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du 3 au 10 août 2008 (semaine 32)
 

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2008-08-10 - Ukraine
IL S'ARROGE LE RÔLE DE "PAPE DE L'ORIENT"


La tension entre Moscou et Constantinople
est en cours d'apaisement alors que, depuis plusieurs mois, elle caractérisait les relations entre les deux Patriarcats. Mais les raisons profondes n'en ont pas disparu pour autant.

Dans deux entretiens accordés récemment à des médias russes, l'archevêque Marc (Arndt), qui dirige le diocèse de l'Église russe hors-frontières (patriarcat de Moscou) en Allemagne, Autriche et Grande-Bretagne, et dont le siège est à Munich, les exprimait dans des termes qu'il maintient lorsqu'il aborde ses préoccupations au sujet de l'attitude du patriarcat œcumenique vis-a-vis de l'Orthodoxie dans son ensemble et du patriarcat de Moscou en particulier.

Avec son habituelle franchise, il avait contesté les interventions du patriarcat œcuménique au sein de la diaspora orthodoxe, notamment d'origine ou de tradition russe, attaquant plus particulièrement l'archevêché des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale, qui se trouve dans la juridiction du patriarcat œcuménique.

Par exemple, en juin dernier il déclarait : " J'ai le sentiment que, dans ses relations avec le patriarcat de Moscou, [celui de] Constantinople mène une lutte que je considère malsaine et qui est en contradiction avec l'esprit même de l'orthodoxie... Constantinople poursuit ses propres intérêts. Cette attitude se fait au détriment de tous. C'est une honte pour l'orthodoxie aux yeux des autres confessions chrétiennes."

Allant jusqu'à contester le bien-fondé de l'exercice d'une quelconque primauté par le patriarcat œcuménique au sein de l'orthodoxie et de l'extension de sa juridiction sur les orthodoxes de la « diaspora », l'archevêque Marc juge qu'il serait opportun de débattre des « revendications juridictionnelles de Constantinople » dans le cadre d'un concile panorthodoxe. « Il est indispensable de clarifier si Constantinople dispose de droits particuliers au sein de lÉglise, de savoir sur quoi se fonde la volonté de ce patriarcat de diriger l'ensemble de la diaspora orthodoxe, de s'arroger le rôle de "pape de l'Orient" .

Interrogé sur le soutien qu'apporteraient certains représentants du patriarcat œcuménique aux courants favorables à une rupture des liens entre l'Église orthodoxe d'Ukraine et l'Église orthodoxe russe, l'archevêque Marc affirme : « Nul besoin de bien connaître la politique ecclésiastique pour comprendre qu'il ne s'agit là que d'une simple lutte pour le pouvoir."

Mais celui qui fut l'artisan du retour de l'Église-hors-frontière, cherche à modérer ses propos quant la manière d'agir à suivre pour la réintégration dans le giron du Patriarcat de Moscou, des communautés orthodoxes russes qui ont rejoint Constantinople pour ne pas être rattachées à un Patriarcat qu'elles jugeaient inféodé au pouvoir soviétique.

Faisant allusion aux courants internes de la diaspora russe en Europe, il signale les difficultés inhérentes à l'évolution des russes qui se sont assimilés à une orthodoxie moins "nationale". "Nombre d'entre eux sont dans le désarroi car il existe des milieux très influents prêts à tout pour démanteler l'héritage russe. Les gens, surtout ceux qui appartiennent aux générations les plus âgées, qui ressentent encore un attachement à la tradition russe, se sentent abandonnés."

" Nous ne devons pas accepter qu'il se produise un schisme. Il s'agit d'un problème qui doit être débattu au sein de l'Église russe. J'espère que si nous nous mettons ensemble autour d'une table pour discuter de cette question nous parviendrons à aller de l'avant dans la direction souhaitée."

Âgé de 67 ans, l'archevêque Marc est allemand de souche. Ordonné prêtre en 1975 dans le diocèse d'Allemagne de l'Église russe hors-frontières, il est devenu en 1980 évêque auxiliaire et, deux ans plus tard, évêque diocésain. Il est considéré comme l'un des principaux artisans du retour de l'Église russe hors frontières dans la juridiction du patriarcat de Moscou, dont elle s'était séparée au milieu des années 1920, parce qu'elle aussi lui reprochait alors d'être inféodé au régime soviétique.

L'acte de « rétablissement de la communion canonique » entre les deux Églises a été signé le 17 mai 2007, en présence du président Vladimir Poutine. (information : SOP et Orthodoxie)

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