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du 24 au 27 mai 2008 (semaine 22)
 

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2008-05-27 -
France
LE DIALOGUE, ISLAM ET CHRISTIANISME

La Commission doctrinale des évêques de France vient de publier une note d'un grand intérêt, intitulée : "Comment chrétiens et musulmans parlent-ils de Dieu ? " Un texte qui veut clarifier la position de l’Église dans les dialogues actuels.

Ce texte fait suite aux débats des évêques de France à Lourdes en novembre 2007 sur le dossier « Catholiques et musulmans dans la France d’aujourd’hui ». Il avait alors été demandé à la Commission doctrinale de faire une note sur les différences théologiques dans l’approche de Dieu des chrétiens et des musulmans, pour aider les catholiques à répondre à cette affirmation souvent entendue : nous avons – ou pas – le même Dieu.

En fait ce texte ne change rien à la conduite pastorale et doctrinale de l'Église dans ce dialogue, mais il clarifie la position de l’Église pour les fidèles et les pasteurs, en ra^ppelant les différences doctrinales.

Après avoir rappelé que christianisme et islam sont des religions monothéistes, il souligne les différences dogmatiques qui peuvent être des oppositions radicales : la Trinité, qui n’est pas comprise et qui est refusée en islam au nom de l’unicité de Dieu ; l’incarnation, qui est pour l’islam une atteinte à la transcendance de Dieu, proche de l’homme mais de nature totalement différente de lui ; la croix, car Jésus étant pour l’islam un prophète, il peut subir les épreuves, mais envoyé de Dieu, il ne peut connaître l’échec.

La note souligne aussi que les conceptions de la Révélation sont différentes, le Coran étant la Parole de Dieu dictée à Mohammed, alors que pour les chrétiens, Dieu a inspiré les auteurs bibliques qui se sont servis des mots de leur temps. Elle signale que l’affirmation que le Coran est éternel et incréé est aujourd’hui l’objet de débat parmi les musulmans.

Elle affirme par ailleurs que, si le dialogue dogmatique est de ce fait difficile, il est cependant possible dans d’autres domaines, touchant à la conception de l’homme et à la vie des croyants, et pas seulement celui de la vie quotidienne auquel on le réduit souvent.

La seconde partie de la note cite le concile Vatican II et Lumen gentium (n. 16), ce qui est nouveau et offre un point d’appui fondamental pour le dialogue : il y est dit que les musulmans « adorent avec nous le Dieu unique », car on ne peut affirmer que le Dieu des chrétiens n’a rien à voir avec le Dieu des musulmans. Elle cite aussi l’Évangile de Jean (ch.1,v.18) qui rappelle que Dieu reste mystère même si le Christ nous l’a révélé.

Plutôt que de parler des conditions pour un dialogue théologique, elle parle d’un climat, avec deux exigences : la sympathie et la clarté. Elle pose des repères en ouvrant un chemin d’échange. Elle souligne les différences, mais fournit aussi des points d’appui.

Le texte se termine par un extrait du discours de Jean-Paul II aux 90.000 jeunes musulmans à Casablanca en août 1985, et d’un texte de Grégoire VII, cité pour la première fois en 1979 dans le beau document des évêques d’Algérie, Le Sens de nos rencontres, et repris par Benoît XVI en Turquie. (le texte complet est accessible sur le site CEF)

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