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du 3 au 6 mai 2008 (semaine 19)
 

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2008-05-06 - Bolivie
L'AUTONOMIE DES PROVINCES ET L'ÉGLISE

Le président bolivien Evo Morales s'est retrouvé lundi sous pression, au lendemain d'un vote massif en faveur de l'autonomie de la région de Santa Cruz, qui pourrait relancer une profonde crise politique,
malgré les efforts de médiation de l'Église catholique.

Encore très influente en Bolivie, l'Église unit ses efforts à ceux de la commission de l'OEA dirigée par l'Argentin Dante Caputo, mais l'opposition «autonomiste» refuse tout compromis, car les statuts «d'autonomie», visent bien davantage un autre pouvoir.

Après le référendum de dimanche dans cette opulente province de l'est, la menace de consultations similaires pèse désormais dans les autres régions aux mains de l'opposition libérale qui contestent férocement depuis plusieurs mois la politique de M. Morales, un admirateur déclaré du leader cubain Fidel Castro.

Conscientes du danger, les autorités persistaient dès le lendemain lundi à relativiser la portée de ce référendum, jugé "illégal et anticonstitutionnel" par le chef de l'Etat qui a lancé un timide appel au "dialogue".

Poumon économique du pays, la région de Santa Cruz, dotée des principaux gisements de gaz, dénonce la nouvelle Constitution défendue par M. Morales, premier président amérindien de Bolivie, qui prône une plus grande redistribution en faveur des communautés défavorisées des Andes.

La fronde fait déjà tâche d'huile dans trois autres régions prospères qui représentent avec Santa Cruz plus des deux tiers de la richesse nationale. Les départements du Beni, du Pando et de Tarija ont aussi annoncé la tenue de référendums semblables d'ici le mois de juin.

La médiation de l'Église s'avère difficile entre la lutte menée par le président Morales dont le projet est issu de la lutte contemporaine des peuples autochtones, qui a commencé en 1990 avec une Marche pour la dignité, la terre et le territoire et la coalition de partis «néo-libéraux», qui se sont lancés, depuis 1985, dans la voie d'une privatisation des entreprises publiques: transport, communications, ressources minières, hydrocarbures, eau.

Cette politique économique qui s'avéra un échec pour faire reculer la pauvreté et réduire les écarts sociaux et les inégalités s'est traduite en 2000 par un conflit contre la privatisation de la gestion de l'eau de la ville de Cochabamba, et se poursuivit par des mouvements de résistance, des grèves et différentes manières de paralyser le pays.

En octobre 2003, le renversement du président Gonzalo Sánchez de Losada a mis en place d'une Assemblée constituante pour refonder le pays sur de nouvelles bases. A Santa Cruz, la riche province orientale de Bolivie qui a voté dimanche pour son autonomie, les habitants cultivent la différence, voire la haine, avec leurs compatriotes indigènes, à commencer par le président Evo Morales.

Poumon économique du pays le plus pauvre d'Amérique du sud, cette région, où la majorité des habitants est d'origine européenne ou métisse, reproche au premier dirigeant d'origine autochtone de vouloir faire main basse sur ses gisements de gaz, au profit des communautés andines.

Jalouse de sa réussite, la province rebelle, dont la population a décuplé en soixante ans pour atteindre 2,5 millions, le quart de celle du pays, connaît un taux de chômage et de pauvreté inférieur de moitié et produit le tiers de son produit intérieur brut (PIB).
Le maire de Santa Cruz, Percy Fernandez, disait après l'accession au pouvoir d'Evo Morales : "Dans ce pays, il faudra bientôt se peinturlurer et porter des plumes pour exister".

L'Église, d’après le secrétaire général de la Conférence épiscopale et évêque d’El Alto, Mgr Jesús Juárez, a répété lundi que, malgré les efforts, “aucun chemin menant au dialogue n’a été identifié”. En lançant un “fort appel à éviter des confrontations pouvant porter à la violence”, il a également rappelé la volonté des évêques “de continuer à œuvrer pour le bien du pays”. (source : Fides et Misna)

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