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du 10 au 12 mai 2008 (semaine 20)
 

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2008-05-12 - Irak
LES ÉGLISES DOIVENT S'ENGAGER CONCRÈTEMENT

La Faculté de théologie de l'Université de Fribourg veut s’engager en faveur des chrétiens d’Irak, qui font face à une situation de précarité qui menace leur existence même dans l'ancienne Mésopotamie.

C'est pourquoi l'Université a fait "entendre deux témoins du martyre de la minorité chrétienne enIrak", Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk, et Mgr Jacques Ishaq, recteur du Babl College.

La Faculté a écrit au Vatican pour appuyer ses démarches en faveur des chrétiens d’Irak, et a envoyé une délégation au Département fédéral des Affaires étrangères. Des contacts ont été pris pourétudier les possibilités d’échanges entre la Faculté de théologie de Fribourg et le «Babel College» et de voir les possibilités de mieux tirer profit des richesses culturelles et historiques existant dans ce pays biblique.

Le doyen Max Küchler a rappelé que cet engagement de la Faculté «ne tombe pas du ciel», «mais tout a commencé comme souvent avec une femme», citant la co-organisatrice de la soirée, une doctorante en théologie de Fribourg, Sœur Lusia Shammas, une religieuse chaldéenne fondatrice de l’ONG "Basmat al-Qarib" (Le sourire du prochain).

Cette dernière a insisté sur le fait que la terre d’Irak est une terre de «mémoire abrahamique» : «Chrétiens comme musulmans dans ce pays sont en droit de se dire ‘fils d’Abraham". En effet, a-t-elle rappelé,l’Irak est «dépositaire d’une richesse inouïe sur le plan spirituel, liturgique, intellectuel, gardien de traditionsmultiséculaires». «La trace du christianisme des premiers temps est en trainde disparaître entre le Tigre et l’Euphrate, et c’est une perte effarante aussi pour le christianisme occidental !»

L’évêque de  Kirkouk a déploré le «grand silence de la communauté internationale et même de l’Eglise… si l’on excepte la voix du pape et de quelques évêques européens». Il a évoqué cette terre biblique qui part del’Ur d’Abraham, en Chaldée, en passant par Babylone et la Ninive de Jonas. « Une partie de l’Ecriture Sainte a été écrite en Irak, et en araméen, quiest la langue de la majorité des chrétiens irakiens».  Et de rappeler que les chrétiens de Mésopotamie ont reçu la foi grâce à laprédication de l’apôtre Thomas, en route pour l’Inde, et des disciples Addai et Mari. La chrétienté, majoritaire à l’époque, y était installée bien avant l’arrivée de l’islam au 7ème siècle. Au Moyen Age, l’Eglise de l’Orient disposait de 220 diocèses en Irak, en Perse, en Turquie, en Afghanistan, en Inde, en Chine.

Aujourd'hui, «le pays est devenu le champ d’action desterroristes», et la population, qui doit faire face à un chômage massif et à un manque de sécurité personnelle total, cherche son salut dans l’émigration. Les extrémistes armés veulent établir en Irak un Etat islamique théocratique.

Aujourd’hui, les réfugiés chrétiens sont 100'000 en Syrie, 30'000 enJordanie, d’autres au Liban, en Egypte, en Turquie, sans parler de ceux qui cherchent refuge au nord de l’Irak, dans la Plaine de Ninive ou au Kurdistan.

Mgr Sako a mis en garde contre la mise en place en Occident de plans d’accueils officiels pour les chrétiens d’Irak, car ces plans auront un effet d’aspiration pour vider ce qui reste des chrétiens de son pays. «Les chrétiens qui partent affaiblissent ceux qui restent et ils donnent un argument supplémentaire aux islamistes pour que nous partions. Il ne faut pas priver le pays de cet élément spécifique de spiritualité, d’ouverture et de capacité de dialogue».

A la fin de la rencontre, le recteur de l’Université a souligné la nécessité de renforcer les liens avec les chrétiens d’Irak. Le Père Vergauwen, soulignant la difficulté qu’ont les étudiants de ces pays, notamment l’Irak, d’obtenir des visas pour pouvoir venir étudier dans le sUniversités suisses, a évoqué un plan de la Conférence des recteurs. Il s’agit d’interpeller les instances fédérales et la police des étrangers pour alléger les procédures à leur encontre. Le recteur a également suggéré le parrainage de paroisses chrétiennes en Irak. «On peut faire beaucoup de choses concrètes». (source : Apic)

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