consolateur. C'est une invitation à faire nous-même l'oeuvre de l'Esprit Saint Paraclet... Comment pouvons-nous le faire -s'est demandé le Pape- si nous ne partageons pas la même foi qu'aucun de nous a inventée mais qui est la foi de l'Eglise?".

"La foi est le fondement commun sur lequel nous sommes et nous travaillons"et dans les mots de saint Paul, "nous sommes invités a toujours rester sur ce fondement qui nous précède, à avoir cette foi commune. Chacun doit vivre la foi dans son originalité, mais toujours conscient que cette foi nous précède".

Le Saint-Père avait conclu en demandant aux participants au synode d'être "instruments du Christ" et "d'entrer dans les pensées et les sentiments du Seigneur". (source : VIS - La Croix)

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