Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
en marge du Synode (octobre 2005 (semaine 41)
 

-
2005-10-10 - Le Synode
L'EUCHARISTIE, LA VIOLENCE ET LA PAIX.


Qu'ils soient du Burundi, de Tanzanie, du Moyen-Orient, de la République démocratique du Congo et des Etats-Unis, plusieurs intervenants ont évoqué le lien entre l’Eucharistie et la paix lors des Congrégations générales des 7 et 8 octobre.

Mgr Gervais Banshimiyubusa, évêque de Ngozi au Burundi, a souligné l'influence positive de l'Eucharistie lors de la récente guerre civile dans son pays. Il a ainsi expliqué que, lors de la guerre qui a marqué le pays de 1993 à 2003, "les célébrations eucharistiques sont restées les lieux privilégiés où les gens de diverses ethnies pouvaient se rencontrer pour prier en faveur de leur réconciliation".

La messe "nourrissait régulièrement l’espérance du peuple en vue d'une possible réconciliation", et l'écoute de la parole de Dieu "interpellait tout le monde, sans parti pris, en vue de la conversion des cœurs et des mentalités".

"Au-delà de tout, la célébration eucharistique fut une source de grâce qui donnait aux chrétiens un courage surnaturel pour agir à contre courant, en refusant, souvent au prix de leur sang, toute solidarité négative basée sur l’unique fraternité naturelle d'ethnie ou d’intérêts égoïstes"., a encore soutenu Mgr Banshimiyubusa.

Intervenant lors de la 10e C ongrégation générale, Mgr Severine Niwemugizi, évêque de Rulenge en Tanzanie, a expliqué que le Christ avait fait de l'Eucharistie "un don de paix". Le président de la Conférence épiscopale tanzanienne a rappelé que "l'on ne peut célébrer et recevoir l'Eucharistie tout en continuant de vivre dans la peur ou la violence". "Nous ne pouvons pas non plus recevoir et goûter cette paix si nous ne sommes pas réconciliés avec Dieu et avec nous-mêmes" ou "le cœur plein de haine, de rancœur et de sentiments de vengeance", a-t-il encore déclaré.

De son côté, l'archevêque grec-melkite de Newton (Etats-Unis) a insisté sur la notion de pardon et de sacrifice. Mgr Cyrille Salim Bustros a ainsi regretté que le document de travail préparatoire au Synode, l'Instrumentum Laboris, s'il parle de la violence et du terrorisme, ne fasse pas référence au lien entre le nouveau commandement de 'l'amour de Dieu et du prochain' et "l'amour parfait et universel qui englobe les ennemis et va jusqu'au sacrifice de soi, pour eux, jusque dans la mort.

Les effets spirituels et les implications sociales de l'Eucharistie ont fait l’objet de la communication de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kisangani, président de la République démocratique du Congo.

..."L'Eucharistie récapitule la richesse et la pauvreté du monde, pauvreté que souligne fortement la pauvreté des matières eucharistiques. L'Eucharistie récapitule sous un seul Chef, le Christ, l'humanité entière dans sa productivité et dans sa pauvreté, c'est-à-dire le monde des riches et celui des pauvres. Ainsi donc, la récapitulation de l'économie du salut implique celle de l'humanité-famille dans sa vie quotidienne et sociale.

"Dans un pays comme le nôtre, la République démocratique du Congo, où depuis neuf ans, le peuple paupérisé vit les affres d'une guerre injuste et inutile, l'Eucharistie, toujours célébrée aussi bien dans une atmosphère de fête et de joie que dans un souci d'inculturation, constitue pour les fidèles: un foyer ardent de charité ; un lieu, où s'édifie continuellement l'Eglise-famille de Dieu, sacrement d'unité et de fraternité, de pardon, de réconciliation et de paix ; une source intarissable de consolation, de réconfort et d'endurance dans les épreuves ; une école d'humilité collective.

Et d'ajouter avec d'un accent qui rappelait la tradition des Églises d'Orient :
"Pour ce qui est de l'Eucharistie, la théologie enseigne que les effets spirituels de l'Eucharistie dans la vie des fidèles sont l'incorporation au Christ et la « con-corporation » entre les membres de son corps, autrement dit la « koinonia »".

Retour aux dépèches