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du 19 au 21 avril 2008 (semaine 17)
 

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2008-04-21 - COMECE
DIALOGUE INTERCULTUREL : RÉPONSE À QUELS PROBLÈMES ?

Sur ce thème, la Commission des Episcopats de la  Communauté Européenne, la COMECE, a consacré, le 17 avril 2008, son premier d’une série de quatre séminaires consacrés à l’Islam, le Christianisme et l’Europe, qui s’est tenu au Parlement européen.

Ce séminaire s'est déroulé à Bruxelles sous la forme d’une conférence-débat entre experts musulmans et chrétiens. Ceux-ci ont échangé sur l’urgente nécessité et les objectifs du dialogue interculturel en Europe.

" L’Union européenne doit être plus qu’un simple espace économique", a souligné le Rév Rüdiger Noll, animateur du débat et Directeur de la Commission « Eglise et Société » de la Conférence des Eglises Européennes, la KEK. "Le projet européen doit être un projet fait pour et par les peuples qui le composent, basé sur des valeurs communes et partagées. C’est pourquoi l’Année européenne du dialogue Interculturel est si importante."

Et d'ajouter : " Avec cette série de séminaires, nous, la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE), la Fondation Konrad Adenauer (KAS) et la Commission « Eglise et Société » de la KEK, souhaitons contribuer à l’Année européenne du Dialogue interculturel en promouvant le dialogue et les valeurs comme la dignité humaine, la tolérance et la liberté de religion et de croyance."

Le Prof. Dr. Ural Manço, sociologue des religions aux Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles) a particulièrement abordé la question des musulmans qui sont arrivés ces 50 dernières années, en Europe de l'Ouest. Il a insisté sur le fait que dans le contexte actuel (celui de l’ère postindustrielle) dans lequel l’individu est souverain, les personnes ressentent le constant besoin de réaffirmer leur personne et leur identité à tous les niveaux. A défaut, elles ont l’impression de ne pas être reconnues.

Par conséquent, pour beaucoup d'immigrés, affirmer son identité religieuse comme musulman est un moyen de s’affirmer en tant que personnes dans la société occidentale. Pour ceux qui pensent et ont l’impression que leur travail ou leur profession ne leur procure pas de reconnaissance, leur appartenance religieuse leur donne la possibilité d’affirmer leur identité et donc d’acquérir une reconnaissance.

Les religions ont leurs propres problèmes et obstacles internes, selon l’Imam Tareq Oubrou, Recteur de la Mosquée Al-Houda de Bordeaux (France). Il a par conséquent souligné la nécessité de trouver des moyens pour empêcher que le dialogue interreligieux ne se substitue au dialogue intra-religieux, qui devrait quant à lui viser les problèmes spécifiques à chaque religion.

L’Imam Oubrou a affirmé qu’en tant que représentant d’un Islam orthodoxe, il considérait qu’il y avait un besoin de dialogue théologique, rappelant les nombreux passages du Coran qui font référence à la diversité et à la tolérance. Cette théologie orthodoxe de l’ouverture à la diversité est très importante et il a regretté que les Musulmans n’aient pas accompli ce travail théologique. Il a également suggéré que les Musulmans pouvaient apprendre beaucoup du Christianisme en matière de sécularisation et de modernité, et qu’ils devraient s’appuyer sur l’expérience des chrétiens en la matière.

Le P. Ignace Berten, dominicain et un des fondateurs de l’Association « Espaces » (Bruxelles), a expliqué que l’intégration était plus difficile pour les immigrés d’Afrique du Nord et de Turquie en raison d’un fossé culturel plus important, mais aussi en raison du fort taux de chômage dû au manque de qualification de ces immigrés. Selon lui, les 2e et 3e générations de Musulmans sont composées de jeunes gens qui souffrent d’une crise d’identité.

Les solutions à ce problème d’intégration pourraient être trouvées  dans l’éducation, l’assistance sociale et une meilleure connaissance de l’histoire réciproque. A titre de comparaison, et rejoignant le point de vue des "nouveaux penseurs de l'Islam, il note également que le Christianisme a réussi à remettre ses textes religieux dans leur contexte historique, et à distinguer ainsi ce qui relève de la Foi fondamentale de ce qui relève de la culture.

En guise de conclusion, Mme Ramona Nicole Minescu, MPE (ADLE-RO), a souligné les difficultés rencontrées pour mener à bien un véritable dialogue interculturel et elle suggère aux citoyens européens de découvrir la contribution culturelle de l’Islam à la culture et à la civilisation européennes. Elle a également réaffirmé la nécessité d’engager pleinement les organisations et les Eglises dans le processus de mise en place du dialogue, sans pour autant négliger une approche plus locale (rue, voisinage, individus). (source : COMECE)

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