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du 21 au 28 décembre 2005 (semaine 52)
 

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2005-12-28 -
LES INTERPRÉTATIONS DIVERSES DE VATICAN II.


Dans ses vœux de Noël aux cardinaux de la curie, le pape a étudié comment se situaient les courants de pensée qui se revendiquent de «l’esprit du concile Vatican II», une analyse qui est sans doute la base des orientations de son pontificat .

Le premier constat est sous forme d’interrogation : « Qu’est-ce qui, dans la réception du Concile, a été bien fait, qu’est-ce qui est resté insuffisant, et où s’est-on trompé ? » Le pape, répond en opposant deux conceptions du Concile, deux interprétations – ou « herméneutiques » – différentes.

L’une, qui voudrait que le Concile marque une rupture dans l’histoire de l’Église. L’autre conception, défendue ici par Benoît XVI, est celle qui voit dans Vatican II une « réforme », un « renouveau dans la continuité ». Il n’y a pas, souligne donc Benoît XVI, d’un côté l’esprit du Concile, et de l’autre, les textes, dont la prudence s’expliquerait par le souci des Pères conciliaires d’aboutir à un compromis. Dans la réalité, pour le pape actuel, qui reprend la citation de Jean XXIII, « le Concile veut transmettre pure et intègre la doctrine, sans atténuation ni altérations ».

C’est donc dans cette perspective de la continuité que Benoît XVI éclaire le type de rapport que l’Église doit entretenir avec le monde, rapport sur lequel Vatican II a posé un regard nouveau. Certes, admet-il, le devoir d’exprimer dans un monde nouveau une vérité déterminée exige une nouvelle réflexion sur cette vérité.

Mais, la question du rapport entre l’Église et son époque est ancienne, explique-t-il, et elle a débuté sur un mode problématique avec le procès de Galilée. Les choses ont ensuite évolué, la modernité elle-même a connu ses propres développements, et, remarque-t-il, les deux parties (modernité et religion) « ont commencé progressivement à s’ouvrir l’une à l’autre » : « Dans la période entre les deux guerres mondiales, et plus encore après la Seconde Guerre mondiale, des hommes d’État catholiques ont démontré qu’il pouvait exister un État moderne laïque, et qui cependant n’était pas neutre au regard des valeurs, mais puisait dans les grands principes éthiques mis en place par le christianisme.» Il en est de même de la notion de liberté religieuse, proclamée par Vatican II, mais qui, fondée sur la vérité de l’homme, fait en réalité partie «du patrimoine plus profond de l’Église».

Ainsi, le Concile, avec une nouvelle définition du rapport entre la foi de l’Église et certains éléments essentiels de la pensée moderne, donne-t-il une apparence de discontinuité. Mais en réalité, l’Église a, par-là, « maintenu et approfondi sa nature intime et sa profonde identité ».... «L’ouverture au monde ne se transforme pas nécessairement en une pure harmonie »...« l’Église reste un signe de contradiction ».

« Il ne pouvait pas être dans l’intention du Concile d’abolir cette contradiction de l’Évangile dans sa confrontation aux dangers et aux erreurs de l’homme »...«Parmi les devoirs les plus urgents pour le chrétien, il y a la réappropriation de sa capacité à réagir face à de nombreuses tendances de la culture environnante, à renoncer à la solidarité trop euphorique qui a suivi le Concile. »

« Ainsi nous pouvons aujourd’hui avec gratitude tourner notre regard vers le concile Vatican II. Si nous le lisons et le recevons guidés par une juste herméneutique, il pourra être et devenir toujours plus une grande force pour le nécessaire renouvellement de l’Église. »

Benoît XVI a voulu remettre hier des pendules à l’heure à propos du concile Vatican II. Ses propos vont faire grincer plus d’un rouage dans l’ÉgliseIl veut placer  « la mise en œuvre du concile Vatican II en continuité fidèle avec la tradition bimillénaire de l’Église ».

Huit mois plus tard, il précise sa pensée et développe, comme jamais encore, sa vision de l’application du concile Vatican II.
Il entend ainsi solder, une fois pour toutes, un débat central qui divise l’intérieur de l’Église depuis quarante années : l’opposition entre « la lettre et l’esprit du Concile ». Entre ceux qui se réjouissent de voir que l’Église catholique s’est « ouverte au monde » et ceux qui déplorent sa perte de substance et appellent à un nouvel enracinement.

Pour lui et depuis toujours, l
a jonction entre le monde et l’Église n’est pas une simple question d’« ouverture » mais de dialogue serré entre la foi et la raison à conduire «avec ouverture mentale mais clarté dans le discernement des esprits». Le nouveau pape semble ainsi vouloir rompre avec un certain romantisme ecclésial. Pour lui, en effet, «il n’était pas dans les intentions du Concile d’abolir la contradiction entre l’Évangile et les périls et les erreurs de l’homme». (Texte intégral dans VIS)

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