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du 28 au 30 mai 2008 (semaine 22)
 

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2008-05-30 - Algérie
UN SEUL DES PROCÈS EST REPORTÉ

Le tribunal correctionnel de Tiaret a décidé le 27 mai d'ordonner un complément d'information et de reporter son verdict dans le procès d'une Algérienne convertie au christianisme, accusée de "prêcher d'un culte non musulman sans autorisation".

Le procureur de Tiaret avait requis le 20 mai trois ans de prison ferme contre Habiba Kouider, 37 ans, cette éducatrice, arrêtée dans un bus de transport public en possession d'une dizaine de bibles, selon le président de l'Eglise protestante d'Algérie Mustapha Krim, ou 25 exemplaires, selon le ministère des Affaires religieuses.

L'exercice d'un culte en Algérie - musulman ou non musulman - est soumis à une double autorisation officielle, la première désignant le prédicateur et la seconde fixant le lieu du culte.

L’« affaire » Habiba Kouider n'a pas passé pas inaperçue en Algérie, où elle a déclenché des réactions indignées d’une partie de la presse et des associations humanitaires. Le lundi 26 mai, Le Soir d’Algérie, quotidien francophone hostile à la politique du président Bouteflika envers l’islamisme politique, a titré à la une « Le temps de l’Inquisition » au-dessus d’une photo réunissant le président algérien et son premier ministre, Abdelaziz Belkhadem. Le chef du gouvernement est dénoncé pour son « dérapage verbal » lorsqu’il a déclaré que le Coran était « la Constitution de la société algérienne ».

Dans un pamphlet intitulé « Faut-il brûler Habiba K. ? », publié mardi par le quotidien francophone El Watan, le journaliste Ait Larbi Arezki, un des initiateurs d’une pétition de citoyens en faveur de la défense des libertés individuelles et en particulier de la liberté du culte, s’en est pris directement au ministre des affaires religieuses Bouabdellah Ghoulamallah : « Prônant un discours d’ouverture vers l’étranger, il jure que la liberté de culte est garantie par la Constitution, omettant toutefois d’ajouter : “À condition de ne pas l’exercer !”» La pétition, qui a recueilli 2 500 signatures en deux mois, a été relancée par El Watan.

À l’inverse, le quotidien Liberté, proche du pouvoir, s’en est pris mardi à la France, réagissant aux propos de Rama Yade, la secrétaire d’État française aux droits de l’homme qui avait qualifié dimanche de « triste » et « choquant » le procès intenté à Habiba Kouider.

Lors d’un colloque à Constantine cette semaine sur la dimension humaniste de l’émir Abdelkader, un conférencier a proposé de codifier l’apostasie dans la loi algérienne, comme solution face aux conversions de musulmans, provoquant ainsi une nouvelle controverse.

Dans le même temps, l
e procureur du tribunal correctionnel de Tiaret a requis le même mardi 27 mai deux ans de prison ferme à l'encontre de six jeunes convertis algériens accusés d'exercice illégal d'un culte non-musulman. Le procureur a également requis une amende de 500.000 dinars (5.000 euros environ) à l'encontre de chacun des prévenus, qui comparaissaient dans un nouveau procès de convertis chrétiens.

Les six jeunes avaient été interpellés par la police algérienne à la sortie d'une maison où, selon l'accusation, ils venaient de tenir une messe sans autorisation.

L'exercice d'un culte - musulman ou non musulman - est soumis en Algérie à une double autorisation des autorités: la première concernant le lieu d'exercice et la seconde le prédicateur qui doit être agrée par le ministère des Affaires religieuses. (source : presse et La Croix)

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