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du 25 au 27 juin 2008 (semaine 26)
 

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2008-06-27 -
L'INTERPRÉTATION CANONIQUE DE LA DIASPORA ORTHODOXE


Le concile épiscopal de l'Église orthodoxe russe a abordé
le travail pastoral et missionnaire dans la diaspora, et l'élargissement de l'activité ecclésiale qui en découle. Ce qui n'est pas sans poser des problèmes canoniques avec Constantinople.

En effet le métropolite Kirill, président du département des relations extérieures de l’Eglise (DREE) du Patriarcat de Moscou, critique l’interprétation canonique de la question de la diaspora par Constantinople et relève des problèmes spécifiques. "Certains d'entre eux sont liés à la sphère des relations interorthodoxes, qui, comme le patriarche Alexis a remarqué dans son exposé, laissent à désirer."

" Depuis les années 20 du siècle passé on rencontre constamment le problème lié à l'interprétation particulière du 28ème canon du IVe concile œcuménique, où est mentionné le sacre des évêques «chez les barbares» de la région du Pont, de l’Asie et de la Thrace. Le Patriarcat de Constantinople en a conclu que seule l'Église de Constantinople a la juridiction ecclésiastique en dehors de ses limites territoriales, à savoir dans le monde entier, donc largement au-delà des régions mentionnées dans le 28ème canon.

... " Aujourd’hui, on essaie de présenter cette interprétation comme opinion générale et comme consensus de tous les orthodoxes, bien que toutes les Églises ne soient pas d'accord avec une telle interprétation du canon 28", a déclaré le président du DREE.

Plusieurs nouveaux éléments se manifestent ces derniers temps dans ces interprétations. Ils donnent l'impression d’un développement progressif d’une nouvelle ecclésiologie, auparavant inconnue de la conscience orthodoxe, qui n'est pas sans créer des problèmes entre les deux patriarcats de Moscou et de Constantinople. Cette ecclésiologie peut être brièvement résumée par les thèses suivantes :

1. Une Église locale est et a toujours été considérée comme orthodoxe seulement si elle est en communion avec le Patriarcat de Constantinople.

2. Tout évêque ou clerc se trouvant en dehors des frontières géographiques de son Eglise locale, appartient à la juridiction du Patriarcat de Constantinople, même si lui-même n’a pas conscience de cela.

3. Le Patriarcat de Constantinople établit les frontières des Églises, et même si son opinion sur cette question ne coïncide pas avec l'opinion d’une autre Église, il peut néanmoins instaurer sur le territoire de cette Eglise sa propre juridiction (comme cela s’est fait en Estonie).

4. Le Patriarcat de Constantinople décide de son propre chef, qui peut et qui ne peut pas participer aux événements interorthodoxes. C'est pourquoi, par exemple, la juridiction de Constantinople en Estonie peut être invitée à de tels événements, mais l'Eglise orthodoxe estonienne du Patriarcat de Moscou ou l'Eglise orthodoxe d'Ukraine est absente, de même que l’Eglise orthodoxe autonome japonaise ou l'Eglise orthodoxe autocéphale en Amérique.

« Pour les représentants du trône patriarcal de Constantinople le fait que cette conception ne se réalise pas complètement et pas partout et que dans les pays de la diaspora existent d’autres juridictions ecclésiastiques, le hiérarque de l'Église de Constantinople, ayant la primauté hiérarchique, doit représenter les intérêts de tous les orthodoxes dans les relations avec le gouvernement, les autres confessions, les organisations gouvernementales et interconfessionnelles» a observé le métropolite Kirill, qui voit là une orientation qui cause des difficultés canoniques.

«Quelle doit être la réaction de l'Eglise orthodoxe russe devant les innovations de l'Église de Constantinople, est une question sérieuse portée à la réflexion conciliaire. » Cette situation est liée à la question du dialogue de l’Eglise orthodoxe russe avec les autres confessions et à celle de sa participation aux organisations internationales. « Il ne s’agit pas d’une ambition quelconque de l’Eglise orthodoxe russe, mais de notre désir que notre compréhension de la tradition orthodoxe, d’après laquelle nous agissons, soit présentée de manière juste devant tout le monde. Aspirer à cela est notre devoir », fait a remarquer le métropolite Kirill. (source : Orthodoxie)

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