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du 25 au 28 mars 2008 (semaine 13)
 

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2008-03-28 - Bouthan
QUAND TOUTES LES LIBERTÉS SERONT RECONNUES

Pour les diverses autorités religieuses chrétiennes, l’ouverture du royaume à la démocratie ne signifie pas l’établissement de toutes les libertés associées à un régime démocratique, dans un pays où le bouddhisme a rang de religion d'État.

Le 24 mars dernier, environ 80 % des 318 000 électeurs du royaume du Bhoutan sont allés voter pour parachever un processus de démocratisation initié en 2006 par le roi Jigme Singye Wangchuk. Monarchie absolue depuis 1907, le royaume fonctionne désormais sous un régime de monarchie constitutionnelle, les électeurs ayant donné une très forte majorité (44 sièges sur 47) au Druk Phuensum Tshogpa (Parti de l’harmonie du peuple), dirigé par un ancien Premier ministre très populaire, Jigmi Thinley.

Le chef de l’Etat demeure le roi Jigme Khesar Namgyal Wangchuck, âgé de 28 ans et monté sur le trône après l’abdication de son père. Pour un certain nombre de chrétiens connaissant bien ce pays où le bouddhisme a rang de religion d’Etat, ces élections sont une bonne chose mais ne résolvent pas toutes les questions en suspens, notamment celles de la liberté religieuse.

Mgr Stephen Lepcha est évêque du diocèse catholique de Darjeeling, en Inde. Le territoire de son diocèse couvre le Bhoutan et, si aucun prêtre catholique ne vit de manière permanente dans ce petit royaume himalayen, des échanges ont lieu régulièrement avec une dizaine de familles catholiques installées au Bhoutan. « Nous nous assurons qu’elles puissent recevoir l’Eucharistie au moins une fois par mois. Les plus hautes autorités du royaume nous connaissent ; elles savent ce que nous faisons et nous agissons avec discrétion. Il ne s’agit certainement pas pour nous de nous manifester sur les places publiques », explique Mgr Lepcha.

Si la Constitution provisoire garantit la liberté d’expression, de culte et la diversité culturelle, le gouvernement en place ne tolère pas d’autres religions que le bouddhisme. Cela n’empêche pas, poursuit l’évêque catholique, que la quasi-totalité des élites bhoutanaises ont étudié dans les écoles et les universités catholiques de Darjeeling. Devenus hauts fonctionnaires ou ministres, ces anciens élèves se montrent ouverts à l’Eglise. « Le système tel qu’il existe les empêche toutefois de manifester qu’ils nous apprécient. Nous devons respecter cela et nous montrer discrets », explique-t-il.

Pour le Rév. Pushplal Timsina, pasteur pentecôtiste bhoutanais d’origine népalaise, exilé en Inde, la conversion à la démocratie du roi est loin d’être aussi positive que peuvent le laisser croire les apparences. Soulignant le fait que la liberté religieuse n’est, dans les faits, pas garantie dans le royaume, il affirme que les élections du 24 mars sont « un rideau de fumée pour enraciner dans les nouvelles institutions un édifice théocratique au service du bouddhisme ».« Concrètement, poursuit-il, l’interdiction des religions autres que le bouddhisme va demeurer sous le régime démocratique et plus de 20 000 chrétiens et 200 000 hindous continueront de subir l’hégémonie du bouddhisme. » (source : EDA)

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