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du 21 au 24 avril 2008 (semaine 17)
 

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2008-04-24 -
NE JAMAIS PERDRE DE VUE CETTE GRANDE ESPÉRANCE

Durant sa visite aux États-Unis, Benoît XVI a donné une image positive et confiante, humble et cordiale de l'Église catholique et de lui-même, même si certaines réserves ont été formulées sur divers aspects de ses déclarations.

Il restera certainement dans les mémoires sa franchise et la netteté de ses déclarations publiques sur les scandales d'abus sexuels qui ont ébranlé l'Eglise catholique dans le pays.
"J'ai été impressionné par le fait qu'il ait pris ce risque", aécrit Peter Steinfels, chroniqueur pour le New York Times et auteur de "A People Adrift" (Un peuple à la dérive), une étude sur l'histoire récente de l'Eglise catholique aux Etats-Unis.

On retiendra de son improvisation le 19 avril, après la messe célébrée à Saint-Patrick de New York, son humilité, son appel à l'unité quand il a évoqué son ministère. "A ce point, je ne peux que vous féliciter de l'amour que vous portez à l'Eglise et à Notre Seigneur. Merci de l'étendre au pauvre Successeur de Pierre que je suis. Je tenterai de faire tout mon possible pour être digne du grand Apôtre, un homme qui, malgré ses défauts et ses péchés continue d'être le Rocher de l'Eglise."

" Malgré mes limites, puis-je être à mon tour successeur de Pierre par la grâce de Dieu. Il est certain que la prière et l'affection des autres me donnent la certitude de ce que le Seigneur m'aidera à remplir mon ministère. Je vous remercie tous profondément pour votre attachement spirituel et je remercie pour tout ce que j'ai reçu au cours de cette visite."

Tout au cours de ses rencontres, avec les prêtres, les handicapés, les jeunes, les familles blessées, il a donné à tous cette découverte d'une grande cordialité et d'une profonde conviction du message d'espérance qu'il voulait transmettre : "Le visage que Benoît XVI a choisi demontrer à un public qui ne le connaissait pas bien ... était le visage d'un pasteur." Un visage que le public a vu la plupart du temps et qui semblait le réconforter.

Certes ce voyage a eu d'autres aspects. Le 18 avril à New York, lors d'un service auquel ont assisté 250 représentants des traditions catholique, protestante, orthodoxe, évangélique et pentecôtiste, Benoît XVI a exprimé ses préoccupations concernant le fait que "les croyances et les comportements chrétiens" fondamentaux sont modifiés en raison d'interprétations "pas toujours en accord" avec la tradition chrétienne et l'enseignement biblique.

"En conséquence, les communautés renoncent à agir comme un corps uni," a déclaré le pape, dont les propos ont été perçus comme un reproche adressé à l'Eglise épiscopalienne des États-Unis, membre de la Communion anglican, qui, en 2003, avait consacré un évêque ouvertement homosexuel. Malgré cette réserve, l'évêque épiscopalien de New York, Mgr Mark S. Sisk, qui était présent au service du 18 avril, a affirmé au correspondant de l'agence de presse œcuménique Eni que cela avait été prononcé sur un ton "très conciliant", et il a trouvé que le Pape était une "personne vive ... engagée et engageante".

Même sur d'autres points sensibles, Benoît XVI a trouvé le ton juste, y compris sur le devoir d'ingérence internationale, sujet sensible à l'ONU, car il touche à la question de la souveraineté nationale, une prérogative qu'aucun Etat membre n'est prêt à abandonner.

Et pourtant ses propos sont intervenus à une période de débats intenses sur la nécessité d'une intervention de ce type dans la région soudanaise du Darfour, où le gouvernement du Soudan est accusé de violations des droits de la personne, voire même de génocide. Benoît XVI semble s'être rangé du coté des partisans de l'action dans de tels cas. "C'est l'indifférence ou la non-intervention qui causent le plus de torts", a-t-il affirmé dans son discours aux Nations Unies. (apic/eni/js)

Dans son homélie au Yankke Stadium, Benoît XVI envoie une vague d’optimisme aux fidèles qui remplissent les gradins. Certes il leur parle d’autorité et d’obéissance, "des mots pas faciles à prononcer". Mais surtout il lance un hymne à la liberté chrétienne, dans un pays qu’il trouve fait pour celle-ci.

La liberté chrétienne, dit le pape, est à l’opposé des "faux évangiles de liberté et de bonheur" et de la "fausse séparation entre foi et vie politique". C’est une liberté qui se nourrit des "immuables vérités dont le Christ est la base". Les applaudissements des fidèles atteignent leur maximum quand il dit que le binôme liberté-vérité est le seul qui puisse défendre "les plus faibles parmi les êtres humains, les bébés non encore nés qui sont dans le sein de leur mère".

Benoît XVI perçoit chez les catholiques américains l’action d’une dynamique très prometteuse, capable de redressement malgré leurs péchés. En ce qui concerne le scandale des abus sexuels, le pape s’est montré aussi sévère qu’impliqué. Il a pris sur lui aussi la charge des fautes. Le geste le plus touchant et le plus inattendu de ses six jours de voyages a été sa rencontre avec cinq victimes d’abus sexuels. Elle a eu lieu à huis clos, loin des caméras de télévision. Mais le pape s’est exprimé si clairement en public sur ce scandale que la rencontre silencieuse n’avait pas besoin d’explications et qu’elle a été comprise et approuvée par à peu près tout le monde.

Les rencontres avec les communautés juives comme avec les représentants des diverses religions, ont été perçues comme positives. Benoît XVI a déjà accompli de tels gestes à la fois silencieux et très éloquents. On peut rappeler le précédent de la Mosquée Bleue à Istanbul. Bien qu’il y ait prié en silence, tourné vers la Mecque, il n’a pas créé d’équivoque. Le travail de clarification avait déjà fait à Ratisbonne.

Il donne le sens de tous ces gestes et à toutes ces déclarations, lorsqu'il déclare à New York qu'il faut "
surmonter toute séparation entre foi et vie, en s’opposant aux faux évangiles de liberté et de bonheur. Cela veut dire aussi repousser la fausse dichotomie entre foi et vie politique, puisque, comme l’a affirmé le Concile Vatican II, “aucune activité humaine, même dans les choses temporelles, ne peut être soustraite à l’autorité de Dieu” (Lumen gentium, 36). Cela veut dire agir pour enrichir la société et la culture américaines de la beauté et de la vérité de l’Evangile, sans jamais perdre de vue cette grande espérance qui donne sens et valeur à toutes les autres espérances qui inspirent notre vie." (source : Service de presse du Vatican-VIS)

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