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du 9 au 12 février 2008 (semaine 06)
 

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2008-02-12 - Égypte
MANOEUVRE OU VERDICT "HISTORIQUE"

Contrairement à la jurisprudence actuelle, le Haut tribunal administratif égyptien a autorisé le 9 février douze chrétiens coptes, convertis à l'islam, à revenir officiellement à leur foi d'origine, dans un verdict qualifié d'"historique" par leur avocat.

La cour a accepté que les plaignants puissent être présentés comme "chrétiens" sur leur pièce d'identité, et non plus comme "musulmans" comme c'était le cas jusqu'à ce jour tant pour un musulman devenant chrétien que pour un chrétien revenant à la foi chrétienne à la suite de sa conversion à l'islam.

Conformément à ce verdict sans appel, le ministère de l'Intérieur devra promulguer des cartes d'identité aux plaignants alors qu'il refusait de le faire jusqu'à présent. Ces cartes devront toutefois spécifier que ces personnes avaient "temporairement adopté l'islam" pour éviter, selon la cour, "toute manipulation ou dissimulation des conséquences juridiques ou sociales créées lors de cette conversion", comme les mariages ou les naissances.

Le verdict a été accueilli par les applaudissements des plaignants et de leurs avocats ainsi que de nombreux coptes présents à l'audience qui ont crié "Vive la justice".

"C'est un verdict historique, une victoire de la liberté de la foi en Egypte, l'application de l'article 46 de la Constitution qui garantit la liberté de la foi à tous les citoyens", a déclaré l'avocat Ramses al-Naggar.

Mais il se peut que cette décision juridique soit l'écho d'un malaise provoqué par les accusations internationales contre l'absence des droits de l'homme en matière religieuse, en Égypte.

Des plaignants craignent aussi les retombées de la mention de leur conversion. "Cette remarque est dangereuse car elle nous assimile à des apostats, ce qui au regard de l'islam et des musulmans est punissable de la peine de mort". Dans son énoncé du verdict, le juge Al-Sayyed Nawfal a tenu à statuer que "le gouvernement doit inscrire les indications véritables et réelles à la date de délivrance" des nouvelles cartes d'identité. "Mentionner ces indications n'est pas considéré comme une déclaration d'apostasie".

En avril, en première instance, une cour avait rejeté la demande de ces coptes convertis. Elle avait estimé que cela équivalait à de l'apostasie selon la charia (loi islamique) et constituait une "manipulation de l'islam et des musulmans". "Cette décision crée un précédent et s'appliquera à tous les cas semblables en Egypte", qui seraient au nombre de 460, selon Me Naggar.

"C'est un regain d'identité, un retour à la vie", a déclaré Yasser Helmi, 27 ans, l'un des plaignants bénéficiant du verdict. "Durant mon adolescence, mon père s'était converti à l'islam. Il avait changé ma religion sur les documents officiels à mon insu et à l'insu de ma mère".

En Egypte, où la religion est mentionnée sur les documents officiels, les chrétiens se convertissant à l'islam le font souvent pour contourner les règles très strictes de l'Eglise copte concernant le divorce ou pour épouser une personne de confession musulmane. (information : presse et Al Gomhuria)        

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