Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 28 au 30 mai 2008 (semaine 22)
 

-
2008-05-30 - Inde
LA VIOLENCE ET LA PROTECTION DES GROUPES RELIGIEUX

Les responsables religieux du Tamil Nadu accueillent avec satisfaction l’étendue des pouvoirs conférés à la Commission pour les minorités pour assurer la protection des groupes minoritaires à l'inverse de l'Orissa où les violences se multiplient.

Dans l’Etat du Tamil Nadu, cette Commission pour les minorités religieuses et linguistiques voit ses pouvoirs renforcés pour assurer la protection des groupes minoritaires dans l’Etat. Elle est désormais en mesure de pouvoir convoquer des témoins et des fonctionnaires et elle peut demander à consulter les archives gouvernementales. Elle a également la possibilité de donner des instructions aux fonctionnaires et peut émettre des critiques si ces derniers n’appliquent pas ses recommandations.

En Inde, seuls 15 des 28 Etats ont créé une commission pour les minorités. Celle du Tamil Nadu, remonte à 1990. "Désormais, nous serons plus indépendants et en mesure de résoudre les problèmes plus rapidement ", reconnait le P. Chinnadurai, en précisant qu’auparavant, les recommandations de la Commission pour les minorités n’avaient pas un caractère contraignant et étaient peu suivies d’effet, notamment lorsque des violences avaient été perpétrées contre des minorités.

Dans cet Etat du sud du pays, la religion majoritaire est l’hindouisme, les chrétiens représentant 6,07 % des 62 millions d’habitants, les musulmans 5,56 %, et les bouddhistes, les sikhs et les jaïnistes, moins de 1 % ensemble.

Par contre des nouvelles alarmantes arrivent d’autres régions de l’Inde.

En mars, dans le Maharashtra, capitale Bombay, deux sœurs carmélites qui exercent leur ministère depuis treize ans parmi les tribus hors-castes ont été agressées par des extrémistes hindous. “Ils criaient en les accusant de procéder à des conversions“, ont rapporté des témoins.

Le gouvernement du Madhya Pradesh a dû déployer les forces de l’ordre pour défendre les églises à Pâques. Cette mesure fait suite à plus de cent agressions depuis décembre 2003, date à laquelle le BJP – le parti nationaliste hindou – a pris la tête de ce gouvernement local.

Au même moment, le parlement d’un autre État indien, le Rajasthan, a approuvé une loi anti-conversion qui inflige une peine de cinq ans de prison et une amende de 50 000 roupies (environ 1 250 dollars) à quiconque procède à des conversions “par la force, la coercition ou l’escroquerie“. Avec le Rajasthan, on compte désormais six États en Inde où est en vigueur ce genre de loi, qui vise de fait les missionnaires chrétiens.

Mais le pire se produit en Orissa, cet État indien dont près de la moitié des 36 millions d’habitants est composée de groupes tribaux et de dalits, c’est-à-dire les groupes sociaux les plus désavantagés par le système rigide des castes. En Orissa la cohabitation de la pauvreté, du retard économique et de la modernité forme un mélange explosif.

C’est sur cette toile de fond que la violence antichrétienne se déchaîne. Dans l’indifférence d’un Occident trop occupé par le boom économique de ce géant asiatique.

Par exemple, cette année à Noël, à cause d'une rumeur qui s'est révélée fausse, à Baminigam, église et maisons des chrétiens ont été brûlées. Elle prétendait que les chrétiens avaient agressé
le swami Laxmananda Saraswati, un maître spirituel hindou lié au RSS qui parcourt l’Orissa afin de “ramener à leurs origines“ les membres des groupes tribaux convertis au christianisme.

“Tout a commencé au matin du 24 décembre, quand on nous a retiré le droit de célébrer Noël à l’extérieur. Nos négociateurs sont arrivés, on leur a dit de rentrer chez eux. Le climat était sans doute tendu. Mais soudain, 200 hommes armés de bâtons sont sortis de la forêt et ont commencé à tout détruire et brûler“.

Les violences ont duré quatre jours, favorisées par des retards inexplicables des forces de l’ordre. Les chrétiens étaient contraints de s’enfuir dans la forêt pour survivre, alors que leurs maisons continuaient de brûler. Ils y sont restés pendant des jours et des nuits, au froid, en se nourrissant de ce qu’ils pouvaient trouver. Jusqu’au moment où, enfin, les autorités locales ont aménagé des campements.

Dans la nuit de Noël, également des engins explosifs ont été jetés sur l’archevêché de Bhubaneswar – sans faire de dégâts. Selon les informations disponibles sur les sites Internet, les attaques ont continué selon un plan qui ne peut qu’avoir été méthodiquement établi. Une délégation dirigée par le secrétaire de la conférence des évêques catholiques d’inde a été reçue par la présidente de l’Inde, Shrimati Pratibha Devisingh Patil, le 11 janvier 2008.

La Conférence épiscopale avait établi la liste des destructions connues à cette date : huit églises détruites ainsi que 50 chapelles de villages, cinq couvents, cinq presbytères, quatre foyers d’étudiants, deux centres de formation, une léproserie, plus des véhicules et matériels divers, de l’argent volé et 600 maisons de chrétiens incendiées. Un peu partout les maisons et les biens des chrétiens ont été sélectionnés parmi les autres pour être détruits. Dans la seule paroisse de Barakhama, 400 maisons de chrétiens ont brûlé et cinq chrétiens ont été tués. La maison de formation des capucins a été totalement détruite. (source : EDA)

Retour aux dépèches