Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 11 au 17 août 2008 (semaine 33)
 

-
2008-08-17 -
L'ART, LA BEAUTÉ, LA VÉRITÉ ET DIEU

La beauté de l'art et de la musique, la splendeur de la création, l'inlassable recherche de la vérité, le souci de partager la compréhension de Dieu vis-à-vis des hommes étaient au coeur des réponses que le Pape apportait aux prêtres de Bressanone.

Ils ont abordé avec lui, à visage ouvert comme aime à le souligner Sandro Magister, les thèmes les plus brûlants et n'ont pas hésité à mettre le doigt sur les plaies d'une pastorale qui doit tenir compte de la difficulté que les jeunes ont à vivre dans un climat éloigné de Dieu, soutenu par un clergé plutôt âgé (l'âge moyen est de 66 ans) et avec la crise vocationnelle (il y a en ce moment seulement cinq séminaristes dans ce diocèse du Haut-Adige).

Benoît XVI se retrouvait avec plus de trois cents prêtres diocésains et deux cents religieux étaient présents. L'évêque Mgr Egger a introduit la réunion comme étant une catéchèse exceptionnelle du mercredi, une audience caractérisée par des questions qui, a-t-il expliqué, "viennent directement de prêtres choisis pour représenter au mieux les sentiments de tous et également notre réalité diocésaine.

Le Pape a répondu à six questions, s’exprimant tantôt en allemand tantôt en italien, les deux langues officielles de la région. La rencontre avait lieu à huis clos, hors de la présence des journalistes. La transcription intégrale du dialogue a été diffusée deux jours plus tard par la salle de presse du Vatican.

Les sujets, très variés, étaient parfois brûlants. Un prêtre a demandé s’il fallait continuer à administrer les sacrements à ceux qui se montrent éloignés de la foi. Le pape lui a répondu en avouant qu’il était “plutôt sévère“ dans sa jeunesse, mais qu’il avait compris par la suite que " nous devons plutôt suivre l’exemple du Seigneur, qui était un Seigneur de la miséricorde, très ouvert aux pécheurs".

Un autre prêtre a demandé si le petit nombre de prêtres n’imposait pas d’aborder les questions du célibat, de l’ordination de “viri probati“ et de l’admission de femmes aux ministères. Le Pape a défendu avec force le célibat comme signe que "l’on met tout son être à la disposition du Seigneur et donc à celle des hommes".

Dans votre discours de Ratisbonne, lui dit un religieux franciscain, vous avez souligné le lien substantiel entre l’Esprit divin et la raison humaine. D’autre part, vous avez aussi toujours souligné l’importance de l’art et de la beauté. Alors, à côté du dialogue conceptuel sur Dieu, en théologie, l’expérience esthétique de la foi dans l’Eglise ne devrait-elle pas être sans cesse soulignée par l’annonce et la liturgie ?"

" Oui, lui répond le Pape. Je pense que les deux choses vont ensemble: la raison, la précision, l’honnêteté de la réflexion sur la vérité d’une part, la beauté de l’autre. Une raison qui voudrait en quelque sorte se dépouiller de la beauté serait diminuée de moitié, elle serait une raison aveuglée. Seules les deux choses unies forment l’ensemble et cette union est importante précisément pour la foi."

" La foi doit constamment affronter les défis de la pensée de notre époque, pour ne pas ressembler à une sorte de légende irrationnelle que nous maintenons en vie, mais être soit vraiment une réponse aux grandes questions; pour ne pas être une habitude mais une vérité, comme Tertullien l’avait dit autrefois."

" Dans sa première lettre, saint Pierre a écrit cette phrase que les théologiens du Moyen âge ont considérée comme une légitimation, presque comme un ordre pour leur travail théologique: “Soyez toujours prêts à rendre compte du sens de l’espérance qui est en vous” – apologie du “logos” de l’espérance, c’est-à-dire une transformation du “logos” – la raison de l’espérance – en apologie, en réponse aux hommes. Il est clair que saint Pierre était convaincu que la foi était “logos”, qu’elle était une raison, une lumière qui provient de la Raison créatrice, et non un joli mélange, fruit de notre pensée. Voilà pourquoi la foi est universelle et peut être communiquée à tous".

" Mais ce “Logos” créateur n’est justement pas qu’un “logos” technique. Il est plus large, c’est un “logos” qui est amour et par-là même il est fait pour s’exprimer dans la beauté et dans le bien. Et, en réalité, l’art et les saints sont pour moi la plus grande apologie de notre foi."

" Nous luttons pour l’élargissement de la raison et donc pour une raison qui soit justement aussi ouverte à la beauté, qui ne la laisse pas de côté comme si c’était quelque chose de totalement différent et déraisonnable. L’art chrétien est un art rationnel – pensons à l’art gothique ou à la grande musique, ou encore, justement, à notre art baroque – mais il est l’expression artistique d’une raison beaucoup plus large, où cœur et raison se rencontrent. Voilà la clé. Voilà, je pense, d’une certaine manière, la preuve de la vérité du christianisme: cœur et raison se rencontrent, beauté et vérité se touchent. Et plus nous réussissons nous-mêmes à vivre dans la beauté et dans la vérité, plus la foi pourra redevenir créatrice, y compris à notre époque, et s’exprimer sous une forme artistique convaincante."


La dernière question, de caractère pastoral, a été posée au Pape en italien. Don Paulo Rizzi, curé et théologien a soulevé le problème de l'implication particulière des enfants et des jeunes qui se préparent à la première communion et à la confirmation et qu'on pardonne facilement une fois terminé le cours de catéchisme de ne même plus fréquenter la messe dominicale.

" Quand j'étais jeune, j'étais plus sévère, lui répondit le Pape, mais avec le temps j'ai appris à être plus ouvert sur la voie de la miséricorde". C'est ainsi que le Pape a répondu à la question concernant l'administration des sacrements de la communion et de la confirmation à des enfants dont on pouvait douter de la pratique religieuse. Une souplesse dans l'administration des sacrements qu'il souhaite baser sur l'expérience humaine et spirituelle des prêtres. (texte et commentaire dans Chiesa et l'Osservatore romano)

Retour aux dépèches