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du 5 au 8 juillet 2008 (semaine 28)
 

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2008-07-08 -
L'EUROPE CHRÉTIENNE ET L'ISLAM


Crainte d’une "Islamisation de l’Europe" ou chances d’une "européanisation" de l’Islam sont les questions qui ont été abordées à l’occasion de la troisième rencontre d'un récent dialogue consacrée à l’Islam, le Christianisme et l’Europe.

Cette rencontre s'est tenue dans le cadre des séminaires de Dialogue organisés par la CEC, la COMECE et la Fondation Konrad-Adenauer.

Selon Sara Silvestri, professeur à l’Université de Cambridge et à la City University de Londres, l’Islam a clairement contribué à la culture et à la science en Europe, mais y a eu une influence mineure sur l’organisation politique et juridique de la société, contrairement au christianisme.

Les Musulmans y sont à présent des citoyens à part entière. Elle estime que nous devons abandonner l’idée que les identités sont fixées une fois pour toutes et que les Musulmans constituent une catégorie monolithique. Elle note d’ailleurs certains concepts communs à l’Islam et au christianisme: le souci du bien-être de chaque être humain, le caractère sacré de la vie et l’engagement des croyants dans la sphère publique, rappelant que les Européens, qu’ils soient religieux ou non, ont des valeurs et préoccupations communes telles que la justice sociale.

C’est plutôt la perte des valeurs et de la spiritualité qui préoccupe les Musulmans dans nos sociétés sécularisées. Elle conclut que le dialogue interculturel promu par l’UE ne prendra pleinement sens que s’il est mis en pratique pour le bien commun d’une communauté de citoyens.

Représentant de la communauté musulmane de Serbie, le Cheikh Abdullah Nu’man a mis en garde contre les mauvaises interprétations de l’Islam, qui s’éloignent du Coran, par superposition de différentes traditions culturelles génératrices d’erreurs. D’un point de vue théologique comme démographique, la crainte d’une invasion musulmane et de l’imposition de la charia est infondée.

Il dénonce par ailleurs l’islamophobie comme étant une excuse raciste qui permet à certains de haïr les Musulmans ou de les discriminer. Il s’agit de « se parler et de s’aimer » et il rappelle que les Musulmans « aiment l’humanité car elle émane de Dieu et aiment Dieu car il nous a crées ».

Le Métropolite Emmanuel de France, représentant du Patriarcat Œcuménique près l’UE, a estimé que les défis interreligieux sont inhérents à une société multiculturelle et se manifestent dans toutes les sphères de la société (travail, école).

En Europe, du fait de l’histoire, nombreux sont ceux qui ont une peur irréfléchie de l’Islam. Celle-ci continue à être véhiculée par la représentation stéréotypée et partiale de l’Islam dans les médias et par un manque de connaissance général de l’Islam. Rappelant que l’Islam a été et reste européen dans ses racines, le Métropolite Emmanuel estime que « nous n’avons pas besoin d’européaniser l’Islam » mais plutôt d’une perception révisée des valeurs et traditions existantes dans leur diversité.

La crainte de l’Islam est un défi que les institutions européennes, les Eglises et les média doivent relever. Un nouveau point de départ pourrait selon lui être trouvé dans un traitement médiatique plus juste et l’enseignement de toutes les religions à l’école. En identifiant les points communs entre les religions plutôt que les divergences, il estime que l’on pourra identifier des priorités communes et proposer une vision à l’Europe.

Dans la conclusion du débat, la députée européenne Margrete Auken (Verts-Danemark) a souligné la nécessité d’écouter, d’apprendre et de transmettre afin de surmonter les incompréhensions. Dans ce contexte, le dialogue avec les religions intégré dans le Traité de Lisbonne est selon elle « une obligation en même temps qu’un privilège ».

Le dernier séminaire aura lieu le 11 septembre 2008 sur le thème des relations extérieures de l’UE avec les pays musulmans et notamment de la Réciprocité en matière de liberté religieuse pour les Musulmans en Europe et pour les Chrétiens dans les pays musulmans. (source : COMECE)

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