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FlashPress - Infocatho
du 9 au 11 avril 2008 (semaine 15)
 

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2008-04-11 - USA
(2) UNE ÉGLISE EN PLEINE MUTATION


L'un des objectifs du Pape sera de
soutenir l’Eglise marquée par les problèmes de la pédophilie, mais aussi une Église qui voit paraître de nouveaux fidèles, latino-américains devenir bientôt aussi nombreux que les fidèles de souche plus ancienne.

Il est à remarquer en effet que, pour son message au peuple américain, il a utilisé l'anglais et l'espagnol.
L'espagnol est en effet la deuxième langue la plus parlée aux États-Unis. Certains linguistes même ont constaté la naissance d'un dialecte, mélange d'anglais et d'espagnol, le spanglish.

L’Amérique est religieuse et 80 % des Américains affirment croire en Dieu et la majeure partie d’entre eux appartient à la famille protestante (51 % de la population).

Quand il prendra également la parole devant les responsables des universités catholiques américaines, il se souviendra sans doute de certainsthéologiens et enseignants dont il avait étudié le délicat dossier alors qu’il était à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, car leurs positionnements théologiques étaient et sont encore, éloignés des orientations "officielles".

Avec l'Église catholique romain, il souhaite effectuer une “visite pastorale“ aux multiples données. Tout d'abord il marquera le bicentenaire des 5 premiers diocèses américains, parmi lesquels New York dont le premier évêque était un français.

Benoît XVI ne pourra éviter d’aborder la délicate question des affaires de pédophilie dans un pays où l’on a recensé plus de 4000 victimes d’abus sexuels par des prêtres catholiques depuis un demi-siècle.
Elle a déjà dû s'acquitter de plus de trois milliards de dollars de dommages et intérêts aux victimes. Le P. Lombardi a d'ailleurs indiqué que le Pape aurait l'occasion de s'exprimer sur cette question des "scandales" lors de ses rencontres avec les évêques (16 avril) et avec les prêtres et religieux (17 avril), et à New York devant quelques milliers de jeunes et de séminaristes (19 avril).

C'
est avec l’intention de rechercher “des chemins de guérison et de réconciliation“ que le Pape évoquera le scandale des abus sexuels a fait savoir le cardinal Bertone qui a cependant rappelé que si ce scandale avait été “un fait très douloureux“ qui avait “concerné l’Eglise, il ne concernait pas que l’Eglise, mais aussi toutes les institutions“. 

Autre élément propre aux Etats-Unis, dont Benoît XVI tiendra compte : la mobilité des appartenances chrétiennes. Le nombre est très élevé de citoyens américains qui passent d’une confession religieuse à une autre ou qui “renaissent“ dans une nouvelle vie spirituelle tout en restant dans la même religion.

Il n’existe aucun autre pays au monde où le marché religieux soit aussi bouillonnant et la compétition aussi serrée. 44% des Américains de plus de 18 ans ont changé d’affiliation religieuse, et même plus d’une fois, ou sont passés de l’incroyance à une foi ou inversement. Un tiers des citoyens américains qui ont grandi dans l’Eglise catholique l’ont abandonnée. Mais cette perte a été compensée par la conquête de nouveaux convertis et par l’arrivée de nombreux immigrés catholiques de différents pays, en particulier d’Amérique latine.

Si les catholiques ne sont pas majoritaires, ils forment néanmoins un bloc important – ils sont plus nombreux qu’en Italie – qui plus est dans un pays à forte dominante chrétienne, avec des indices de participation religieuse beaucoup plus élevés qu’en Europe. Selon l'enquête très récente du Pew Forum on Religion & Public Life portant sur un échantillon de 35 000 Américains, on compte environ 70 millions de catholiques sur une population totale de 300 millions, soit 23,9%.

Dans un pays où les religions jouent un rôle important dans la vie publique, les catholiques "pèsent" sur la vie politique. Lors des présidentielles de 2004, les catholiques ont contribué de manière significative à la réélection de George W. Bush. Or l'épiscopat n’avait pas donné d’indication de vote et n’en donnera pas pour les prochaines élections. Les catholiques pro vie penchent pour le républicain Jon McCain, les catholiques pro paix et justice pour les démocrates Hillary Clinton et Barack Obama. Quoi qu’il en soit, les autorités de l’Eglise apprécient le fait que tous les candidats aient donné une place prépondérante au facteur religieux.

S'ils sont à la pointe de la modernité, les américains sont en même temps la nation la plus religieuse au monde et un modèle de séparation de l’Eglise et de l’Etat, d'une séparation bien différente de celle que connaît la France.

Benoît XVI ne manquera pas d’être attentif à la forte communauté hispanique de ce pays où près de 25 % des fidèles sont nés à l’étranger, majoritairement en Amérique latine. Les Hispaniques sont près de 45 millions aux États-Unis, soit 14 % de la population totale. Ils représentent aujourd'hui la deuxième minorité ethnique derrière les Noirs.

Leur identité se fonde sur une culture américano-hispanique et sur la pratique de l'espagnol, même si la deuxième ou la troisième génération des "Latinos" parle le plus souvent anglais. Pour la plupart, ils viennent du Mexique et sont arrivés à partir des années 1960. Les Mexicains immigrés représentent quasiment deux tiers de la population hispanique, les autres sont principalement Cubains (600 000) ou Portoricains. On peut également observer des habitants d’Amérique centrale, voire même du nord de l’Amérique du Sud. Ces populations s’installent principalement dans d'anciens États mexicains, le Nouveau-Mexique, le Texas et la Californie, où les Hispaniques peuvent constituer jusqu'à la moitié de la population dans certaines zones.

Plus des deux tiers des "Latinos" des Etats-Unis – 68% – sont catholiques. Le Pew Forum prévoit que d’ici 2030, les latino-américains passeront de 33% à 41% de la population catholique des Etats-Unis.

Ce flux migratoire est tel qu’il est en train de transformer littéralement le visage du catholicisme aux États-Unis. A Rome, on en est tout à fait conscient, à tel point que lors du dernier consistoire, le 24 novembre 2007, Benoît XVI a créé cardinal Mgr Daniel DiNardo, l’archevêque de Galveston et Houston, au Texas. Un diocèse qui n’avait jusque-là jamais reçu l’honneur de la pourpre, mais où le nombre de catholiques augmente de façon vertigineuse, tout comme d’autres diocèses où convergent les immigrés.

C’est aussi le cas de Dallas, où les catholiques, qui étaient 200.000 il y a vingt ans, sont plus d’un million aujourd’hui, venant du Mexique pour la plupart.

Etant donné que le Mexique est le pays d’Amérique latine où l’Eglise catholique est la plus vivante, y compris chez les jeunes, avec une floraison impressionnante de vocations sacerdotales et religieuses, cela explique une autre nouveauté pour le catholicisme aux Etats-Unis: la baisse de son âge moyen.
(source : chiesa et VIS)

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