Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
10 au 13 novembre 2005 (semaine 45)
 

-
2005-11-13 - Suisse
UN COLLOQUE SUR LE MONDE RELIGIEUX AFRICAIN.


L'Observatoire des religions de l'Université de Lausanne a consacré un colloque au monde religieux africain, sous le titre "Une nouvelle mission pour l'Afrique", avec un programme qui réunit de nombreux chercheurs dans le domaine des religions.

Les 11 et 12 novembre, à l'Université de Lausanne, une trentaine d'universitaires internationaux, spécialistes du monde religieux africain, se sont penchés sur le "succès" du "religieux africain" aujourd'hui en Afrique mais aussi dans le reste du monde. Pourquoi les "religions du Livre" ont-elles si bien pris racine en Afrique, se sont demandés ces chercheurs, et comment expliquer le succès des missions africaines en Europe.

Initialement  imposés  de  l’extérieur,  l’Islam  et  le  Christianisme  ont  rapidement  pris  racine  en  Afrique et les habitants du continent se les sont réappropriés. Aujourd’hui, ils y croissent de  manière exponentielle et s’exportent en Europe, aux États-unis et en Asie où ils débordent les communautés immigrées. Existe-t-il une «Afrique missionnaire» ?

Ce «succès» du religieux  africain est d’autant plus marqué qu’il contraste avec ce que l’on a appelé la «sécularisation» du  Nord. La comparaison des formes du religieux en Afrique avec celles des diaspora africaines en  Europe invite à poser un regard neuf sur les dynamiques historiques de l’échange culturel entre  l’Afrique et l’Occident.

L'étude de l'héritage des missions européennes, américaines ou arabes en Afrique était donc au menu de cette importante rencontre. Les spécificités du "religieux" africain touchent toutes les mouvances. Un exemple a été donné, le développement du pentecôtisme en Afrique de l'Ouest. Les nouveaux mouvements catholiques en Afrique vont aussi vers la tendance charismatique, tandis que l'on assiste au recul du "catholicisme intégral à dominante sociale".

Parmi les interventions de ce colloque, sur lequel nous reviendrons ultérieurement, nous relevons deux d’entre elles, celle de Mme Fabienne Samson-Ndaw, ethnologue, et de M. Claude Prudhomme, historien.

Mme Samson-Ndaw analyse cette situation à partir d’un mélange des champs sociaux. Au début de l’évangélisation et de l’islamisation, les missionnaires ont pensé que les religions ancestrales avaient disparu des pratiques africaines. Aujourd’hui, la réalité est toute autre. Non seulement elles réapparaissent, mais aussi certaines religions comme l’islam et le christianisme sont façonnées, retravaillées et confectionnées dans des contextes politiques, symboliques, sociaux, économiques et politiques locaux.

Pour M. Claude Prudhomme. la politique systématique de romanisation qui passe par le modèle latin censé garantir le caractère universel d’un catholicisme par essence supranational perd de plus en plus de vitesse, car elle se révèle inadaptée en raison même de la résurgence de la culture africaine. Dans une perspective de réforme de son fonctionnement, la mise en place des synodes africains, les voyages initiés par Paul VI et amplifiés par Jean Paul II, la nomination des Africains dans la curie et l’ébauche de relations intra-africaines directes entre les conférences épiscopales, sont des orientations valables, mais insuffisantes. Il faut reconnaître "la spécificité fondamentale de l’Afrique, sans mettre en cause le dispositif."

Bien plus, le poids des Africains dans le catholicisme devient également si important qu'il prend la relève d'un clergé européen en déficit de vocations.

Ce colloque était organisé avec le soutien de l'Académie suisse des sciences humaines et sociales, du Fonds national suisse pour la recherche scientifique (FNS), du Fonds du 450e de l'Université de Lausanne, et d'autres organisations de recherche dans le domaine des missions. (source : apic - information : Observatoire des religions)

Retour aux dépèches