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du 15 au 17 janvier 2008 (semaine 03)
 

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2008-01-17 -
LE DISCOURS DE BENOÎT XVI À L'UNIVERSITÉ DE ROME

"Dans une université publique, jouissant d'une autonomie qui est en est la base, et d'un principe fondateur qui constitue la nature même universitaire, exclusivement liée à l'autorité de la vérité... sans confusion ni divorce... et dans la liberté ".

Ce fut au terme de la cérémonie universitaire du 17 janvier que le discours du Pape fut lu par un responsable de l'Université.

Benoît XVI y évoque d'abord son intervention à l'Université de Ratisbonne, lors de son voyage de septembre 2006 en Allemagne: "Certes, je me suis exprimé en tant que Pape, mais c'est d'abord l'ancien professeur qui a parlé dans son ancienne université".

Aujourd'hui, écrit le Pape, j'ai été invité en tant qu'Evêque de Rome à La Sapienza, jadis université pontificale. C'est donc en Evêque de Rome que je m'exprimerai "dans une université publique, jouissant d'une autonomie qui est en est la base, d'un principe fondateur qui constitue la nature même universitaire, exclusivement liée à l'autorité de la vérité".

Rappelant que le Pape est avant tout l'Evêque de Rome, Benoît XVI explique "qu'en vertu de la succession apostolique depuis Pierre", il assume "une responsabilité épiscopale étendue à l'Eglise catholique toute entière... Or, grande ou petite qu'elle soit, la communauté dont a charge l'évêque vit dans le monde, partage ses conditions et ses péripéties. Son cheminement propre et son discours ont inévitablement un impact sur le reste de la communauté humaine".

Le Pape s'exprime donc en "représentant d'une communauté porteuse de savoir et d'expérience éthique, qui sont importantes pour l'humanité toute entière. Ainsi s'exprime-t-il comme représentant qu'une raison morale".

Dans un deuxième temps, Benoît XVI pose la question de savoir ce qu'est l'université, et sa mission. "Son origine réelle et profonde réside dans l'appétit de connaissance caractérisant l'homme, qui veut tout savoir de ce qui l'entoure, qui cherche la vérité en tout... Mais la vérité n'est pas seulement théorie... Elle est beaucoup plus que le savoir. La finalité de cette connaissance de la vérité est de connaître le bien"

" La vérité nous rend bons et la bonté est vraie. C'est cet optimisme qui vit dans la foi chrétienne car elle a reçu la vision du Logos, de la Raison créatrice qui, par l'Incarnation, s'est manifestée comme Bien et Bonté à la fois". Le Saint-Père a lors cité les universités médiévales où agissaient côte à côte la philosophie et la théologie, dans la recherche de l'homme total, sans déroger au primat de la vérité". Benoît XVI a cité ici le Concile de Chalcédoine qui affirma que "la philosophie et la théologie doivent inter-agir sans confusion ni divorce".

"Sans confusion signifie que chaque discipline doit conserver son identité, la philosophie demeurant une recherche libre et responsable de la Raison", tandis que "la Théologie doit continuer à s'en tenir à un trésor de connaissance qu'elle n'a pas elle-même élaboré...et qui n'étant pas exploitable par la seule réflexion, alimente sans cesse la pensée qui progresse".

Quant à sans séparation, cela signifie, a dit le Pape, que "la philosophie ne recommence jamais de manière isolée chaque fois qu'un philosophe se trouve à son propre point zéro. Elle prend place dans le grand dialogue de la sagesse historique...sans devoir se fermer à ce que les religions, et la foi chrétienne en particulier, ont reçu et donné à l'humanité en matière de clefs".

Dans un troisième temps, Benoît XVI a évoqué notre société dans laquelle "se sont ouvertes de nouvelles dimensions du savoir", mises en valeur par l'université dans le champ des sciences naturelles et des sciences humaines. Parallèlement, on a heureusement assisté "à la reconnaissance des droits et de la dignité de l'homme", sans que le chemin de l'homme puisse se considérer accompli.

On se trouve "devant le danger de tomber dans une déshumanisation qui n'est jamais vraiment écarté... Pour ne parler que de lui, le danger pour le monde occidental est que la vastitude de son savoir et de son pouvoir l'emporte sur la question de la vérité. Cela signifierait aussi que la raison succombe à la fin à la pression des intérêts, à l'attraction de l'utilité, considérés comme critères ultimes".

"Il y a le danger de voir une philosophie, démissionnant de ses responsabilités réelles, se transformer en positivisme. Et celui pour la théologie et sa mission d'éclairage de la raison de se réduire à la sphère privée de tel ou tel groupe quantitatif".

Pour conclure, Benoît XVI s'est demandé ce que le Pape devrait dire ou faire dans une université: "Il est certain qu'il ne doit pas chercher à imposer autoritairement la foi à autrui. La foi ne peut être proposée que dans la liberté." Au-delà de son ministère de Pasteur de l'Eglise, et en vertu de la nature spécifique de ce ministère, sa mission est de maintenir haute le goût de la vérité, d'inviter la raison à se remettre à la recherche du vrai, du bien et de Dieu, d'encourager la raison à suivre les éclairages qui scandent l'histoire de la foi chrétienne".

"Le danger du monde occidental, pour ne parler que de lui, est aujourd'hui que l'homme, justement en raison de la grandeur de son savoir et de son pouvoir, capitule devant la question de la vérité" et que la raison "cède à la pression des intérêts et aux attraits de l'utilité érigée en critère suprême", estime le Pape théologien. (source : VIS)

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