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du 15 au 17 janvier 2008 (semaine 03)
 

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2008-01-17 - Inde
LES CHRÉTIENS ET LE SYSTÈME DES CASTES

Le cardinal T. Toppo, archevêque de Ranchi et président de la Conférence épiscopale indienne (CBCI), met en garde les autorités indiennes des conséquences que pourraient avoir les violences antichrétiennes dans l'Etat d'Orissa.

Le cardinal Toppo a fait cette déclaration, le 15 janvier, après avoir visité les zones où des chrétiens ont été attaqués par des fondamentalistes hindous fin décembre. Il n'hésite pas à déclarer que les autorités locales l'ont empêché de parler avec les victimes.

Mais ce qu'il a vu sur place ressemble à un "tsunami provoqué par des êtres humains", a-t-il souligné au retour de sa visite dans la zone de Bubhaneshwar, capitale de l'Etat de l'Orissa, récemment frappée par une vague de violences anti-chrétiennes commises par les fondamentalistes du mouvement nationaliste hindou Vishva Hindu Parishad (VHP).

En effet dans la période de Noël, entre le 24 et le 27 décembre, des groupes extrémistes se sont déchaînés contre les propriétés de la minorité chrétienne, des Dalits et des membres des groupes tribaux. En Inde, les intouchables" ou "hors castes" ainsi que les tribaux, les "Adivasis", sont 170 millions. Lors de ces émeutes, 6 personnes ont trouvé la mort tandis que 70 églises et institutions chrétiennes ont été attaquées, détruites ou incendiées et 600 maisons ont été endommagées ou détruites.

Le cardinal a été reçu du 2 au 4 janvier par Mgr Raphael Cheenath, archevêque de Cuttack-Bubhaneshwar, tandique que les autorités locales l'ont empêché de rencontrer les victimes des agressions dans leurs habitations. Il a cependant pu en interroger certains à la résidence épiscopale et se rendre dans certaines zones qui ont subi les assauts des fanatiques du VHP, "où les gens sont encore sous lechoc et vivent dans la peur et l'angoisse" dit-il .

En fait, estime-t-il, le VHP a des motifs politico-religieux, craignant que les chrétiens ne progressent en nombre dans la région. "Nous sommes un réel danger pour leur système de castes". Or 60 à 70% des catholiques de l'Inde sont des Dalits ou des "Adivasis", qui sont hors castes.

Mgr Toppo a rencontré le Premier ministre indien Manmohan Singhpour pour l'entretenir de ce sujet et attirer son attention sur la situation en Orissa. Dans la lettre qu'il lui a remise, le cardinal a qualifié de "vraiment tragique" la série d'attaques "injustifiées" contre les chrétiens dans le district de Kandhamal. "Sans aucun doute, écrit-il, il s'agit d'actes prémédités et menés par des forces sectaires".

Dans le même temps, par une lettre circulaire, le cardinal a invité tous les diocèses et les institutions catholiques de l'Inde à envoyer aux communautés affectées par ces troubles de l'aide matérielle et des moyens financiers pour aider à la reconstruction.

Suite aux critiques accusant les autorités indiennes d'inefficacité et d'"apathie", accusations venant notamment de mouvements de défense des droits humains, la Commission nationale pour les minorités (NCM) s'est rendue dans le district de Kandhamal dix jours après les "pogroms" antichrétiens.

Il est à noter que s'ils ne sont actuellement qu'un faible pourcentage de la population, les quelque 30 millions de chrétiens jouent déjà aujourd'hui un rôle important dans la société indienne. A l'avenir ils pourraient se retrouver à 200 millions, si tous les hors castes et les groupes tribaux devenaient chrétiens, selon une orientation déjà connue. Ils menaceraient alors l'hégémonie du système traditionnel des castes. (source : Asianews)

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