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du 22 au 24 janvier 2008 (semaine 04)
 

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2008-01-24 - Inde
SE CONVERTIR, FUIR OU MOURIR

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Se convertir à l’hindouisme, fuir ou mourir sont les seules options que nous ont laissées les fondamentalistes hindous", a confié à la mi-janvier Birendra Digal, un protestant, contraint, avec toute sa famille, de fuir son village de Mundarigam.

Il s'est réfugié dans une autre bourgade du district de Kandhamal, en Orissa. Depuis, il vit caché avec ses proches, dans la crainte de représailles. Son cas n’est malheureusement pas isolé, puisque, selon des sources locales, plusieurs dizaines de familles de la région ont reçu des menaces. Le 25 décembre dernier, dans le seul village de Mahasingh, 25 familles chrétiennes, après avoir été menacées, ont été converties à l’hindouisme.

" Je n’avais pas d’autre alternative que de me convertir à l’hindouisme, a déclaré Sumant Digal, un protestant originaire d’un autre village de la région de Kandhamal. Si je ne m’étais pas converti, les fondamentalistes hindous auraient incendié ma maison ; ils m’avaient également menacé de mort." Selon un avocat, plusieurs chrétiens ont porté plainte en demandant une protection renforcée de la police. Des sources locales ont toutefois précisé que, jusqu’à présent, les chrétiens n’ont bénéficié d’aucune protection et que personne n’avait été arrêté suite aux menaces ou aux violences commises à leur encontre.
 
Rappelons que quelques semaines après le sanglant Noël des chrétiens de Bhubaneswar, capitale de l’Etat de l’Orissa, où, pendant cinq jours, les chrétiens ont été la cible de violences perpétrées par des fondamentalistes hindous – une cinquantaine d’églises, plus de 400 maisons ont été incendiées et au moins cinq personnes ont trouvé la mort –, les chrétiens de la région continuent d’être la cible de groupes nationalistes hindous, qui, avec la complicité des autorités locales ou gouvernementales, agissent en toute impunité.

Selon Mgr Raphaël Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, bien que différentes demandes d’aides aux victimes aient été déposées auprès des autorités – depuis les événements, les associations ne sont pas autorisées à venir en aide aux victimes, officiellement pour des raisons de sécurité –, "aucune réponse positive" du gouvernement n’a été donnée. Sœur Nirmala, supérieure générale des Missionnaire de la Charité, qui, sous escorte policière, a néanmoins pu rendre visite aux victimes de Bhubaneswar, s’est dit très affectée par l’étendue des dégâts constatés. "Le pays devrait avoir honte de tolérer de telles atrocités", a-t-elle déploré.

Le 21 janvier dernier, dans l’Etat du Maharashtra, près de 20 000 chrétiens ont manifesté pacifiquement dans les rues de Pune, pour protester contre ces violences. A un colloque organisé à New Dehli, deux jours auparavant, deux anciens ministres de la Justice ont appelé les gouvernements des Etats ainsi que le gouvernement fédéral à restaurer la liberté religieuse en Inde et à prendre des mesures adéquates pour que le sentiment d’insécurité qui prévaut chez les minorités religieuses cesse enfin. Pour John Dayal, président de l’Union catholique pan-indienne (All India Catholic Union), également présent au colloque, "la société civile indienne a détourné son regard lors des dernières attaques antichrétiennes en Orissa". (source : Eglises d'Asie-EDA)

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