Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 20 au 23 mai 2008 (semaine 21)
 

-
2008-05-23 - Bosnie
LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE RELIGIEUX

Les destructions du patrimoine religieux en Bosnie ont affecté aussi bien les mosquées, les sanctuaires catholiques et orthodoxes. Un procès vient de s'ouvrir pour en déterminer les véritables raisons et les véritables auteurs.

Selon les données disponibles, 3.290 bâtiments religieux ont été détruits ou endommagés pendant la guerre en Bosnie, ce chiffre incluant les églises catholiques et orthodoxes, les couvents et les synagogues.

La Communauté islamique de Bosnie poursuit en procès la Republika Srpska et la ville de Banja Luka pour les destructions du patrimoine religieux commises durant la guerre : 614 mosquées ont été détruites et 307 endommagées, dont certaines perles du patrimoine historique et culturel du pays.

Le plaignant dans ce procès est la Communauté islamique et l’accusé la Republika Srpska (RS), l’entité serbe de Bosnie, où s’est produit la majorité des destructions des lieux de culte musulman.

Certains de ces monuments étaient d’une valeur historique et culturelle inestimable. Parmi eux, la mosquée de Ferhat Pasina, à Banja Luka connue sous le nom de la mosquée de Ferhadija, construite en 1579 et détruite en 1993, qui était inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi que la mosquée Arnaudija, construite en 1594, inscrite elle aussi au patrimoine de l’UNESCO.

Selon les chiffres fournis par la hiérarchie catholique, 289 édifices de culte catholique ont été complètement détruits pendant la guerre et 721 ont été endommagés, parmi ceux-ci des chapelles, des couvents et des cimetières. "Plus de 90% des églises de Banja Luka ont été détruites ou ravagées par explosion, même quand il n’y avait pas d’opérations militaires dans le secteur," a déclaré Mgr Ivo Tomaševitch, secrétaire de la Conférence épiscopale de Bosnie-Herzégovine.

Des églises orthodoxes ont été détruites en Bosnie, mais en moins grand nombre. Selon les données de l’Église orthodoxe, 125 églises, 66 autres bâtiments et édifices sacrés ont été détruits, 172 églises et autres édifices religieux ont été endommagés. Les 69 bâtiments orthodoxes les plus endommagés se trouvent dans l’archevêché de Tuzla-Zvornik, au nord-est du pays.

Selon Danilo Nikolic, de la communauté juive de Sarajevo, le bâtiment de cette communauté qui a le plus souffert est le cimetière qui comptait des monuments funéraires vieux de plus de 400 ans.

La Commission pour la préservation des monuments nationaux, se dit très choquée de voir comment l’héritage culturel et historique « a été systématiquement détruit » pendant la guerre.

Le procès de Banja Luka ne sera pas la première mise en jugement des destruction de lieux religieux, imputées à de personnes accusées de crimes de guerre. Le tribunal de Bosnie-Herzégovine a déjà accusé trois personnes, dont des Croates et des musulmans, pour de tels crimes.

Un ancien membre du Conseil de défense croate (HVO), a été accusé d’avoir pris part en avril 1993 à l’attaque du village bosniaque de Ahmici, où deux mosquées ont été détruites à l’explosif. Zijad Kurtovic, un Bosniaque, doit répondre d’un autre chef d’accusation. Il n’est pas accusé d’avoir fait sauter un bâtiment religieux mais d’avoir, en 1993, battu des prisonniers croates catholiques avec des croix et des statues et d’avoir obligé ces prisonniers a avalé des pages de la bible.

Ces procès veulent se situer dans la lente réconciliation du pays, en même temps que promouvoir l'opinion publique pour
investir dans la reconstruction des édifices religieux. Dans la Fédération, par exemple, le ministère de la Culture a fourni un soutien technique par l’intermédiaire de son Institut pour la protection des monuments.

Les autorités serbes de Bosnie ont dépensé presque tout l’argent alloué à cet effet, 500 000 euros, à la reconstruction des églises orthodoxes, mais pas à celle des mosquées ou des églises catholiques.

En dépit du niveau terriblement élevé des destructions d’édifices religieux en Bosnie, Mgr Tomasevic n’accepte pas l’idée que le conflit qui a eu lieu dans les années 1990 était de nature religieuse. "Je suis profondément choqué quand j’entends dire que c’était une guerre de religions, parce que l’Eglise catholique - et, je crois, toutes les autres communautés religieuses - n’ont tiré aucun bénéfice de cette guerre, mais elles ont toutes subi de grands dommages." Il considère au contraire ce conflit « comme une guerre profondément anti-religieuse. Cette guerre a été menée par des gens qui n’avaient aucun lien avec la religion, et malheureusement nombre d’entre eux sont encore au pouvoir. (source : courrier des Balkans)

Retour aux dépèches