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FlashPress - Infocatho
du 18 au 20 juin 2008 (semaine 25)
 

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2008-06-20 - Terre Sainte
AIMER PLUS, PRIER PLUS, PARLER MOINS

Mgr Fouad Twal, le nouveau patriarche latin de Jérusalem, qui va être intronisé ce dimanche 22 juin a présenté, dans un entretien franc et tout ecclésial comment il entend vivre ses nouvelles fonctions et son ministère pastoral.

Formé à Rome dans la diplomatie vaticane, puis appelé à revenir à la vie pastorale comme archevêque de Tunis, le nouveau Patriarche de Jérusalem veut mettre l’accent sur les fondements spirituels de la vie chrétienne, et spécialement la joie, celle de vivre dans le Christ. Pour Mgr Twal en effet, c’est avant tout la qualité de la vie évangélique qui donnera à l’Eglise de Terre Sainte de ne pas être écrasée par la croix qu’elle porte, et d’aller de l’avant.

Il n’est pas silencieux, mais il pèse ses mots. Il ne descend pas pour rien d’une tribu de nomades jordaniens. Sans compter qu’il a été formé par la diplomatie du Saint-Siège. Chargé d’Affaires en Amérique centrale, au Honduras,
il rendait service dans la paroisse la plus pauvre du pays,
accompagnant également la communauté arabe d’origine palestinienne, célébrant pour eux baptêmes, mariages et funérailles. "Malgré la charge diplomatique, je n’ai jamais coupé avec la vie pastorale. J’aime le contact avec les gens", dit-il.

S’il ne cache pas qu’il entend améliorer les relations avec Israël, Mgr Twal marque sa différence : "Dans l’Église, il n’y a pas de clonage. La diversité est une richesse." Le nouveau patriarche n’arrive donc pas à ce poste en homme politique, mais en homme d’Église : "J’aime souligner l’aspect pastoral et spirituel de notre Patriarcat , confie-t-il. (…) La politique me concerne dans la mesure où elle affecte la vie des hommes, leur dignité et leur sécurité. Mais je veux faire bien attention."

" Nous avons trois ou quatre groupes de croyants devant nous. Des chrétiens et des non-chrétiens, juifs et musulmans. Parmi les chrétiens, il y a des chrétiens jordaniens, des chrétiens palestiniens (ce sont ceux qui souffrent le plus), des chrétiens européens (…) , et il y a aussi des chrétiens israéliens arabes ou d’origine juive. Tous ces groupes ne partagent pas la même sensibilité, y compris dans leur vision du conflit."

..." De là la difficulté à parler. Car l’évêque est l’évêque de tous, absolument tous. Ou nous voulons que le discours touche tout le monde, ou nous privilégions un groupe – ce qui est le plus facile –, ou nous faisons autant de discours que de groupes, ce qui n’est pas possible. Mais si vous voulez toucher ensemble juifs, musulmans, chrétiens, jordaniens, palestiniens, chypriotes, européens… alors il faut penser chaque virgule."

Et d'ajouter alors : "Dans la situation actuelle qui est si compliquée, il vaut peut­être mieux aimer plus, prier plus et parler moins, même si cela ne fait pas la joie de nos amis journalistes."

Sur le plan pastoral, son grand souci est de se concentrer sur l’ensemble des territoires dont il a la charge et « consacrer du temps aussi bien à la Jordanie qu’à la Palestine et à Israël». La Jordanie, son pays d’origine, donne 80 % des séminaristes du Patriarcat. "D’un autre côté , ajoute-t-il, il est bien normal de donner une attention particulière au membre le plus blessé du diocèse : la Palestine. Mais le diocèse patriarcal de Jérusalem, c’est la Palestine, Israël, Chypre et la Jordanie. Il y a des besoins partout."

Dans la double réalité de Jérusalem, il voit une richesse : "Je pense que c’est la même réalité. L’Eglise locale n’est pas étrangère à l’Eglise universelle, et vice versa. L’Eglise universelle se trouve très bien dans l’Eglise locale, avec les membres qui la constituent, avec les membres étrangers du clergé, au sein de la Custodie et dans les autres communautés religieuses, qui sont partie intégrante de l’Eglise locale et de l’Eglise universelle. Je ne vois pas d’antagonisme ; au contraire, il y a une complémentarité. C’est une richesse." (texte de cet entretien : Custodie)

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