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du 18 au 21 mars 2008 (semaine 12)
 

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2008-03-21 - Inde
LES CASTES PERDURENT AU SEIN DE L'ÉGLISE

Les divisions dues à l’appartenance de castes et à l’appartenance linguistique, celle-ci étant liée à celle-là, continuent de marquer les communautés religieuses au Tamil Nadu et ont un impact sur leur spiritualité, leur unité et leur avenir.

Tel est le constat dressé par un religieux catholique, après une étude menée auprès de 53 congrégations religieuses, locales et internationales, actives au Tamil Nadu, un Etat du sud de l’Inde. Seule une politique volontariste d’éducation et d’ouverture « multiculturelle » permettra de « contrer les effets liés à ces identités de groupe » afin de permettre « une croissance saine et équilibrée des communautés religieuses catholiques», explique Frère Paul Raj, 45 ans, des Frères de Saint-Gabriel.

Selon l’étude, 43 % des religieux et religieuses interrogés disent que des discriminations de castes sont « manifestement à l’œuvre » dans les nominations, les transferts et autres décisions. Pour huit sur dix des personnes sondées, la pensée et les actes des religieux, hommes et femmes, sont affectés par « des attitudes influencées négativement par l’appartenance linguistique et de castes ». Et ces tendances sont « exprimées au Tamil Nadu plus ouvertement qu’ailleurs ». Toutefois, avant de choisir la vie religieuse, près de 80 % des religieux et religieuses interrogés n’avaient pas conscience du fait que ces aspects liés à la caste jouait un rôle si important dans la vie des congrégations religieuses. L’auraient-ils su, ils sont 54 % à affirmer qu’ils n’auraient pas choisi l’engagement qui est désormais le leur.

Pour 70 % des sondés, le problème des castes dans l’Eglise n’est pas limité à la seule vie interne des congrégations religieuses. Il se constate dans l’ensemble de la vie de l’Eglise au Tamil Nadu. Les consultations menées avant les nominations « ne constituent plus un exercice sain » dans la mesure où « les appartenances linguistique et de castes influent sur ces décisions ». Tout ceci a « de graves répercussions » sur le témoignage que l’Eglise donne à la société indienne.

Des conflits entre des paroissiens dalits tamoulophones et des paroissiens de la caste des Reddiyars, s’exprimant en telugu (telegu), ont entraîné la fermeture durant dix ans de la paroisse catholique de Thachur, localité située sur le territoire du diocèse de Chingleput (Chengalpattu), au Tamil Nadu. La réouverture de la paroisse n’a pu se faire, fin 2006, que grâce à l’intervention de l’Etat.

Pour contrer ces faits, Frère Raj recommande diverses mesures. Tout d’abord, la Conférence des supérieurs majeurs en Inde sera informée de la teneur de son travail. Ensuite, seul un travail en profondeur d’éducation et d’apprentissage « multiculturel » peut amener les congrégations religieuses à mieux « témoigner du message de Jésus Christ ».

Mais 62 % des sondés constatent « des résistances » dès lors qu’il est question de renforcer « le multiculturalisme ». Frère Raj recommande que les supérieurs des congrégations « identifient des personnalités prophétiques pour les promouvoir et contrer ainsi les forces de division ». Les nominations faites sur la base d’une appartenance de castes doivent être bannies et chaque congrégation doit s’interroger sur sa fidélité à son charisme d’origine. (source : Eglises d'Asie-EDA)


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