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2008-01-24 - Madagascar
LE BRAS DE FER ENTRE L'ÉGLISE ET LE GOUVERNEMENT

La récente décision officielle de suspendre l'émission quotidienne Karajia de la radio Don Bosco risque d'influer sur les relations entre l'Etat et l'Eglise catholique dont la Conférence épiscopale, l'ECAR, doit prochainement faire connaître sa position.

La censure de l'émission «Karajia» a outré les catholiques. L'archevêque d'Antananarivo, Mgr Odon Razanakolona, a déclaré en effet que le sujet sera discuté à la conférence épiscopale qui se tient en février. En attendant ce rendez-vous, l'archévêque d'Antananarivo, fait remarquer la déception des auditeurs de l'émission interdite.

Le représentant de l'ECAR au sein du Conseil des Eglises chrétiennes, la FFKM, condamne la mesure administrative d'annuler cette émision d'une manière indirecte. Selon lui, la RDB, en tant que radio à vocation éducative, ne peut inciter ses auditeurs à agir contre l'Etat.

On reproche en effet à l'émission d'avoir donné la parole à un auditeur invitant les auditeurs à une "descente sur la Place du 13 mai" contre certaines décisions du gouvernement.

Mgr Razanakolona fait état de ses préoccupations quant à la véritable raison de la sanction. Il n'exlut pas une éventuelle manoeuvre qui vise à nuire à l'émission. Il se demande même «si l'auditeur, qui avait tenu des propos incitant à une descente sur la Place du 13 mai, n'avait pas pour mission de piéger l'émission. L'évolution rapide de la situation a attiré mon attention : les autorités ont pris une mesure de suspension immédiate de l'émission juste après l'incident.»

L'archevêque souligne que ce n'est pas la première fois que l'Eglise catholique est victime de ce genre d'actes administratifs. Il a rappelé, entre autres, «l'interdiction» de la retransmission en direct sur la télévision nationale, de la grande messe de clôture du synode sur la vie des prêtres, célébrée à Mahamasina, l'année dernière.

De même la perquisition menée dans l'enceinte d'une paroisse de Fianarantsoa, le 13 janvier 2007, avait provoqué la colère des catholiques, car l'objectif en était de capturer Pety Rakotoniaina, ancien maire de Fianarantsoa, alors en cavale.

Le P. François de Paul, responsable de la communication du diocèse d'Antananarivo, s'abstient quant à lui de tout commentaire direct sur la suspension de l'émission Karajia. Il se contente de répéter que les évêques publieront une déclaration à l'occasion de la Conférence épiscopale.

Ce nouveau imbroglio relance le bras de fer entre l'Eglise catholique et l'Etat. La cohabitation devient ainsi de plus en plus difficile avec les incidents à répétition entrecoupés de rappprochement de circonstance. La censure de Karajia remue ainsi le couteau dans la plaie et risque de couper le pont de façon définitive.

Régis Ranaivomandroso, directeur de publication de la Radio Don Bosco (Rdb), a annoncé le projet d'une nouvelle émission qui remplacera Karajia. Elle occupera le temps d'antenne d'une heure, occupé auparavant par l'émission censurée. Elle verra aussi la participation des auditeurs pour ne pas les décevoir.

Les zones de couverture de la Rdb sont Antananarivo, Moramanga, Miarinarivo et Tsiroanomandidy. Eventuellement, des radios catholiques diocésaines, sous contrat, captent et rediffusent les émissions de RDB. (source : Allafrica)

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