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2008-04-08 - Bolivie
VIVRE LA RÉCONCILIATION ET LA PAIX
L'évêque de El Alto, Mgr. Jesús Juárez Párraga, a lancé un appel pour que se vivent la paix et la réconciliation, un appel qui a été entendu puisque, le lundi 7 au soir, le cardinal Terraz rencontrait les divers leaders des provinces sécessionnistes.
Qu'on cesse de se déprécier, de s'insulter et de se disqualifier mutuellement dans cette période difficile que traverse le pays, avait-il déclaré en s'appuyant sur la foi chrétienne des partenaires opposés.
"Le Seigneur nous lance un fort appel au changement, à la conversion et à la réconciliation. Enflammons nos coeurs par la Parole de Dieu, ouvrons nos yeux et nos oreilles à tous les messages qu'il nous adresse et que les évêques transmettent au Peuple de Dieu."
" Des changements sont nécessaires dans ce pays. Ils ne peuvent être imposés pas plus qu'on ne peut y résister. Ils doivent devenir consensuels par le dialogue et la concertation. ... Nous avons reçu une vie nouvelle par le baptême, nous avons une même fraternité grâce à la lecture et à la méditation qui doivent nous faire mettre en pratique la Parole de Dieu."
Et Mgr Juarez Parraga de préciser :" Nous nous devons de pardonner, car tous nous nous disons catholiques. Comment pourrions-nous croître dans l'amour de Dieu et dans l'amour entre frères si nous n'avons pas ces sentiments de pardon, de réconciliation et de paix, si nous n'avons pas la ferme décision de rejeter les insultes, si nous ne rejoignons pas nos frères pour les aimer davantage, pour mettre en valeur leurs qualités, pour développer "une vie intégrale".
"Nous
sommes dans un moment de l'histoire de notre pays qui nécessite un changement, un changement qui est fondamental et nécessaire, et qui ne peut passer que par un consnsus, un dialogue et une entente entre tous."
Le cardinal Julio Terrazas, archevêque de Santa Cruz de la Sierra et président de la Conférence épiscopale bolivienne (CEB), pouvait enfin rencontrer le lundi soir à Cochabamba les gouverneurs de cinq départements détenus par l'opposition, pour tenter d'apporter une solution à la crise politique. "Il est très important pour le pays de rechercher une paix durable et d'arriver vraiment là où le peuple veut arriver pour que nous puissions nous lever et marcher tous ensemble une fois pour toutes", a dit le cardinal.
"Nous avons parlé avec le président de la République et à présent nous le faisons avec cette partie du pays qui a ses propres instances et sa façon de penser. Nous ne devons pas agir à la hâte, de manière à ce que les solutions ne soient pas
conjecturelles mais structurelles", a ajouté le cardinal devant les journalistes, avant qu'un communiqué officiel ne rende publiques les conclusions de l'entretien qualifié de "crucial" par la presse bolivienne.
Rubén Costas est le gouverneur de Santa Cruz, le département le plus riche du pays qui a convoqué un référendum local sur l'autonomie du département pour le 4 mai, comme l'on décidé ceux du Beni, Pando et de Tarija, referendum prévus en juin, tous rejetés par l'exécutif central de La Paz.
Rappelons qu'en effet la Bolivie traverse une période sociale et politique
difficile. Si elle détient les secondes réserves de gaz naturel d'Amérique du Sud, derrière le Venezuela. Elle est par ailleurs le 3ème producteur de coca qui demeure une source de revenus importante (3,5 % du PIB), malgré une intensification des programmes d'éradication.
La
Bolivie demeure le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud (70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté), souffrant de graves faiblesses structurelles (poids de la dette, dépendance vis-à-vis de l'aide extérieure et à l'égard des cours des produits de base, croissance faible pour réduire la pauvreté, chômage).
Le retour de la démocratie n'a pas permis de réduire les inégalités. De cet échec découle l'évolution qui a porté au pouvoir en décembre 2005 le Président Evo Morales, un Indien aymara, ex-syndicaliste et leader des « cocaleros », les Indiens, qui représentent 64 % de la population, et qui, comme au Venezuela, ont eu le sentiment, pour la première fois depuis 500 ans, d'accéder au pouvoir.
S'il a réussi en sept mois à mettre en place l'essentiel des éléments de son mandat (un plan national de développement, une Assemblée Constituante, un référendum sur les autonomies et la nationalisation du gaz), les principaux problèmes demeurent toujours un an après sa prise de fonctions malgré une nouvelle Constitution voulant régler notamment la question des autonomies, et d'autre part de parvenir à redistribuer la richesse nationale dans un contexte de forte attente sociale.
Le
référendum de 2006 sur la décentralisation, a mis en exergue les velléités d'autonomie de quatre provinces de l'Est, par ailleurs de loin les plus riches du pays. Derrière la puissante province orientale de Santa Cruz, porte-drapeau du combat autonomiste, trois autres provinces -Tarija, Beni et Pando- ont dit massivement oui. Et si l'affaire tourne mal, c'est l'unité même de la Bolivie qui est en jeu. (source : Misna et ACI)
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