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FlashPress - Infocatho
du 31 août au 3 septembre 2008 (semaine 36)
 

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2008-09-03 - USA
QUAND LE POLITIQUE
CROISE LE RELIGIEUX

Les candidats des conventions démocrate et républicaine ne peuvent échaper aux courants d'opinion religieuse que ce soit Barack Obama dont le colistier s'affiche catholique, ou John McCain dont la co-listière s'identifie avec "Church on the Rock".

Les élections américaines sont évidement regardées avec beaucoup d’attention à Rome, tout autant qu'auprès des instances ecclésiales aux USA, notamment à cause de l’importance donnée à la variable religieuse. Mais aussi avec une certaine circonspection, tant ce phénomène religieux est complexe à déchiffrer pour des yeux européens.

Sarah Palin est chrétienne, certes, mais le quotidien du Vatican se garde bien d’en dire plus, alors que Sarah se présente dans le sillage des conservateurs. Pour la bonne raison, comme le note le vaticaniste américain John Allen qu’elle est totalement inclassable ! Elle a été éduquée dans les "Assemblées de Dieu," donc plutôt pentecôtiste, mais elle a déclaré qu’elle ne se considérait pas elle-même pentecôtiste. Elle fréquente parfois une Eglise présente dans son Etat, l’Alaska, la « Church on the Rock », une congrégation indépendante fondée en 2000, mais aussi d’autres lieux de culte.

Pour une institution aussi cohérente et hiérarchisée que l’Eglise catholique, le phénomène n’est pas aisé à saisir. Car la non appartenance de ces chrétiens ne les empêche pas d’affirmer des convictions religieuses et éthiques extrêmement fortes, brouillant totalement les cartes de l’identité politique et religieuse.

Ainsi Joe Biden, le colistier du candidat démocrate Barack Obama, catholique convaincu, est critiqué par certains évêques américains pour ses prises de position en faveur de la légalisation de l’avortement, alors que les choix pro-life de Sarah Palin rencontrent un écho favorable chez l’aile la plus conservatrice des catholiques américains, qui se sentent tout de même gênés de ce que la fille de Sarah Palin soit maman, sans avoir "régularisée" religieusement cette union. "Difficile, donc, pour chacun, de reconnaître ses brebis" commente Isabelle de Gaulmyn, la correspondante du quotidien "La Croix" à Rome.

La désignation du très catholique Joe Biden a ravivé la polémique sur la distribution de la communion eucharistique aux hommes politiques catholiques pro-avortement. Fils d’ouvriers irlandais, tenté par le séminaire dans sa jeunesse, le chapelet toujours dans la poche, il va à la messe tous les dimanches et reçoit la communion dans sa paroisse de Saint-Joseph à Greenville, dans le Delaware.

En tant qu’homme politique, cependant, il a toujours soutenu avec force l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême, qui a ouvert la voie à l’avortement légal aux Etats-Unis. Il dit accepter la doctrine de l’Eglise catholique selon laquelle la vie débute dès la conception, comme il a voté pour une loi qui interdit l’avortement dans les dernières semaines de grossesse, mais il considère que l’arrêt Roe v. Wade est juste dans une société qui a différents points de vue sur l’avortement.

Dans une interview au "Christian Science Monitor", Biden a déclaré qu’il considérait ses positions "tout à fait cohérentes avec la doctrine sociale catholique".

Ce n’est pas l’avis de Mgr Charles J. Chaput, archevêque de Denver, pour qui le soutien de Biden au "prétendu droit" à l’avortement est une faute publique grave. "Je pense donc que, pour être cohérent, il devrait s’abstenir de communier“. A Rome, un autre archevêque américain, Mgr Raymond L. Burke, s’est exprimé sur cette même question en des termes semblables: lui aussi refuse le droit de communier aux hommes politiques catholiques pro-avortement.

En juin 2004, le cardinal Joseph Ratzinger avait transmis depuis Rome une note destinée à la conférence des évêques des Etats-Unis contenant les "principes généraux" sur la question. Tout en donnant raison sur le principe aux évêques intransigeants comme Burke et Chaput, il avait accepté le point de vue de deux cardinaux respectés de l’aile conservatrice, Mgr Francis E. George, de Chicago, actuellement président de la Conférence des évêques des USA, et le théologien jésuite le cardinal Avery Dulles, qui étaient réticents à "faire de l’eucharistie un champ de bataille politique".

Finalement, lors de la précédente élection présidentielle, la conférence des évêques avait décidé d’"appliquer" au cas par cas les principes en recommandant "à chaque évêque d’exprimer des jugements pastoraux prudents dans les circonstances qui lui sont propres". Le cardinal Ratzinger avait alors accepté cette solution, qu’il considérait "en harmonie" avec les principes généraux exprimés dans sa note.
(source : chiesa et CNS)

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