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du 31 août au 3 septembre 2008 (semaine 36)
 

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2008-09-03 - Papouasie
LE CLERGÉ SOUTIENT LA POPULATION INDIGÈNE

De nombreux prêtres soutiennent l'action contestatrice des aborigènes qui refusent dans la vaste île de la Papouasie, l’extension des plantations de palmiers à huile contre Djakarta, car les profits iront aux investisseurs, et non aux agriculteurs.

En Indonésie, qui dispute à la Malaisie le rang de premier producteur mondial d’huile de palme, les plantations de palmiers à huile ont pris une importance considérable, gagnant régulièrement des terres sur les forêts primaires du pays. En Papouasie occidentale, le processus est encadré par les autorités, qui délivrent les concessions aux planteurs, mais, estiment certains Papous, ce procédé ne garantit par la préservation des intérêts des populations autochtones.

Si l’Eglise catholique locale ne prend pas officiellement position sur le sujet, des prêtres apportent leur soutien aux aborigènes.

A l’extrémité sud-est de la Papouasie occidentale, les autorités du district de Merauke ont alloué des droits de plantation à 29 sociétés de palmiers à huile sur 1,3 million d’hectares, répartis dans 20 sous-districts. A charge pour ces sociétés de respecter un cahier des charges précis, prévoyant notamment, avant toute opération de défrichage, des études d’impact sur les plans physique, écologique, socio-économique, culturel et sanitaire.

A ce jour, seuls trois des 29 investisseurs retenus ont satisfait à ces obligations et obtenu du gouverneur de la province l’autorisation de planter ; les surfaces concernées couvrent 39.000 hectares dans trois sous-districts.


En juillet dernier, 230 représentants de la tribu des Yeinan, un des peuples autochtones de la région, se sont réunis pour discuter de la transformation d’une partie de leurs terres communautaires en plantations pour palmiers à huile. Ils ont décidé de
signer une lettre signifiant leur opposition à ces plantations.

Pour Theresia Mejei, membre de la tribu des Yeinan, les autorités ont eu tort de ne pas débattre de ces affaires avec les populations locales avant d’allouer des droits à planter. Là où les plantations se font, les tribus perdent des lieux sacrés et toute une partie de ce qui fait leur culture disparaît à jamais.

L'irrigation des plantations exige tant d’eau que les rivières et les marais alentours vont s’assécher. Les Yeinan devront aller chasser sur le territoire de la Papouasie-Nouvelle Guinée voisine, ce qui ne manquera pas de soulever des problèmes politiques.


Dans cette région où les chrétiens sont nombreux – le village d’Erambu est majoritairement peuplé de catholiques et deux villages voisins sont protestants –, l’évêque du diocèse de Merauke n’a pas officiellement pris position sur ces questions. Mais tout en précisant qu’il s’exprime à titre personnel, le Père Johanes Kandam, vicaire général, explique qu’il ne croit pas que les plantations contribuent au développement de la région et de sa population. A Boven Digul, les palmeraies "ne génèrent des profits que pour les investisseurs et pas pour les propriétaires de la terre".

Selon le P. Felix Amias, curé à Bupul, un village catholique du sous-district de Sota, les Yeinan ont raison de s’opposer aux projets de plantations. " Ils ont été trop bons par le passé lorsqu’ils ont accepté qu’une partie de leurs terres soient transférées au gouvernement et à son programme de transmigration. S’ils donnent les terres qui leur restent, ils n’auront plus rien". De plus, souligne le prêtre, rien ne garantit que les palmeraies emploieront des aborigènes. (source : Eglises d'Asie-EDA)

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