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du 7 au 10 mars 2008 (semaine 10)
 

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2008-03-10 - Philippines
NOUS DEVONS ÊTRE DES PASTEURS


"Plutôt que des politiques, nous devons êtres pasteurs", déclare Mgr Francisco Claver, qui avait été chargé en 2006 par les évêques philippins de mener une réflexion sur la promotion des valeurs morales dans la vie politique du pays.

Quelques jours après que la Conférence des évêques catholiques des Philippines ait pris position dans les débats qui agitent actuellement la scène politique de la capitale, Mgr Francisco Claver, revient sur la récente déclaration des évêques. Dans un entretien accordé à l’agence Ucanews, il précise le rôle que la hiérarchie de l’Eglise catholique souhaite tenir dans ce pays, où, à nouveau, les pressions de la rue et des milieux politiques sont fortes pour obtenir le départ du chef de l’exécutif.

Mgr Claver, jésuite, a derrière lui une longue expérience de responsable religieux. C’est notamment lui qui avait rédigé la lettre déclarant que le dictateur Ferdinand Marcos avait perdu toute légitimité à gouverner après les fraudes massives opérées lors des élections de février 1986. Peu après, un million de personnes étaient dans les rues de Manille, à l’appel du cardinal Sin, pour obtenir le départ du dictateur philippin – lequel quitta le pays le 25 février 1986.

Vingt ans plus tard, Mgr Claver ne se dit pas étonné de voir les évêques critiqués pour ne pas avoir réclamé la démission de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo. « Nous savions que nous allions décevoir ceux qui appellent à la démission, mais, en lisant ce que nous avons écrit, comment peut-on affirmer que nous sommes pro-Arroyo ? », interroge-t-il.

Lors de la session extraordinaire de la Conférence épiscopale tenue à la fin du mois de février dernier, les évêques avaient débattu sur deux points : la démission (de la présidente) et le « People Power », ces manifestations populaires qui ont abouti au départ de Ferdinand Marcos en 1986 et à celui de Joseph Estrada en 2001.

Pour Mgr Claver la démission n’est acceptable que si elle repose sur une base légale. « Nous avons une Constitution et, si nous commençons à agir en-dehors, le fonctionnement normal des institutions n’est plus assuré. C’est bien de cela qu’ont peur la plupart des évêques. C’est la stabilité du pays qui est en jeu », assure-t-il, en ajoutant que le Sénat compte 24 membres, soit 24 candidats potentiels à la présidence et que le pays ne peut se permettre d’enfiler les « People Power » les uns à la suite des autres.

En 1986, poursuit-il « en dépit de toutes les atrocités [commises sous la dictature], nous n’avons jamais demandé à Marcos de démissionner. Nous lui avons demandé de restaurer la Constitution et la démocratie, de respecter les droits de l’homme. Il ne nous est jamais venu à l’idée d’interférer dans les affaires gouvernementales ou de demander à Marcos de quitter le pouvoir », précise Mgr Claver. Si nous avons pris position sur la place publique, c’est parce que les gens avaient peur. « Personne n’osait parler, alors nous l’avons fait, pour le peuple, pour le bien du peuple », ajoute-t-il.

Or, les temps ont changé et, si l’expression « People Power » signifie quelque chose, c’est bien que le peuple – et non plus les responsables de l’Eglise – doivent occuper le devant de la scène. Une partie de l’opinion publique et du personnel politique veut voir l’Eglise prendre position par une déclaration politique, analyse encore Mgr Claver. « Mais nous avons choisi une approche pastorale ».

A ce jour, continue-t-il, « elle (Gloria Arroyo) n’a pas donné de signe qu’elle était prête à changer, mais nous avons à prendre en compte cette dimension pastorale dans notre politique ». « Plutôt que des politiques, nous devons être pasteurs », conclut-il, en citant à son appui l’encyclique Deus Caritas est où Benoît XVI explique que, si l’Eglise travaille à un monde plus juste, ce n’est pas à elle de l’imposer. (source : EDA)

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