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FlashPress - Infocatho
du 25 au 28 février 2008 (semaine 09)
 

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2008-02-28 - Chine
POUR MONTRER L'HARMONIE DE L'ÉTAT AVEC L'ÉGLISE

Que veut dire, en "Un"e du Quotidien du peuple, la photo du patron de l’Association patriotique des catholiques chinois, sans doute qu'il est un des éléments non négligeables dans les rapports entre le gouvernement et le Saint-Siège.

Anthony Liu Bainian, le vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, est depuis de longues années considéré comme la personnalité qui met en musique la politique du Parti communiste et du gouvernement chinois concernant l’Eglise catholique en Chine. Laïc, âgé d’un peu plus de 75 ans, il n’a jamais vu son autorité remise en question par la haute direction chinoise et la récente publication d’une photo de lui en "Une" du Renmin Ribao (Quotidien du peuple), pour inhabituelle qu’elle soit, semble indiquer qu’il est solidement en place.

On y voit Hu Jintao, qui concentre la double casquette de président de la République populaire et de secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), serrant la main de Liu Bainian. La légende indique que Hu Jintao salue des personnalités issues de divers horizons. Quelques semaines plus tard, le 25 janvier, la même photo a été utilisée en Une de L’Eglise catholique en Chine, bimensuel conjointement publié par l’Association patriotique et la Conférence des évêques « officiels » de Chine. Cette fois-ci, la légende était nominative : « Le secrétaire général Hu Jintao salue chaleureusement le vice-président Liu Bainian. »

Pour le rédacteur en chef de L’Eglise catholique en Chine, Liu Yuanlong, il a précisé que c’était la première fois que sa publication montait en "Une" le chef de l’Etat ; selon lui, cette photo illustre l’harmonie régnant entre l’Eglise et l’Etat ainsi que "l’attention du gouvernement pour les religions".

Sur le fond, « les communistes » et la haute direction chinoise, que ce soient ses composantes « libérale » ou « conservatrice », ont toujours vu la religion « comme un domaine réservé et un sujet délicat ». En octobre dernier, à la faveur du 17ème congrès du PCC, le mot « religion » a même fait son entrée dans les statuts du Parti.

Hu Jintao a émis trois demandes : que la position de base du PCC sur les religions perdure, que le gouvernement approfondisse son travail auprès des croyants et que la formation des personnels religieux soit renforcée.

Les propos tenus par Hu Jintao tels qu’ils ont été rapportés par l’agence officielle montrent que, sur le fond, la volonté politique de contrôle sur les religions ne change pas et reste aussi ferme qu’il y a vingt ans. Dans l’immédiat, les autorités veilleront toutefois à ne prendre aucune initiative qui pourrait provoquer l’opprobre de l’opinion internationale, l’objectif premier étant que les Jeux olympiques de cet été se déroulent de manière harmonieuse.
 
Par ailleurs, la rencontre informelle qui a eu lieu aux Etats-Unis ce 20 février entre le nonce apostolique accrédité aux Etats-Unis et le directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses (ex-Bureau des Affaires religieuses), pour inédite qu’elle soit, ne permet pas, là aussi, d’affirmer que les positions entre le Saint-Siège et Pékin sont sur le point de se rapprocher pour déboucher sur une normalisation des liens diplomatiques.

Rest à savoir en effet quel est le degré de liberté religieuse que le régime chinois est prêt à concéder aux religions de manière générale et à l’Eglise catholique en particulier. Au Vatican, un prélat proche du dossier a déclaré qu’il n’y avait « rien de nouveau », rien qui laisse entrevoir une issue rapide à ce dossier à l’histoire déjà longue. (source : EDA)


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