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du 12 au 14 septembre 2008 (semaine 37)
 

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2008-09-14 - Inde
LE RÉCIT DES ATROCITÉS COMMISES EN ORISSA

A mesure que la violence semble s’estomper en Orissa, où des extrémistes hindous ont mené une véritable chasse aux chrétiens, les récits des atrocités commises contre des catholiques, des protestants ainsi que des hindous se font jour.

Selon un rapport diffusé le 9 septembre par Mgr Raphael Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneshwar, le bilan, provisoire, de ces journées fait état de 27 morts, tous chrétiens à l’exception d’une ou deux victimes, de religion hindoue, et de très nombreux blessés, dont des prêtres, des pasteurs et des religieuses.

Parmi les catholiques tombés entre les mains des hindouistes figure Rajesh Digal. Depuis le lieu où il se terre dans le district de Kandhamal, le district où les violences ont été les plus sévères, son beau-frère, Kamal Digal, catholique lui aussi, a confié le récit de sa mort à l’agence Ucanews.

Arrivés dans le village de Paburia, un groupe d’hindouistes les ont stoppés, leur demandant de s’identifier. Du sac de Rajesh, un homme a tiré une bible. Immédiatement, les coups ont commencé à pleuvoir sur Rajesh. Pendant que certains continuaient à battre le catholique tombé au sol, d’autres ont creusé un trou dans un champ voisin. Alors qu’ils le traînaient vers le trou, Rajesh a demandé à ses agresseurs s’ils comptaient l’enterrer vivant. Ils ont répondu : « Appelle ton Jésus. Il viendra te sauver. » Puis ils l’ont ligoté, jeté au fond du trou et enfoui sous la terre.

Après avoir enterré vivant le catholique, les hindouistes s’en sont pris à son ami Tunguru. Celui-ci assurait qu’il était hindou. Les assaillants lui ont reproché d’être ami avec un chrétien. Ils l’ont aspergé d’essence, avant d’y mettre le feu. Tunguru a eu la vie sauve grâce à des villageois qui ont étouffé les flammes.

Parmi les six prêtres attaqués et aujourd’hui hospitalisés que recense le rapport de Mgr Cheenath figure le P. Bernard Digal (aucun lien de parenté avec Rajesh et Kamal Digal). Trésorier de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneshwar, il était en visite dans une paroisse rurale le 23 août au soir, lorsqu’un coup de fil l’a informé du meurtre du religieux hindou. « Je ne pouvais le croire », raconte-t-il depuis son lit d’hôpital, à Bombay, où il est soigné de ses multiples blessures. Le lendemain matin, des hindouistes criaient des slogans hostiles aux chrétiens, appelant à tuer les missionnaires. Durant toute la journée, lui, son chauffeur et le curé de la paroisse sont restés à l’abri dans le presbytère, avant de fuir dans la forêt à la faveur de la nuit.

Revenus au village chercher des vivres, le P. Bernard Digal et son chauffeur n’ont pu que constater que des maisons de chrétiens étaient en flammes, que les habitants n’osaient pas les héberger par crainte de représailles. Le 24 au soir, le jour déclinant, les deux hommes ont décidé de passer la nuit dans les ruines de l’église du village, incendiée peu avant, pensant que les hindouistes ne viendraient pas les chercher là.

Son chauffeur a réussi à semer ses poursuivants mais le P. Digal a été rattrapé. « Ils criaient qu’ils allaient me tuer. J’ai imploré pour ma vie, mais ils n’entendaient pas. Les coups pleuvaient. Ils m’ont dévêtu et pris mon téléphone portable. J’ai pu leur échapper, mais ils m’ont rattrapé. Les coups ont redoublé. Le sang coulait de ma tête et j’ai perdu conscience. Ils ont sans doute pensé que j’étais mort car ils sont partis. » Revenu à un état de semi-conscience, le prêtre a cru entendre des loups et il s’est dit à lui-même qu’il n’aurait même pas la chance d’avoir des funérailles dignes. « J’ai prié le Seigneur. »
 
Plus tard, deux villageois sont venus auprès de lui. Son corps était engourdi par la fraîcheur de la nuit. « Ils m’ont mis sur une porte en guise de brancard, m’ont donné un peu d’eau, puis ils sont partis. » C’est son chauffeur qui l’a retrouvé un peu plus tard et a appelé la police, laquelle a fait transporter le prêtre dans un dispensaire, d’où il a été transféré vers un hôpital du district. « Il n’y a pas une parcelle de mon corps qui n’ait été battue »,témoigne-t-il. (source : EDA)

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