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du 19 au 21 avril 2008 (semaine 17)
 

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2008-04-21 - Paraguay
TOUJOURS ÉVÊQUE ET NOUVEAU PRÉSIDENT

Fernando Lugo, ancien évêque de San Pedro, la région la plus pauvre du Pays vient d'être élu président du Paraguay. Il avait renoncé à son sacerdoce en 2006 pour conduire la coalition de gauche, et l'Église l'a "suspendu" de ses fonctions sacerdotales.

Le lundi 21 avril, au lendemain cette élection saluée par l'enthousiasme populaire, il a demandé pardon à l'Eglise catholique pour la "douleur" que son choix personnel de préférer la politique au sacerdoce a pu provoquer.

"Si mon attitude et ma désobéissance aux droit canon ont causé de la douleur, je demande sincèrement pardon aux membres de l'Eglise", a déclaré M. Lugo sur les ondes d'une radio catholique locale, Fe y alegria.

Fernando Lugo avait sollicité du Vatican la permission de retourner à la vie laïque pour mener sa campagne électorale à partir de décembre 2006.

Le 20 janvier 2007, le cardinal Giovanni Battista, du siège de la Congrégation des évêques au Vatican, avait écrit dans une lettre à Fernando Lugo que "la candidature politique d'un évêque serait un motif de confusion et de division entre les fidèles".

Dans le même temps le Vatican et la Conférence épiscopale du Paraguay l'avaient averti, droit canon à l'appui, qu'on ne peut pas renoncer au titre d'évêque. Selon Rome, il faut l'assumer à vie. Pour l'Eglise, Fernando Lugo sera donc toujours Mgr Lugo.

Actuellement, l'Église demande à ses prêtres de ne plus s'engager dans l'action politique, à la différences de ce qui était admis il y a quelques années; l'abbé Berger comme l'abbé Pierre ou le chanoine Kir sont bien connu pour leur engagement politique au lendemain de la libération de la France en 1944-1945.

Sanctionné pour désobéissance par le Vatican avec ce que l'on appelle une suspension 'a divinis', qui lui interdit d'exercer le sacerdoce, mais non officiellement excommunié par les autorités ecclésiastiques de son pays, l'ancien évêque, répondant à une question sur ses relations futures avec l'Eglise, a déclaré qu'il ne savait pas quoi dire.

"Chaque fois qu'on me pose cette question, je ressens un coup au coeur", a-t-il expliqué lundi. "Nous avons des relations fructueuses, historiques, qui n'ont pas été sporadiques. Hier soir, j'ai discuté avec des prêtres et des membres de nombreuses communautés qui forment eux aussi l'Eglise, pas seulement les hiérarchies. Mais ça devrait aller bien".

Il est à remarquer d'ailleurs que la loi paraguayenne n'autorise pas comme candidats des ministres du culte en exercice. Pour pouvoir se présenter à cette élection, M. Lugo avait présenté en décembre 2006 sa démission au Vatican qui l'avait refusée en lui rappelant que son engagement au sein de l'Eglise était "pour la vie". D'une certaine manière, la suspension a divinis qui est bien "une sanction" du Vatican pour "insubordination", lui permet de contourner cette disposition de la loi.

Le président élu du Paraguay, Fernando Lugo, "reste donc, aux yeux de la hiérarchie catholique, un évêque et conserve son titre de Monseigneur, a déclaré mardi Mgr Lourdes Fernandez, de la Conférence épiscopale."Fernando Lugo est évêque, et c'est pour toujours. Il reste évêque en ce qui concerne l'Eglise, c'est Monseigneur Lugo.
Il est actuellement suspendu a divinis, il s'agit d'une suspension temporaire".

Premier président du Paraguay à n'être pas membre du Parti Colorado aux commandes du pays depuis 1947, l'ancien évêque prendra ses fonctions le 15 août prochain. Le président Duarte a reconnu la victoire de Fernando Lugo et s'est engagé à "collaborer activement pour une passation de pouvoir dans un contexte pacifique, de compréhension et dans un esprit de construction".

Avec cette victoire, le marché commun régional du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay plus les pays associés Chili et Bolivie et le Venezuela en cours d'intégration) ne compte désormais que des gouvernements de gauche.

La candidature de Fernando Lugo ne représente pas une rupture « radicale », mais doit être saisie dans le contexte d’un pays marqué par une inégalité sociale extrême, frappant en particulier la population paysanne autochtone, et un système politique marqué du sceau du pouvoir oligarchique.

Rappelons qu'il s'était rendu à Rome pour y étudier de 1983 à 1987. A son retour au Paraguay, il lui est demandé d'enseigner, surtout l’Enseignement social de l’Église. "Nous étions à ce moment dans une situation un peu différente et j’ai beaucoup travaillé avec la Conférence épiscopale du Paraguay, comme conseiller théologique et aussi comme conseiller théologique du CELAM (Conférence de l’Épiscopat latino-américain et caribéen), dans le domaine de l’Enseignement social de l’Église. Il y avait ainsi une sorte de garantie institutionnelle de mon travail qui m’a donné crédibilité et légitimité."

Bien qu'il se revendique alors de la théologie de la libération, il fut ordonné évêque et nommé à la tête du diocèse de San Pedro en 1994. Cette même année, sur 112 occupations de la terre. 52 étaient à San Pedro, le Département qui compte le plus grand nombre de latifundia.

Il essaie par un travail social pastoral, d’organiser les paysans sans terre. Si ces occupations de terre ont continué à avoir lieu, c’est parce que les voies légales et institutionnelles permettant d’acquérir la terre sont insuffisantes au Paraguay.

" Quand je suis arrivé, il y avait 650 communautés ecclésiales de base, et quand je suis parti, il y en avait environ 1000. Nous avons organisé à San Pedro la première Rencontre diocésaine des Communautés ecclésiales de base, la première Rencontre nationale et même, en 1997, la Rencontre latino-américaine et caribéenne des communautés ecclésiales de base. San Pedro a ainsi constitué dès le début un modèle, par le type d’organisation ecclésiale à l’intérieur de l’Église : une structure laïque et horizontale, ainsi que des assemblées diocésaines où les laïques participent fortement." (information : DIAL)

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