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FlashPress - Infocatho
du 5 au 7 février 2008 (semaine 06)
 

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2008-02-07 -
S'IL Y A POLÉMIQUE, FAUT-IL CESSER LE DIALOGUE ?

Les rabbins italiens demandent « une pause » dans le dialogue judéo-catholique. Pour Jean-Marie Allafort dans "Un écho d'Israël", la réaction de certaines autorités rabbiniques était prévisible, mais est-ce une raison de cesser le dialogue.

" Insistons, estime-t-il, pour dire que cette prière ne concerne qu’une infime partie des catholiques fidèles à l’ancien rite latin. La belle formulation du missel de Paul VI de la prière pour les Juifs le Vendredi-Saint reste inchangée. Cette retouche est destinée à un public qui, dans sa grande majorité, est héritière d’une tradition anti-juive, voire parfois antisémite. Si ces chrétiens ne considèrent plus le peuple juif comme déicide c’est déjà un progrès notoire.

Ce texte liturgique est certes une concession pastorale à une communauté à la frange de l’Eglise catholique. Elle n’implique en rien un changement d’attitude aussi bien sur le plan théologique que sur le plan du dialogue. Qui mieux qu’un Juif peut comprendre que la tradition est fondamentale et qu’une phrase liturgique, même malheureuse, ne saurait effacer plus de 40 ans de dialogue entre le peuple d’Israël et les catholiques ?

Cette formulation reflète également un courant de pensée au sein de l’Eglise (pas seulement catholique) qui interprète d’une façon différente les Ecritures à propos du statut du peuple d’Israël dans l’économie du salut.

Dans certains milieux juifs, on a parfois tendance à penser l’Eglise catholique comme une pyramide, oubliant qu’il existe des écoles théologiques et des courants de pensée très diverses. Chaque texte ou discours prononcé à Rome par le pape ou un cardinal n’est pas le dernier mot du magistère, loin de là. Notons ici d’ailleurs que la dernière phrase de la prière est une citation presque littérale de Rm 11, 25 qui est ouverte à de nombreuses interprétations.

De même, il serait faux de voir le Pape comme un Premier ministre qui annule les décisions de son prédécesseur. La tradition est ici fondamentale. Benoît XVI, avec ses accents propres, se situe dans la ligne de Jean-Paul II, et les acquis dans les relations judéo-catholiques ne sont pas remis en cause. Aucun texte sorti d’un dicastère romain ou signé de la main de Benoît XVI n’a été envoyé aux évêques pour leur demander dorénavant de prier pour la conversion des Juifs dans les églises. Aucun document officiel de l’Eglise ne vient altérer les progrès de ces 40 dernières années.

Dans le judaïsme, l’opinion de Rachi n’est pas annulée par celle de Rabénou Tam. Elles existent conjointement et donnent lieu à des discussions et à de nouvelles interprétations. Qui mieux qu’un rabbin peut comprendre cela ?

Les rabbins italiens demandent une pause dans le dialogue comme si les traditions, juives et chrétiennes, pouvaient être, pour un temps, des monologues ! C’est justement en période de crise que le dialogue est nécessaire. La "mahloquet" (divergence d’opinions) n’existe pas seulement dans le judaïsme, mais aussi dans le monde chrétien. S’il y a "mahloquet", il faut absolument continuer la discussion aussi bien entre catholiques (et ça risque d'y chauffer sur ce sujet !) qu’avec les Juifs. (source : Un écho d'Israël)


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