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du 22 au 24 mars 2008 (semaine 12)
 

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2008-03-24 -
LA FÊTE PASCALE DES CHRÉTIENS D'IRAK


Le chemin de croix des chrétiens d’Irak continue. La communauté chrétienne reste marquée par le tragique sort de l’archevêque de Mossoul et des dizaines de religieux qui ont subi le même sort et certains froidement assassinés depuis 2004.

Une nuit sombre enveloppe désormais ce pays. L’Irak est en crise permanente, où « la loi de la jungle triomphe face à une police impuissante », selon les termes du P. Nageeb Mikhail, dominicain irakien. Les Américains, défaits, sont de plus en plus empêtrés. C’est la guerre ouverte de tous contre tous, et tout le monde soupçonne tout le monde. Pour beaucoup d’Irakiens, la vie est devenue un enfer, en particulier pour les minorités chrétiennes si vulnérables.

Près de 100 000 personnes fuient chaque mois vers la Syrie et la Jordanie. Plus de deux millions d’Irakiens (chrétiens compris) ont déjà quitté leur pays. À cela il faut ajouter deux millions d’Irakiens déplacés à l’intérieur du pays, dont des chrétiens.

Écartés désormais du jeu politique, devenus une communauté marginalisée, les chrétiens sont victimes de vexations de toutes sortes et subissent régulièrement des situations douloureuses : enlèvements, demandes de rançon, assassinats, atteinte aux biens des personnes et à leurs propriétés, torture, violence, menaces, intimidation.

Mgr Georges Casmoussa, archevêque syrien-catholique de Mossoul, lui-même enlevé en janvier 2005, a résumé la situation qui prévaut : « C’est une guerre civile à l’irakienne, même si l’on se refuse à dire le mot. Il y a une situation de violence inouïe, pire de jour en jour (…) . On s’attend à une vague d’émigrations d’Irakiens, chrétiens et musulmans, aussi bien vers les pays proches qu’en Occident»

Plus de 30 églises ont été la cible d’attentats piégés, souvent de façon coordonnée dans plusieurs villes. À elle seule, l’année 2004 a vu 14 églises attaquées. Des prêtres ont été enlevés et assassinés, comme Boulos Iskandar, prêtre syrien­orthodoxe de l’église Saint-Éphrem à Mossoul, décapité le 11 octobre 2006. Mundher Aldayr, pasteur protestant à Mossoul, a été assas­siné le 26 novembre 2006. Deux religieuses chaldéennes de 79 ans et de 85 ans ont été tuées à coups de poignard dans leur maison de Kirkouk le 29 mars 2007. En avril 2007, des extrémistes ont menacé d’incendier des églises si les croix n’étaient pas enlevées des édifices religieux à Bagdad.

Des pressions sont exercées sur les chrétiens pour se convertir à l’islam. Le 23 avril 2007, une bombe a explosé pour la première fois au village chrétien de Tel-Esqof, dans la plaine de Ninive, non loin de Mossoul, tuant 20 chrétiens assyro­chaldéens et faisant beaucoup de blessés. Les femmes sont obligées de porter le voile, des boutiques de chrétiens sont incendiées, des étudiants attaqués à Mossoul et à Bagdad. Il n’y a pratiquement plus de chrétiens à Bassora.

À Mossoul, qui ne compte pourtant que 3 % de chrétiens, le tiers de ceux-ci ont été contraints d’abandonner leurs domiciles. Bagdad s’est vidée de plus de la moitié de sa population chrétienne, partant vers le nord ou l’étranger.

Sur 800.000 chrétiens, plus de 350 000 ont déjà pris le chemin de l’exil (Syrie, Jordanie, Turquie, Liban). Leurs témoignages qualifient la situation d’intolérable, de terri­fiante et d’épouvantable. D’autres sont des déplacés dans leur propre pays. Les trois quarts de la population du quartier de Dora, jadis centre chrétien à Bagdad, sont partis, et ses sept églises ont fermé. Les évêques qualifient la situation en Irak de «folie pour la raison humaine » .

Quant au patriarche Emmanuel III des chaldéens, il a fortement mis en cause les autorités irakiennes et les forces étrangères pour leur incapacité à protéger les chrétiens. Il a appelé à une intervention décisive pour arrêter l’hémorragie des chrétiens persécutés d’Irak. (information : AED)

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