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2008-03-24 - France
FAUT-IL CHANGER LA LÉGISLATION SUR L'EUTHANASIE ?


Le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France (CEF), se dit opposé à un changement de législation sur l'euthanasie, mettant en avant l'existence de la loi Leonetti sur la fin de vie des malades incurables.

Chantal Sébire, 52 ans, retrouvée morte mercredi à son domicile de Plombières-les-Dijon (Côte-d'Or), souffrait depuis plusieurs années d'un esthesioneuroblastome, une tumeur incurable et potentiellement mortelle qui lui déformait le visage. Elle s'était toujours déclarée "violemment hostile" à un suicide mais souhaitait que lui soit administrée une injection létale.

Au-delà de la très forte émotion suscitée par la médiatisation dès fin février de ce douloureux dossier, et cinq ans après l'affaire Humbert, un jeune qui demandait la mort en raison de son état, le cas de Chantal Sébire a relancé le débat sur l'euthanasie active légale comme elle est pratiquée dans plusieurs pays d'Europe, en particulier Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Suisse.

"Je ne suis pas sûr qu'il faut se poser la question (de changer la loi, ndlr) chaque fois qu'il y a une situation dramatique, parce que les lois ne sont pas faites pour résoudre chaque problème particulier", a déclaré Mgr Vingt-Trois, interrogé le 22 mars sur France Info sur le cas de Chantal Sébire.

"Nous avons une loi qui est assez équilibrée", la loi Leonetti, "qui n'a pas été complètement appliquée", a poursuivi l'archevêque de Paris, en soulignant que, "par définition, les exceptions ne sont pas la loi".

La loi sur la fin de vie du 22 avril 2005 tend à instaurer un droit au "laisser mourir", sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active. Elle autorise l'utilisation de sédatifs, de calmants et d'antalgiques à des doses nécessaires pour supprimer toute douleur physique ou morale, même si l'utilisation de ces médicaments abrège la vie.

Pour le président de la Conférence des évêques de France, "au-delà du cas particulier" de Mme Sébire, la question qui se pose est "quel genre de société nous voulons développer".

"Est-ce que nous voulons instituer que le corps médical va devenir l'arbitre de la prolongation de la vie ou de son interruption, est-ce que nous voulons instituer qu'il y aura dans notre société des gens qui pourront dire d'eux-mêmes, ou dont on pourra dire, qu'ils ne sont plus dignes de vivre (...) quel va être le critère de jugement ou la limite?", s'est interrogé le cardinal Vingt-Trois.

Plusieurs évêques ont également commenté la demande d'euthanasie de Chantal Sébire, non pour être des "donneurs de leçon" mais pour fournir des "éléments de discernement", assurant qu'il "faut s'attaquer à la souffrance, pas à la vie", indique la Conférence des évêques de France (CEF) qui a mis leurs interventions sur son site.

Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon, souligne que "le drame de la souffrance interroge notre liberté. Réclamer d'un tiers le geste qui vous prive de la vie est un cri de désespoir. Mais aussi un appel à l'aide (...) Supprimer la souffrance est une chose, supprimer la vie en est une autre".

"Devant une maladie incurable, indique Mgr Minnerath, on doit rappeler les éléments de discernement qui peuvent conduire à soulager la douleur par les soins palliatifs, même si les analgésiques peuvent amoindrir la conscience de soi et abréger la vie, interrompre un traitement curatif sans espoir de guérison, éviter tout acharnement thérapeutique".

"Dans ces critères apparaît le souci de soulager, d'accompagner la personne, d'éviter la douleur" (...) "Parler d'une +exception d'euthanasie+, c'est ouvrir une brèche non seulement dans la déontologie médicale universelle, mais dans la notion même de l'indisponibilité de la vie humaine. Il faut s'attaquer à la douleur, pas à la vie". (information : CEF)

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