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du 21 au 24 avril 2008 (semaine 17)
 

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2008-04-24 - RD Congo
JUSQU'OÙ PEUT ALLER LE DROIT D'INGÉRENCE

La presse africaine a marqué tout son intérêt pour le discours du Pape à l'ONU, parce qu'il relance une question qui a souvent soulevé la tempête, dans de nombreux pays d'Afrique : jusqu'où peut aller le droit d'ingérence et la souveraineté nationale.

En effet, Benoît XVI, dans son discours sur les droits de l'homme, a rappelé à tous les Etats qu'ils ont le devoir « de protéger leurs populations contre les violations les plus graves et répétées des droits de l'homme ». Et si ces derniers n'étaient pas en mesure de le faire, « la Communauté internationale doit intervenir avec les moyens juridiques prévus par la Charte de l'Onu ».

Cette question a toujours suscité un débat houleux au Conseil de sécurité selon que l'un des principes des relations internationales est la « non ingérence dans les affaires d'un Etat souverain ». Ce principe a chaque fois été brandi pour limiter les actions de la Communauté internationale. Bien plus, pour des « raisons de souveraineté nationale », plusieurs Etats se sont souvent opposés à toute intervention ou ingérence de la communauté internationale dans leurs affaires.

Le quotidien de Kinshasa : Le Potentiel, commente ainsi : "C'est ainsi que des régimes des plus féroces maintiennent en otage leurs populations, les privant du droit à la vie, à la liberté, et parfois même lors des crises humanitaires liées à des causes naturelles ou provoquées par l'action de l'homme, ils se sont toujours opposés à toute intervention extérieure."

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Droits de l'homme, voilà une notion qui part de la satisfaction des besoins élémentaires de l'homme à la liberté d'expression. Rares sont aujourd'hui des Etats, particulièrement dans les pays en voie de développement, qui sont capables de « protéger » leurs populations. Analphabétisme, pas d'accès aux soins de santé, à l'eau potable, à l'information. Des droits fondamentaux de l'homme sont bafoués."

" Tout État a le devoir primordial de protéger sa population contre les violations graves et répétées des droits de l’homme, a déclaré Benoît XVI devant les Nations Unies, de même que des conséquences de crises humanitaires liées à des causes naturelles ou provoquées par l’action de l’homme."

" S’il arrive que les États ne soient pas en mesure d’assurer une telle protection, avait également dit le Pape, il revient à la communauté internationale d’intervenir avec les moyens juridiques prévus par la Charte des Nations unies et par d’autres instruments internationaux. L’action de la communauté internationale et de ses institutions, dans la mesure où elle est respectueuse des principes qui fondent l’ordre international, ne devrait jamais être interprétée comme une coercition injustifiée ou comme une limitation de la souveraineté."

Et l'éditorialiste du Potentiel, souligne ce que représente d'impératif la notion développée par le Pape :
" Par ces temps qui courent, l'humanité est menacée par cette « crise alimentaire ». Combien de personnes vont-elles mourir parce que justement leurs Etats ont été incapables de les « protéger ». En quoi sont-ils souverains ? Se pose ici la question de savoir à quel moment la Communauté internationale va-t-elle intervenir, user de ce droit d'ingérence sans aliéner la souveraineté d'un Etat pour secourir une population en danger, un Etat en voie d'inexistence ?"

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Il est vrai que le Pape a répondu en partie à cette interrogation lorsqu'il stigmatise les « pouvoirs exorbitants détenus par les grandes puissances."

" Tout le problème se situe effectivement à ce niveau. Ce sont ces grandes puissances qui règlent « le droit d'intervenir ou d'ingérence » selon que leurs intérêts sont en jeu ou pas. Ce sont toujours ces grandes puissances qui ramènent les relations inter - Etats au niveau des « individus », font et refont des régimes, balkanisent les pays à leur gré pour contrôler les richesses des autres Etats, fragilisent les missions de paix de l'Organisation des Nations Unies en se montrant dubitatives dans la prise des résolutions."

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La République démocratique du Congo vit ce drame, avec ce droit d'ingérence à plusieurs vitesses. Le cri de coeur du Pape ne trouvera d'écho positif que dans la réforme du Conseil de sécurité. En démocratisant cette institution internationale. Ce sera alors la « Grande révolution, le Grand soir » de tous les siècles." (source : Allafrica)

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