Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
10 au 13 novembre 2005 (semaine 45)
 

-
2005-11-13 - Sri Lanka
A L'APPROCHE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES.

A l'approche de l'élection présidentielle du 17 novembre prochain, l'Eglise catholique s'inquiète de l'avenir du pays et de la place des chrétiens dans la nation au cours d’une réunion qui s'était tenue à Colombo le 3 octobre.

Cette réunion regroupait une centaine de catholiques, laïcs et clercs. A l'issue des débats, le ton général n'était pas à l'optimisme et l'avis commun était qu'une victoire de l'actuel Premier ministre, Mahinda Rajapakse, ne serait pas franchement favorable tant à l'avenir de la paix entre Colombo et les Tigres tamouls du LTTE qu'à la situation faite aux chrétiens en tant que communauté religieuse.

Face à lui se présente l'ancien Premier ministre Ranil Wickremasinghe, à la tête du Parti national uni, qui peut compter sur le soutien des partis musulman et tamoul.

Pour les responsables de l'Eglise catholique, la perspective de voir l'actuel Premier ministre gagner les présidentielles est lourde de menaces dans la mesure où le très fragile cessez-le-feu, passé en février 2002 entre Colombo et les Tigres tamouls, risque de ne pas survivre à la surenchère que ne manqueront pas de provoquer le JVP et le JHU. Les deux partis ne font pas mystère d'un ordre du jour ouvertement nationaliste pro-cinghalais et ont dit leur opposition à la façon dont les négociations avec le LTTE ont été menées jusqu'à ce jour.

Pour Mgr Marius Peiris, évêque auxiliaire de Colombo et secrétaire générale de la Conférence épiscopale, "nous sommes au bord d'une catastrophe". Non seulement les soubresauts qui agitent la scène politique et l'état latent de crise sociale ruinent la santé économique du pays, explique l'évêque, mais on peut craindre que le cessez-le-feu avec les Tigres ne tienne pas.

En outre, ajoute Mgr Peiris, les catholiques se posent désormais ouvertement des questions quant à leur propre avenir dans l'île, tant les actions des extrémistes bouddhistes ont gagné en intensité depuis que le JHU a réussi à faire entrer neuf moines bouddhistes au Parlement élu en avril 2004. La menace que fait peser sur la communauté catholique le projet de loi dit "anti-conversion" introduit l'an dernier devant les députés, est réelle, estime encore Mgr Peiris. 

Sur un terrain moins politique mais tout aussi dévastateur quant à ses conséquences quotidiennes, Mgr Peiris a dénoncé la corruption régnant dans le pays. "L'administration s'est profondément politisée et le service rendu à la population est faible. Les bureaux sont remplis de sous-fifres qui travaillent servilement pour leurs supérieurs hiérarchiques  indique-t-il encore, insistant sur le fait que la corruption gangrène la société, détruisant tout sens de l'honneur, de l'unité et de la paix".

Dans un tel contexte, les responsables de l'Eglise veulent continuer à croire que la prochaine élection présidentielle représente malgré tout une chance pour l'avenir du pays.

Sur 19 millions de Sri-Lankais, 69 % sont bouddhistes, 15 % hindous, 8 % musulmans. Les chrétiens sont un peu moins de 8 %, soit 1,5 million de personnes. Parmi eux, on compte 1,3 million de catholiques. (source : Eglises d'Asie-EDA)

Retour aux dépèches