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du 15 au 17 avril 2008 (semaine 16)
 

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2008-04-17 - USA
ENTRE ROME ET WASHINGTON

Dans l'avion qui l'emmenait vers les Etats-Unis, Benoît XVI a répondu aux questions des journalistes. Quand le sujet de la pédophilie est arrivé, Benoît XVI a changé de style et de langue, passant de l'italien à l'anglais.

Le Pape voulait ainsi donner un message clair, et sans équivoque, à l'attention des médias américains. Fini les précautions d'usage au Vatican, note la correspondante du quotidien français La Croix, Isabelle de Gaulmyn. « Il parle américain » s'est exclame un journaliste américain.

Jamais en tous les cas on n'avait entendu l'Eglise, à son plus haut niveau, s'exprimer en ces termes. Il est vrai que, sous le pontificat de Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger était l'un de ceux qui, à la Curie, avait compris le plus rapidement l'ampleur du problème de la pédophilie pour l'Eglise, et avait plaidé, lorsqu'il était à la tête de la Congrégation pontificale pour la doctrine de la foi, en 2002, pour une « tolérance zéro ».

Benoît XVI a conservé cette logique. Il reconnaît d'emblée « la souffrance » de l'Eglise, et fait part de son incompréhension: « il est difficile pour moi de comprendre comment les prêtres ont pu ainsi trahir leur mission ». Plus, il ajoute: « je suis profondément honteux ».

Le Pape a ainsi évoqué trois niveaux d’action: la justice; la pastorale et la prévention. En premier lieu, il a souhaité “clairement aider les victimes parce qu’elles sont profondément touchées“, répétant encore qu’“un pédophile ne peut pas être prêtre“. Au niveau pastoral, Benoît XVI a souhaité promouvoir “la guérison, l’aide, l’assistance et la réconciliation“.

Il n'hésite pas à se placer au niveau juridique. Il s'agit de faits graves et « L'Eglise doit agir », en premier lieu sur ce plan là : « Nous avons des normes pour agir en justice » assène-t-il. De ce point de vue, il fait fermement la distinction entre la pédophilie, « que nous devons absolument exclure du ministère sacré » et l'homosexualité, « qui est autre chose ».

Distinction que, là encore, les catholiques américains attendaient. La pédophilie, reprend-il, est absolument incompatible avec le sacerdoce, et la règle ne souffre aucune exception: « Celui qui est vraiment coupable d'être pédophile ne peut plus être prêtre  ». La justice, aussi, doit jouer pour les victimes, «profondément touchées », et qu'il faut aider « par tous les moyens possibles ».

Benoît XVI parle ensuite des autres niveaux d'action, celui pastoral, pour aider à guérir une Eglise profondément traumatisé, et celui de la formation, insistant sur l'importance du discernement de responsables de séminaires lorsqu'ils acceptent les candidats au sacerdoce. Il n'y a pas à transiger, et le Pape de conclure avec cette phrase lourde de sens: « il est plus important d'avoir de bons prêtres que d'en avoir beaucoup ».

Egalement interrogé sur l’importance de l’immigration hispanique en Amérique du Nord, Benoît XVI va répondre à la question en espagnol. Il a regretté le phénomène migratoire qui entraîne “le grand problème de la séparation des familles, qui est un danger pour le tissu social“ des pays d’origine. Il a alors invité les différents Etats à faire en sorte que “personne n’ait plus besoin d’émigrer“, en offrant du travail ou l’aide sociale nécessaire. Le Pape a affirmé qu’il évoquerait cette question lors de sa rencontre avec le président américain George W. Bush, à la Maison-Blanche, le 16 avril.

Benoît XVI a aussi évoqué la présence de la religion aux Etats-Unis. “En Europe, nous ne pouvons pas tout simplement copier les Etats-Unis“, a souligné le pape avant de parler du “concept positif de laïcité“ dans le pays. Revenant sur la naissance des Etats-Unis, le pape a parlé d’un “Etat laïque séculier ouvert à toutes confessions et toutes formes de religion“, un Etat “laïque par amour de la religion“. Devant “l’attaque d’un nouveau sécularisme“ aux Etats-Unis “la situation est plus compliquée“, a cependant reconnu Benoît XVI avant d’affirmer toutefois que “le modèle fondamental américain semble digne d’être observé aussi en Europe“.

Au cours de son intervention, Il a également évoqué les deux objectifs de son voyage aux Etats-Unis: une “visite à l’Eglise des Etats-Unis“ à l’occasion du bicentenaire de cinq diocèses américains, souhaitant aussi aider l’Eglise du pays à “réfléchir sur le passé“ ainsi qu’à “répondre aux grands défis de notre époque, du présent et de l’avenir“. Benoît XVI a aussi évoqué sa rencontre interreligieuse, sa rencontre œcuménique et celle “avec nos frères juifs“.

Deuxième objectif, sa visite aux Nations Unies à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme. Alors que cette visite a lieu dans un moment de “crise des valeurs“, le pape a rappelé que “les Droits de l’homme, les valeurs et les principes non négociables sont le fondement de toutes les institutions“. Souhaitant pouvoir réaffirmer devant les Nations Unies cette “conception fondamentale“, il a aussi expliqué que les Droits de l’homme représentaient “la philosophie fondatrice des Nations Unies“. Il s’agit, a encore affirmé Benoît XVI, de “valeurs communes que tous doivent respecter“.
(source : VIS et Blog de la Croix)

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