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du 5 au 8 février 2008 (semaine 06)
 

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2008-02-08 -
POUR UNE PAUSE DANS LE DIALOGUE

Après la publication de la "nouvelle prière pour les juifs" qui appelle toujours toujours à leur conversion, l'assemblée des rabbins italiens s'est prononcée pour une "pause" du dialogue avec l'Eglise catholique.

La "prière pour la conversion des juifs" faisait partie de la messe du Vendredi Saint dans le rite en latin abandonné par l'Eglise catholique après le concile Vatican II mais récemment réhabilité par Benoît XVI dans un geste d'ouverture vers les catholiques traditionalistes.

Des organisations juives avaient alors dénoncé le maintien de cette prière où les fidèles appelaient Dieu à soustraire le peuple juif de "ses ténèbres" et de son "aveuglement". Le Vatican en avait promis la modification.
"On pourrait étudier" la suppression de cette prière, "ce qui résoudrait tous les problèmes", avait même déclaré le cardinal Tarcisio Bertone le 18 juillet 2007.

Cependant la nouvelle version maintient l'appel à la conversion puisqu'elle demande à Dieu qu'il "éclaire le coeur des juifs" afin "qu'ils connaissent Jésus-Christ, sauveur de tous les hommes". Elle demande aussi à Dieu de permettre "que tout Israël soit sauvé en faisant entrer la foule des gens dans (son) Eglise".

Le rabbin de Milan, Giuseppe Laras, président de l'assemblée des rabbins d'Italie, a déploré le maintien de cette prière qui risque, selon lui, de "finir par renforcer parmi les juifs le courant opposé au dialogue avec l'Eglise catholique".

La
nouvelle version de cette prière ne satisfait pas le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, qui y a aussitôt vu "un obstacle à la poursuite du dialogue entre juifs et chrétiens" .

Mercredi soir, la protestation est venue de l'assemblée des rabbins italiens dans un communiqué signé de leur président Giuseppe Laras. Pour lui, le nouveau texte de la prière substitue à l'expression sur "l'aveuglement des juifs" une autre "conceptuellement équivalente" en dépit d'une formulation "apparemment moins forte", puisqu'elle demande maintenant que "Dieu les éclaire".

Mais
surtout, il déplore, "le fait le plus grave est qu'a été introduit un appel aux fidèles à prier pour que les juifs reconnaissent finalement +Jésus Christ sauveur+".

"Le Pape est certes libre de décider ce qu'il juge le mieux pour son Eglise et ses fidèles, mais il n'en reste pas moins que l'adoption d'une telle formule liturgique contredit nettement et dangereusement au moins quarante ans d'un dialogue souvent difficile et tourmenté entre judaïsme et catholicisme, qui semble ainsi n'avoir donné aucun résultat concret".

Cette situation "nous impose pour le moins une pause de réflexion dans le dialogue avec les catholiques afin de comprendre vraiment quelles sont leurs intentions", concluent l'ensemble des rabbins.

Le cardinal Kasper a tenu à préciser, deux jours après le communiqué des rabbins, qu'en maintenant la "prière pour les juifs" expurgée de l'expression "agressive" sur leur "aveuglement", "le Saint Père a voulu dire: oui, Jésus Christ est le sauveur pour tous les hommes, et donc aussi pour les juifs".

Il a souligné que juifs et catholiques ont "beaucoup en commun", mais qu'ils ont aussi "une différence qu'il ne faut pas cacher : pour les chrétiens, Jésus est le Christ, le messie, le fils de Dieu. Nous devons respecter l'identité des juifs, eux doivent respecter la nôtre", a-t-il ajouté. (source : Service de presse du Vatican)

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