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du 29 au 31 décembre 2005 (semaine 52)
 

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2005-12-31 - Philippines
SEULE UNE SOLUTION CONSTITUTIONNELLE EST ADMISSIBLE.

Des évêques catholiques réaffirment leur soutien à une solution constitutionnelle pour sortir de la crise politique dans laquelle le pays vit depuis plusieurs mois, au moment de la tentative de coup d'État du général Abat.

Le 14 décembre dernier, un militaire à la retraite, le général Fortunato Abat, s'est déclaré «"président d'un gouvernement révolutionnaire de transition" et a appelé ses partisans à marcher le lendemain sur le palais présidentiel de Malacanang pour réclamer la démission de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo. Cette dernière a immédiatement réagi, qualifiant la déclaration de "tentative de coup d'Etat".

Le général octogénaire a été arrêté le 15 décembre et mis en examen pour sédition. La presse locale s'est montrée divisée sur l'interprétation à donner à cet incident, le Philippine Daily Inquirer titrant sur "la farce bouffonne" d'un "aventurier messianique"  tandis que le Manila Times saluait en Fortunato Abat "un patriote" désireux de sauver un pays " à la dérive où s'exprime une profonde demande de changement et où le gouvernement actuel est très impopulaire".

Pour certains évêques catholiques du pays, l'incident vient s'ajouter à une longue liste de mouvements et d'initiatives visant à obtenir la démission de la présidente Arroyo. Selon Mgr Antonio Tobias, évêque de Novaliches et conseiller spirituel de certains de ces mouvements, la voie choisie par Fortunato Abat n'est toutefois pas la bonne. "Nous devons suivre les procédures constitutionnelles  a-t-il déclaré le 15 décembre, soulignant que le recours à un mouvement semblable au People Power , qui, en 1986 puis en 2001, ont abouti à la déposition des présidents Ferdinand Marcos puis Joseph Estrada, n'aboutirait à aucun changement véritable et, en final, ne marcherait donc pas".

De même, Mgr Jose Palma, évêque de Calbayog, a déclaré que, bien sûr, il souhaitait des réformes - et il n'a pas hésité à dénoncer les abus dont des militaires se sont rendus coupables ces derniers temps sur des populations civiles de son diocèse. Mais, a-t-il précisé,  "je ne souhaite rien qui s'inscrive en dehors du champ constitutionnel".

Pour Mgr Antonio Ledesma, évêque d'Ipil, qui assume la vice-présidence de la Conférence épiscopale depuis le 1er décembre dernier, le simple fait que Fortunato Abat est issu de l'armée pose problème. "L'armée est l'une des institutions qui souffrent d'un déficit de crédibilité. Elle doit être réformée avant que l'on puisse envisager qu'une solution aux maux de la nation sorte de ses rangs", a-t-il noté.

Parmi les chantiers urgents dont le gouvernement devrait se saisir, le Père jésuite Romeo Intengan mentionne une refonte de la Commission électorale, dont les responsables et le personnel ont été accusés d'être corrompus. Il suggére aussi le passage d'un système présidentiel à un régime parlementaire - ce qui est l'une des options envisagées par la commission nommée par la présidente Arroyo pour proposer des amendements à la Constitution. C'est ce type de réformes, menées "de l'intérieur des institutions existantes  qui est préférable à une « transition » conduite par des personnages tels que Fortunato Abat, dont personne ne sait qui l'a élu ni quel est son mandat", a encore souligné le théologien. (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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