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FlashPress - Infocatho
22 au 24 octobre 2005 (semaine 43)
 

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2005-10-24 - France
LA PRÉDICATION DE L'ÉVANGILE LIBÉRATEUR.


"Je crois que nous sommes appelés à une attitude, a dit le pasteur Manoël, au collloque de la FPF, celle de l'engagement à la fois positif et vigilant, au nom même de notre compréhension de l'Evangile comme message de libération."

Le président de l'Église Réformée de France évoquait, dans son intervention, la place du protestantisme en Europe, lors du colloque qui marquait le centenaire de la Fédération Protestante. Il résumait ainsi le contexte postchrétien dans lequel les Églises protestantes ont aujourd’hui à se situer. "Un Évangile à proclamer dans la mutation que vit la société européenne, et non pas contre, ce qui, encore une fois, n'exclut pas la contestation ferme de certains de ses aspects.

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Il me semble même que notre engagement peut et doit se situer au cœur même de cette mutation, dans cette revendication des individus à pouvoir mieux s'assumer eux-mêmes, dans une société reconstruite en tenant compte de ce principe.

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Car nous pouvons tout d'abord apporter une participation positive à la construction de la personne. Non seulement il n'y a rien là qui puisse nous choquer, mais nous avons dans notre théologie, notre tradition et nos pratiques de quoi répondre à cette attente. Nous savons en particulier que cette construction ne peut se faire que dans la reconnaissance de l'autre, quel qu'il soit.

" La responsabilité peut être tenue à cet égard pour la capacité, reconnue à la fois par la société et par soi-même, de se prononcer d'une manière rationnelle et autonome sur les questions morales ( ) ; la responsabilité en tant que capacité à répondre de soi-même est inséparable de la responsabilité en tant que capacité à participer à une discussion raisonnable concernant l'élargissement de la sphère des droits, qu'ils soient civils, politiques ou sociaux. Le terme responsabilité couvre alors l'assertion de soi et la reconnaissance du droit égal d'autrui à contribuer aux avancées du droit et des droits" . N'y a-t-il pas là une manière de réentendre, dans les problématiques actuelles, la Règle d'Or évangélique : "Aime ton prochain comme toi-même" ?

"Enfin, et peut être surtout, la mission de l'Eglise dans la société qui se profile est toujours celle de la prédication de l'Evangile libérateur, un évangile qui est appelé aujourd'hui, je crois, à dévoiler et dénoncer l'idolâtrie individualiste, cette adoration de soi-même et sacralisation de son propre désir, avec ce que cela signifie de fermeture sur soi, de rétrécissement du temps à l'échelle de l'individu et non plus à celle de l'histoire ou de l'espérance, de peur de l'avenir et d'impuissance pour l'action politique, et de nécessité finalement mortifère de se justifier incessamment soi-même bien souvent contre les autres. C'est bien là le message de la justification par la foi, ce message qui est au cœur de notre identité protestante, que nous sommes à nouveau appelés à prêcher et à mettre en œuvre, d'une façon nouvelle.

Le sociologue Jean Paul Willaime a abordé également de processus de sécularisation et l'individualisation :"Aujourd’hui, les Eglises ont à se situer dans un contexte post-chrétien, c’est-à-dire dans un contexte où le christianisme n’est plus porté par les cadres englobants de la société : ni par le politique (chrétienté), ni par la culture dominante (christianitude). Dans un tel contexte, les chrétiens sont de fait minoritaires, même si leur Eglise peut se prévaloir, dans tel pays, de rassembler une part importante de la population.

" C’est la fin du christianisme par héritage au profit du christianisme par choix. Un choix qui peut permettre à des hommes et des femmes de se situer comme sujets autonomes et acteurs responsables dans des environnements sécularisés et pluralistes qui produisent aussi beaucoup de déréliction (manque de sens) et de solitude (manque de lien).

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Pour les Eglises protestantes, qui ont accompagné positivement le processus de sécularisation, il est urgent de comprendre que l’on est passé d’une modernité sécularisatrice à une modernité effectivement sécularisée qui tend à rompre ses attaches avec le cadre de référence chrétien. L’heure n’est plus à l’aggiornamento pour rejoindre des sociétés à la modernité sécularisatrice et triomphante, l’heure est au contraire à l’affichage clair et percutant de son message dans des sociétés ultramodernes qui ont démythologisé leur propre utopie et doutent d’elles-mêmes.

La déclaration finale des ces journées a voulu tracer la place d'avenir du protestantisme en Europe. "
Dans le respect de l’indépendance du pouvoir politique vis-à-vis des Eglises, nous refusons de voir ces dernières cantonnées dans la sphère de la vie privée; nous voulons continuer à nous donner les moyens d’être en capacité d’interpellation et d’alerte tant des responsables politiques, sociaux, économiques de nos pays et des institutions européennes que de nos propres membres à propos : des enjeux éthiques prioritaires pour l'humanité, de justice, de dignité, de liberté de conscience et de religion, de prévention des discriminations de tous ordres.

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Nous affirmons que notre situation souvent minoritaire et notre diversité constituent des atouts dans le dialogue avec les autres Eglises et confessions religieuses se trouvant dans des situations analogues aux nôtres. En développant des relations fraternelles entre les différentes Eglises d’Europe, nous souhaitons contribuer à préfigurer un espace européen plurireligieux et pluriculturel de paix, de liberté et de solidarité.

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Nous nous engageons à soutenir le témoignage des Eglises, par la prière, la visite réciproque, les échanges sous diverses formes, la mutualisation des connaissances, le débat et la confrontation des points de vue et des pratiques, le respect des différences mais aussi la recherche commune de solutions. Nous nous engageons à rester vigilants vis-à-vis des dérives sectaires qui nous guettent comme toute communauté humaine.

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Attentifs à la présence de religions non chrétiennes dans l’espace démocratique européen, et soucieux qu’une place leur soit reconnue, nous nous attachons à encourager, à accompagner et à approfondir le dialogue interreligieux, où se confrontent les convictions sans sous-estimer les difficultés qui peuvent surgir. La mission de l'Eglise dans la société qui se profile demeure celle de la prédication et du service de l'Evangile libérateur, un Evangile appelé aujourd'hui à dénoncer l'idolâtrie individualiste tout en édifiant la personne responsable." (source : FPF)

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